District 31

Belle comme la lune

Patrick se rend à l'entrée du poste où une dame toute souriante l'attend assise.

- Hey! Qu'est-ce que tu fais ici? Lui demande Patrick à la fois surpris et heureux.

La femme, dans la soixantaine, se lève et le rejoint à mi-chemin.

- Ben j'me suis dit " Yé tout seul, c'est le soir de son anniversaire. Faque j'vais l'inviter à souper!"

- Ah t'es dont ben fine! S'exclame Patrick ravi tandis que la patrouilleur à l'entrée s'arrête de travailler pour s'approcher de la vitre afin mieux les entendre.

- Bon, on aurait pu faire ça chez moi, mais ça va nous faire du bien d'prendre de l'air.

- Tu penses à tout hein?! Sourit Patrick.

- Bon! Ça se peux-tu être tout seul comme ça le soir de sa fête... Soupire la femme.

- Euh... J'pas tout seul, t'es là.

- Hon... Tu sais c'que j'veux dire.

Patrick rit.

- C'est ta fête mon Pat? Demande le patrouilleur.

- Euh... Ouais. Répond Patrick tout à coup gêné alors que la femme s'esclaffe.

- Ben bonne fête!

- Merci. Ben, j'te présente Anne. C'est ma mère. C'est François. Ajoute-t-il pour Anne, sa mère.

- Bonjour monsieur, ça fait plaisir! François sourit en la saluant de la tête. J'espère qu'il me fait pas trop honte!

- M'man! S'exclame Patrick.

- Aucun problème avec Pat. Répond le patrouilleur.

- Je l'sais pas c'est quoi son problème. C't'un beau garçon, yé intelligent...

- Ok. Commence pas. L'arrête Patrick.

- Ben quoi?! J'aimerais ça être grand-mère moi! Pis préférablement avant de mourir.

- Ok! Ça fait! Tu dis bonsoir à François? L'empresse Patrick qui veut en finir au plus vite.

- Bon! Voyez-vous comment y m'traite! François rit. Il peut ben être tout seul! Blague la mère de Patrick.

- C'est pas d'ma faute, j'ai été mal élevé.

- Oh! Lâche le patrouilleur.

- Hey! S'exclame Anne.

- Allez! Bonne soirée! Lance François tandis qu'Anne et Patrick quittent le poste laissant le patrouilleur seul et souriant.

Nadine est assise dans une salle avec six autres personnes autour d'une grande table; quatre hommes et une autre femme. Une septième personne, un homme, se tient debout à l'entrée de la pièce. Nadine se tient droite et fixe devant elle pour ne pas avoir l'air rongée par le stress.

- Vous faites ça en silence. Commence le surveillant, debout. Les toilettes c'est tout de suite, parce que si vous sortez, vous rentrez plus. Il distribue d'épaisses copies à chacun des policiers. Si y'a une question que vous comprenez pas, vous avez pas d'affaire ici. Termine-t-il en s'asseyant au bout de la table près de Nadine qui commence à écrire.

À l'autre bout de la ville, un peu plus tard dans la soirée, Patrick arrive en trombe dans sa voiture banalisée les gyrophares et la sirène en marche sur une scène de crime surveillée par quelques patrouilleurs. Au milieu du secteur délimité par des rubans en PVC jaune, un corps est couvert d'une bâche en plastique jaune de laquelle dépasse des bottes de fille brunes. Patrick passe sous le ruban et s'arrête près du plus jeune patrouilleur accoté sur le mur extérieur de l'école. C'est dans la cours de celle-ci que le corps de la victime a été retrouvé.