Enfant d'chienne!

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Brière, cellulaire sur l'oreille, marche dans une rue du centre-ville de Montréal tout en discutant avec Laurent.

- J't'ai dit qu'j'voulais pas qu'tu m'appelles. Lâche l'ex-policier. Fais attention à c'que tu dis là.

- As-tu un problème si j'dis que le gars qu'vous aviez dans la mire a menti sur son alibi?

- Qu'y'a oublié de dire quelque chose. Clarifie Laurent.

- Ben c'est marqué dans l'dossier que... y'a changé sa version, mais son alibi on l'a pas. Ça été caviardé.

- Avais-tu l'intention de l'identifier?

- J'pensais qu'oui là, mais... Écoute le bureau vient d'm'appeler pis euh... ça l'air que son avocat m'cherche. Y veut m'envoyer une mise en demeure. Expose Brière.

- Regarde, si tu m'nommes pas moi j'ai aucun problème à c'que tu dises qu'y'a menti là.

- Ok, mais j'mettrai pas personne dans l'trouble avec ça là? S'inquiète Brière.

- Non, non!

- Parce que... la dernière chose que j'veux faire c'est de nuire à l'enquête.

- Pas pantoute. Y'a pas de danger. L'assure Laurent.

L'homme que Stéphane considérait comme son meilleur ami sort de sa voiture dans son entrée de cours. Au même instant, Stéphane sort de la sienne garée juste à côté dans la rue.

- T'es un beau sale toi! L'attaque Stéphane en s'avançant.

- Fais pas d'niaiseries parce que ça va mal finir. Le prévient l'homme avant d'ouvrir sa valise d'où il sort une barre en métal.

- Eh boy! T'as l'air smath avec ta croc barre! Le ridiculise-t-il. Sers ça tu vas t'faire mal.

- Laisse-moi deux minutes pour m'expliquer. Demande l'autre qui referme sa valise après avoir rangé la barre.

- Non, j'ai pas besoin d'explications de c'que j'ai vu à matin.

- C'était la première fois. L'assure l'homme alors que Stéphane s'approche d'avantage.

Le porte de la maison s'ouvre et une jeune femme habillée d'une robe rouge sang aux cheveux brun foncé apparaît.

- Hey! Marie-Pierre! La salue Stéphane la voyant alors qu'elle sort toute souriante laissant la porte se refermer derrière elle. J'suis venu t'dire, à matin j'ai surpris ton mari avec ma blonde dans un lit à l'hôtel Constantinople. La femme perd son doux sourire. J'suis venu t'dire ça parce que j'pas sûr que cet enfant d'chienne là t'en parle au souper.

- C'est beau, t'es venu faire ton show, là tu peux t'en aller. Intervient l'enfant de chienne en question.

- Si t'as besoin de détails t'appelle Cynthia, elle est au courant d'tout ça. Pis pour plus d'informations t'appelle le sergent Patrick Bissonnette au District 31, y'était avec moi. Ajoute Stéphane impliquant Patrick malgré lui.

- Stéphane fais d'l'air! Insiste l'homme.

- J'pense que ton souper va être long mon gars. Sourit Stéphane. Tsé quoi? Ah laisse dont faire. S'arrête-t-il dégoûté. Il se retourne pour partir alors que son ex-meilleur ami le suit derrière. Stéphane se retourne et le frappe violemment au visage. L'homme tombe contre sa voiture et sa femme crie surprise en mettant ses mains sur sa bouche. Stéphane déplie son poing endolori. Ça règle rien, mais ça fait du bien par exemple.

L'homme se tient le nez accoté sur sa voiture en gémissant de douleur.

Du côté du poste, Bruno, Patrick, Nadine, Chiasson et d'autres enquêteurs sont rassemblés dans la salle télé pour regarder les nouvelles où Jean Brière présente un reportage.

- Évidemment la confirmation du décès du jeune Théo nous a permis d'avoir un éclairage nouveau sur c'qu'y s'est passé au courant des dernières semaines. Introduit-il, son micro bien en main. C'qu'on a appris c'est qu'le Service de police du Grand Montréal avait un suspect dans la mire. Nadine croise les bras et Chiasson regarde Patrick, sourcils froncés, puis les autres enquêteurs,  suspicieux. Un suspect qu'ils ont interrogés à plusieurs reprises, mais l'individu aurait menti sur son emploi du temps la journée de la disparition de Théo Gagnon. Patrick reste le plus sérieux du monde n'étant pas la source de Brière, cette fois-ci. Et l'individu en question aurait aussi retenu les services d'un grand criminaliste montréalais qui lui a obtenu d'un tribunal une injonction empêchant les enquêteurs de police de poser des questions à son client. Nous avons donc décidé d'approcher celui qu'les policiers considéraient... comme un suspect potentiel.

L'image change sur l'altercation que Brière a eu quelques heures plus tôt avec Juneau. Son visage est brouillé pour garder l'anonymat.

- Non, on est passé à d'autre chose là euh... c'était juste un gros paquet d'malentendus. Le tribunal m'a donné euh... m'a donné raison. L'entend-on dire.

- Dans quel sens vous dites ça?

- Regarde, insistez pas.

- Non, non, mais j'veux juste comprendre quand vous dites que le tribunal vous a donné raison. Insiste quand même Brière.

- L'atteinte à la vie privée ça peut coûter cher. Vous demanderez à votre avocat.

La caméra revient sur le Brière en direct.

- Ben on a pas eu besoin d'le faire parce que l'avocat du suspect a appelé la direction pour nous aviser que des poursuites seraient entreprises si jamais on dévoilait le nom d'son client.  Conclue Brière avant que le générique du bulletin se fasse entendre.

Bruno ferme  la télévision ayant la télécommande en main alors que Chiasson, qui a enlevé ses lunettes, se masse le nez, dépassé par les connaissances de Brière.

- Y'a quelqu'un qui y pisse dans les oreilles là lui là. Devine Bruno.

Nadine secoue la tête, découragée.

- C't'un huit clos, c'pas supposé sortir publiquement. Y va s'faire condamner pour outrage au tribunal lui. Prévient Chiasson en remettant ses lunettes tandis que les autres enquêteurs retournent au travail.

- En tout cas, j'espère que Juneau écoute la télé. Formule Nadine.

- J'va appeler les gars d'la filature, j'veux savoir où c'qu'il est là. Émet Bruno avant de partir vers son bureau.

- Mais on... on répond quoi à ça nous autres? S'inquiète Patrick.

- Si les journalistes t'appellent on... on les réfèrent euh... aux relations publiques. Propose Nadine après avoir décroisé les bras.

Elle quitte la salle pour aller vers son enquêteur Gagné avec Patrick qui la suit.

- Homicides. Répond Bruno au téléphone. Oui. Juste un instant.

- Mais sérieux là... Soupire Nadine qui s'arrête aux bureaux de Patrick et de Bruno.

- Pat! Marie-Pierre Duval sur la deux pour toi. L'interrompt Bruno.

- Comment Brière a faite pour mettre la main sur c'qu'on a donné au tribunal? Continue Nadine.

Patrick décroche le combiné.

- J'sais pas. Marmonne Patrick. S'cuse-moi. Il appuie sur la ligne et se racle la gorge. Allo? Nadine va à son bureau. C'est Stéphane qui vous a demandé de m'appeler là?

Dans une ruelle, Jean-François Martel fait les cent pas. Un véhicule approche et Juneau en sort. Il regarde derrière lui et s'approche du vendeur indépendant. Les gars de la filature, assistant à la rencontre, prennent des photos. Martel le pousse fâché alors que Juneau essaie de le calmer. Martel le menace du doigt, la discussion semble intense.

District 31 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant