District 31

Un complément d'enquête

Sonia cogne à la porte du bureau de Nadine qui se trouve dans le couloir des enquêteurs.

- Tu voulais m'voir? Demande Sonia.

- Ouais! Indique Nadine assise derrière son pupitre. Assis-toi. Sonia pose sac sur le sol et s'assoit sur la chaise la plus proche. Eum... En faite j'voulais juste vérifier des p'tits trucs euh... avec toi. J'ai euh... j'ai besoin d'un mandat pour euh... une affaire de pornographie. On pense que l'gars y visite des sites de pédophiles.

- Nadine... T'es lieutenant, conte-moi pas d'histoires. Tu sais exactement c'que ça prend pour obtenir un mandat.

Nadine se rend en hochant la tête.

- Excuse-moi. Admet-elle.

- J't'écoute.

- C'est un d'mes enquêteurs... yé arrivé quelque chose... les affaires internes s'en sont mêlées... pis l'dossier a abouti sur le bureau du DPCP. Expose la lieutenant.

- Ouin. Là ça commence à devenir sensible.

- Bon. J'ai su de quelqu'un là, qu'y'a parlé à quelqu'un que la seule témoin dans cette affaire-là... elle témoignera pas. Elle est... mêlée pis... c'est confus son affaire.

- Ok... C'est quoi la question? La pousse Sonia.

- Ben c'parce... moi, j'peux pas appeler la substitut du procureur pour y dire: "Ah! Parle dont à la fille, j'pense qu'elle est mêlée."

- Non! Non, non, non! Ça c'est sûr tu peux pas faire ça! Ça serait de l'ingérence pure et simple. Comprend Sonia en réfléchissant. Ben c'est certain que si c'est moi qu'y'en parle c't'une autre histoire. Tsé, c'pas mon dossier, mais moi j'peux dire que j'ai entendu des choses euh... qu'on devrait demander un complément d'enquête euh... Ouais! Y'en aurait pas d'problème. Accepte-t-elle faisant sourire Nadine. Sonia regarde une seconde fois par le grande vitre qui donne sur la salle à bureaux. C'est Stéphane?

- J'ai vraiment d'la peine pour lui. Tsé sa femme elle est... elle est partie avec son meilleur chum.

- Ouin.

- Là yé tout seul. Pis y risque de perdre sa job faque... Soupire Nadine.

- Hey j'suis vraiment trop vieille pour lui hein?!

- Moi... Nadine lève les mains pour s'en laver. J'ai... j'ai jamais su ça là. J'ai... j'ai pas d'opinion là-dessus. Sonia se lève alors qu'elles s'esclaffent. Elle ramasse son sac. Merci Sonia.

Nadine rassemble se papiers tandis que Sonia part en chantonnant.

Isabelle est au téléphone debout à son bureau.

- Ok, c'est beau. Elle raccroche et passe à côté de Bruno qui travaille au sien. Viens dont avec moi mon beau garçon. Réquisitionne-t-elle en s'arrêtant.

Celui-ci se lève.

- Hum. Moi m'faire parler d'même...

Bruno la suit.

- J'serais prête là.

- Ça adonne ben, moi aussi j'suis prêt. Blague Bruno faisant allusion à une toute autre chose.

Les deux s'arrêtent à l'entrée de la salle.

- Arrête. Il Rit. Non, mais j'te dis. Quand tu m'donnes le go nous autres... on y va.

- Ben j'comprends, mais c'parce que là y'a la place là. Tsé la... la maison, la porte, le système d'alarme. Énumère Bruno.

- Y'ont déjà toute ça.

- Ah ouin?

- Oui, oui. L'assure Isabelle. Tu sais ben que j'ai envoyé mes gars faire un tour.

- Ok, faque là j'te dis on y va pis tes gars sont là dans la demie heure?

- Sont en stand-by. Acquiesce Isabelle.

- Ben là, aussitôt qu'on a une chance on y va là.

- Ok, sauf que là ton Martel faut qu'tu y donnes du lousse. Ok? Faut pas déranger sa routine c'est comme ça qu'on va pouvoir le suivre adéquatement.

- T'étais où toute ma vie toi? Lance Bruno.

- J'étais ici, j'travaillais. Répond Isabelle ultra sérieuse le faisant rire.

À l'hôtel Constantinople, Yves Jacob rencontre la réceptionniste. Il est accoté contre la rambarde des grands escaliers menant à la réception tandis qu'elle se tient bien droite.

- J'avoue qu'j'ai été surpris quand j'ai appris que vous aviez changé votre version. Lâche Jacob.

- Mais j'ai pas changé ma version.

- Expliquez-moi dont ça là un p'tit peu que j'comprenne.

- Vous expliquer quoi? Innocente-t-elle.

- À partir de quand... les enquêteurs Pouliot et Bissonnette sont arrivés au comptoir. Indique l'homme son calepin en main.

- Euh, y m'ont dit qu'y cherchaient quelqu'un... L'homme hoche la tête. Y m'a montré un papier avec un nom dessus Guy Dorion.

- Ben c'est ça qu'on disait. Y vous ont présenté un mandat.

- J'ai jamais dit un mandat. L'arrête la jeune femme.

- Ouin... c'est écrit ici. Ils sont arrivés au comptoir, l'enquêteur Pouliot m'a présenté... un mandat et j'lui ai remis la clé. Lit l'enquêteur.

- Ben je... j'ai pas dit un mandat certain! Je sais même pas c'est quoi un mandat!

Yves Jacob se redresse en riant.

- Dites-moi euh... est-ce qu'y'a quelqu'un d'autre du Service de police qu'yé venu vous voir? S'assure-t-il.

- Non!

- Seriez-vous prêt à passer un polygraphe?

- Vous m'traitez d'menteuse?! S'exclame la réceptionniste.

- Ben non! Non, non. C'est pas c'que j'ai dit.

- Non. Vous m'faites perdre mon temps Monsieur Jacob là! Chiale-t-elle. Pour une dernière fois, y'a quelqu'un qui s'est présenté, y m'a dit qui voulait savoir si y'avait un Monsieur Dorion à la chambre 403, j'ai vérifié, j'ai dit oui.

- Faque vous donnez le numéro d'chambre de vos clients à n'importe qui vous là là?

- C'était pas n'importe qui, c'était des policiers! Justifie Madame Ravary après une courte hésitation.

- Vous savez que j'peux vous forcer à témoigner hein?

- J... j'pas tellement fiable! J'suis désolée. Se défend-elle avant de passer à côté de lui.

Jacob soupire.

Stéphane à la réception lit un document le tenant en équilibre dans ses mains. Sonia, du corridor des enquêteurs, le regarde. Elle se lance finalement: elle prend une gomme et range le paquet dans la pochette de son sac en cuir tout en s'approchant en se touchant les cheveux qu'elle a relevés avec une pince.

- Comment ça va? Débute la procureure en s'arrêtant au comptoir.

- Ah ça va!

Stéphane pose document et met toute son attention sur elle.

- J'te demanderai pas pourquoi t'as un uniforme. On... aurait une discussion que j'veux pas avoir.

- Ah, euh c'est ben correct comme ça. Répond Stéphane alors que Sonia sourit.

- Toi là, j'te l'ai toujours dit: si j'avais ton âge...

- Hey. Stéphane se penche vers elle. Y'a pas une si grande différence d'âge que ça.

- Souviens-toi s'en. Rétorque Sonia en lui faisant un clin d'œil avant de quitter.