Chapitre 9

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Étais-ce le début d'un pardon ?

Flashback, 8 mai 2013, jour de la mort de Romane

-          Allez saute ! Fais pas la ringarde ! , murmurais-je en tendant la main à Romane

Elle était perchée en haut du balcon de leur maison, me regardant de manière incertaine tout en affolant légèrement. Mais je savais que malgré la façon qu'elle était accouardi, elle avait une envie curieuse de sortir explorer le monde pour la première fois. Elle avait envie de voir autre chose que les murs prisonniers de sa maison et son amitié avec moi lui avaient permis de faire le premier pas.

-          Célia, j'ai vraiment peur ... Si Nolan me surprend, il va m'interdire de sortir pendant une semaine entière, murmura-t-elle peu rassuré

Je lui souris d'en bas, comprenant très bien qu'avec son frère ce n'étais pas facile d'échapper à la sentence finale !

-          Oh belle raiponce, jetez-moi vos cheveux que je vienne vous sortir de ce donjon ensorcelé dans lequel vous enferme votre frère, dis-je alors en feignant une voix morne

Elle lâcha un petit rire et sortis alors son petit pied par la barrière du balcon qui nous séparait. Bon, il était un peu élevé, mais pas assez pour qu'elle ne soit estropié.

-          Célia, je vais sauter, dit-elle la voix légèrement tremblotante

-          Oui, ça fait une heure que tu répètes ca et tu changes d'avis. Ça me rappelle mon premier petit ami lorsqu'il a hésité pendant des jours pour me demander à sortir. Pour toi, je pense qu'il faudra plus que des jours, j'opterai pour des semaines, dis-je alors

J'essayais de la mettre à l'aise, puisque c'était sa première escapade, la première fois qu'elle allait à l'encontre de son frère ... À cause de moi.

-          Je ... je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi tu l'appel petit ami alors que votre relation n'a duré qu'une seule journée puisque tu l'as ensuite trompé avec Louis, soupira la blonde

-          Oui j'avoue que ça m'a pris une heure pour découvrir à quel point il était ennuyeux, répliquais-je

-          Oui, mais tu as pensé à ses sentiments ? Tu brises beaucoup trop de cœurs Cécilia et en tant qu'amie je dois ...

-          Blablabla, mesdames des messieurs, c'était le discours de Romane la ringarde, veuillez applaudir, dis-je en l'interrompant

Elle me regarda incrédule, toujours un pied sorti tandis que l'autre étais resté de l'autre côté, comme pour lui dire qu'elle avait encore une chance de revenir en arrière. Et tout d'un coup, elle éclata d'un petit rire si innocent que je ris à mon tour.

-          Tu n'es vraiment pas possible, Célia..., dit-elle entre deux hoquets

Elle mit finalement son autre pied et sauta, franchissant ainsi la dernière limite qu'elle s'était imposé ou plutôt que Nolan lui avait imposé depuis des années. Je l'enlaçais et elle me donna une petite tape amicale sur l'épaule.

-          Bon, où allons-nous ce soir, mademoiselle le guide ? , demanda-t-elle timidement

-          Nous allons au paradis ! , criais-je en la tirant loin de cette demeure

Fin du Flashback, 26 juin 2014
Quelle ironie ! Je l'avais en effet envoyé au paradis, j'avais cette journée-là étape par étape, rapprochée Romane à la mort. Si seulement je n'avais pas été cette petite adolescente frivole qui n'avait de considération que pour sa propre personne. Si seulement j'avais envisagé ne serait-ce qu'un peu les séquelles de mes actes. Si seulement, j'avais été quelqu'un d'autre... Je continuais à marcher dans les ruelles, en pensant à tous les évènements qui sont survenus dans ma vie depuis l'année dernière. J'avais passé de la peste rebelle à l'inopérante fille intimidé. Je me rappelais alors de la question que m'avait une fois posée Nolan : Qui étais-je vraiment ? Même moi je l'ignorais encore, mais revenir à l'ancienne meurtrière me répugnait au plus haut point. Tellement j'en étais révolté, j'avais fait en sorte de ne plus jamais ouvrir la bouche, de me soumettre si je ne voulais pas sortir les propos que l'ancienne moi aurait pu extérioriser. J'avais au cours de cette année effacé tout signe qui pouvait manifester une ressemblance à celle qui avait conduit à la mort de Romane, me changeant de pied en cap, autant physiquement qu'au niveau de mon attitude. J'avais enlevé ces sataniques mèches rouges, brûlés tous mes vêtements provocateurs, arrêter de répondre à qui que ce soit et surtout s'être délassé de briser les cœurs. Des voix me firent alors interrompre mes pensées et je relevais doucement la tête.

Cicatrisés par l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant