Chapitre 5

7.9K 548 47
                                    

Elle me manquait terriblement, mais nous étions maintenant comme le jour et la nuit : elle ne pouvait apparaitre en même temps que moi. Nous étions séparés pour l’éternité

 

Je reviens. Ce sont les dernières paroles que je lui avais prononcées, les derniers mots ayant marqué la fin de tout. Ce tout représente mon sourire, mon existence, mon estime de soi, mais surtout ma meilleure amie. Ce tout englobe ce que j’avais de plus précieux. En une soirée, tout est parti, comme la fine brise d’été, ils se sont envolés, m’ont échappés des doigts. J’avais autrefois pensée devenir médecin, mais je ne pense pas avoir le mérite de sauver des vies. Car je suis la cause principale d’un meurtre, je suis celle qui a envoyé ma deuxième partie dans un univers lointain, loin de mon emprise. Et je ne pense jamais pouvoir la rejoindre, car l’enfer était sûrement mon destin. Elle me manquait terriblement, mais nous étions maintenant comme le jour et la nuit : elle ne pouvait apparaitre en même temps que moi. Nous étions séparés pour l’éternité.

-       Cécilia, bon sang ! , cria alors une voix

Je me retournais pour croiser des yeux bleus, les mêmes que…

-       Romane …

Le visage devant moi sembla presque se décomposer à ce mot et comprenant mon erreur, je me rattrapais rapidement.

-       Nolan, je …, je voulais dire Nolan, murmurais-je

Nous restâmes ainsi debout dans le salon à se regarder sans parler. Je ne savais pas quoi dire, je ne savais même pas s’il m’était légal de lui adresser la parole.

-       Suis-moi, dit-il alors sans faire attention à ma respiration bruyante

Il monta les dizaines de marches menant jusqu’au deuxième étage et ouvrit la porte d’une grande chambre peinturée en un beige claire notoire. J’avais visitée les innombrables chambres du royaume Estéban, mais je n’arrivais pas à me souvenir de celle-ci.

-       C’était la chambre à ma tante, dit-il alors en s’inclinant sur le plancher poli en bois et en le tâtant à l’aveuglette.

Je ne lui demandais pas s’il était atteint d’un problème mental et préférais l’examiner silencieusement de loin. Et à mon plus grand étonnement, tout un petit carré du plancher s’éleva lorsque Nolan tira sur un bout en métal noir que même le plus grand des inspecteurs en aurait omis l’existence. Je pus alors observer une grande trappe creusée contenant divers objet. Je vis le jeune homme refermer ses poings sur quelque chose que je ne pus très bien distinguer et il étoupa à nouveau la trappe tout en se relevant vers moi. Une fois à ma hauteur,  je lui lançais un regard confus et il me répondit en ouvrant sa main au ralenti, telle une fleur venant d’éclore. Je fixai pendant quelques instants le pendentif en argent composé d’un petit boulé perlé.  

-       C’est mon pendentif ! Où l’as-tu trouvé ? Je l’avais cherché partout, dis-je lors étonnée en reconnaissant cet objet précieux qui avait énigmatiquement disparu

Je voulus le lui prendre des mains, mais il referma son poignet m’empêchant ainsi tout accès à mon bien personnel. Je le vis faire un pas en avant et je pus bientôt sentir sa douce odeur de cannelle m’enivrer.

-       Les policiers l’ont trouvé près du corps de Romane, le jour de sa mort, me dit-il alors d’une voix si sombre et glaciale que je fis un pas en arrière.

-       Tu …, commençais-je sans trouver mes mots

Il s’approcha alors de moi, m’empêchant de m’éloigner encore, de m’enfuir à toute jambe comme je voulais le faire à l’instant. Non que je ne me sente coupable de quoi que ce soit, mais son regard possédant me tracassait au plus haut point. Car oui, Romane avait été violement assassinée, de la manière la plus impudique et cruelle au monde. Et ce fameux jour me revenait en mémoire, le jour de sa mort…

Cicatrisés par l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant