Ma pauvre Dédé

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Isabelle discute au téléphone debout à son bureau.

- Non, non. J'comprends, c'est... J'com... Hey! L'arrête-t-elle. Tu peux-tu arrêter d'parler deux minutes?! C'est une conversation que j'veux, c'pas un monologue. Stéphane, à son bureau, se tourne vers elle et la regarde amusé. Non, non. C'est quoi qu'tu veux là? Avoir le nom d'ta compagnie en première page du journal pour entrave à une enquête criminelle? Non. C'est pas ça la question, c'que j'te dem... Elle enlève le combiné de son oreille et se tourne vers Stéphane. Y'écoute pas pantoute, y fait inque parler tout seul! Stéphane rit en se tapant dans les mains. Elle remet le combiné sur son oreille pour reprendre le contrôle de cette conversation. Hey! Là tu vas m'écouter deux minutes ok? M'a te l'expliquer moi c'est quoi l'plan. Là on s'en vient chez vous avec un ordre d'la cour c'faque tu vas m'préparer ça sinon j't'embarque toi avec. Sais-tu c'est quoi un outrage au tribunal? Y'annonce ben ben beau en fin d'semaine, ce serait d'valeur de passer ça sur un lit en métal avec des barreaux dans les fenêtres non? Elle laisse presque tomber le combiné sur le récepteur du téléphone. Ça s'peut pas là! Ça s'prend pour le nombril du monde parce que ça vend des p'tits téléphones à batteries!

- J'te prends n'importe quand au crime organisé toi! Offre Stéphane impressionné.

- Câline!

Le matin suivant, Nadine sort de salle à manger alors que Bruno s'y présente pour déposer sa tasse de café vide.

- T'es déjà ici toi?! S'exclame Nadine.

- Ouais, c'est mon troisième. Dit-il en levant sa tasse.

- Arrête-là, le cœur va t'lâcher.

- Pour ça, ça m'en prendrait un hein? Réplique Bruno.

- C'est sûr qu'y'a un nounours derrière cette carapace-là. Sourit-elle.

- Oui, c'pour ça que j'veux pas dealer avec les parents. Tsé j'suis insensible, mais c'est juste que... si j'laisse les émotions prendre le dessus j'perds mes moyens.

- C'pas bizarre pour quelqu'un aux homicides ça? Remarque Nadine.

- Regarde, c'est comme ça. Moi c'est blanc ou c'est noir, ça peut pas être gris là.

- J'te l'ai pas encore demandé, mais euh... d'après toi là euh... Théo Gagnon? Lui demande Nadine.

- Mort et enterré.

- Oui... Soupire Nadine en regardant sa propre tasse tristement.

- Tu comprends pourquoi j'ai d'la misère avec les parents? J'ai toujours l'impression qu'j'leur donne des faux espoirs.

- En même temps on est pas sûrs là... Émet Nadine qui ne veut pas y penser.

- Que c't'un crime sexuel? Si c'est ça, y'a faite c'qu'y'avait à faire, y l'a tué pis y s'en est débarrassé.

- Ouais... j'peux pas m'résoudre à ça. J'suis sûre de rien. S'entête Nadine.

- La camionnette, le témoin... C'est tellement crédible en plus. L'alibi, toute là. J'suis sûr qu'on s'trompe pas. Affirme Bruno avant de la contourner pour aller déposer sa tasse.

Dans son bureau, Da-Xia donne un paquet de feuilles à Isabelle. Les deux femmes sont debout près de l'imprimante.

- Et voilà! Lance Da-Xia.

- Ok... Ben là explique-moi ça pour que j'comprennes.

Da-Xia rit.

- Euh, ben... C'est l'téléphone d'Audrey avec... les appels entrants, sortants. La messagerie ici. Elle passe à une autre feuille. T'as les messages textes, l'heure et l'numéro d'téléphone du destinataire. Le problème, c'est qu'les gars du crime organisé changent de carte SIM quatre à cinq fois par jour. Ça devient impossible de les retracer.

District 31 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant