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>> High hopes, Kodaline.

>> High hopes, Kodaline

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Assise en tailleur sur le petit lit d'hôpital, un sweat noir sur les épaules, les cheveux attachés en un chignon négligé, j'ai les moindres faits et gestes de ma mère dans ma ligne de mire.
Plier, ranger, aller dans la salle de bain, ranger, prendre les livres sur la table de chevet, ranger, plier, ranger, fermer la valise, tirer sur la fermeture éclair.
Puis, elle s'assoit près de moi. Remet une de mes mèches rebelles derrière mon oreille. Elle considère le moindre centimètre carré de mon visage, et s'attarde sur mon regard.
Je la vois, sans la voir vraiment, je suis vide à l'intérieur. La joie que je ressentais à l'idée de rentrer chez moi ces derniers jours, a vite été remplacée par ... L'effroi . Parce que oui, j'ai peur. Cette peur je la ressens au plus profond de mon être, elle me glace le sang, et s'infiltre jusque dans mes os. Toutes mes terminaisons nerveuses la ressentent, alors oui, assise sur ce lit qui fut mon foyer pendant des semaines, je fais de mon mieux pour lutter contre cette angoisse qui me serre le ventre.

La solution que j'ai trouvé, elle est simple, efficace. Ne rien ressentir, ne rien laisser passer, comme je l'ai fait tant et tant de fois ...
Alors oui, je le reconnais, pour garder le peu de contrôle qui appartient à mon esprit, je suis vide.
J'ai l'impression d'avoir été punie pour quelque chose que je n'ai pas fait. En vérité, et en y songeant ma bouche ne peut réprimer un gloussement, tout ce que j'ai fait, je l'ai fait par amour. Comme quoi, on peut être puni pour avoir tendu la main à quelqu'un qui ne voulait pas de cette aide. Et parfois, notre altruisme nous conduit dans un foutu lit d'hôpital . Et votre santé mentale en prend un sacré coup.

Qu'est-ce que j'ai pu faire de travers ? Pourquoi moi ?
Le pire dans l'histoire, c'est qu'ils ont gagné ces enfoirés, oh oui, et ils l'ont su au moment même où j'ai perdu connaissance.
Intérieurement je hurle, je supplie mon cerveau de tout faire pour que mon cœur arrête de saigner, de verser ses larmes salés, oui je me mets à genoux devant lui.

Alors, je reste vide. Ma mère caresse avec tendresse ma joue. "Un accident", si seulement elle savait ... Elle doit rester dans l'ignorance, tout comme mon père, car je tiendrai ma promesse. Personne ne doit savoir. Dans son regard, je vois bien qu'elle sait que je ne suis plus la même, que je perds pieds, mais elle ignore pourquoi. Et c'est mieux ainsi.

J'irais sûrement chez le psychologue du coin, en rentrant chez moi. Mais ça ne servirait à rien, je resterai fermée, silencieuse, comme je l'ai fait avec la psychologue de l'hôpital.
À quoi bon ? On ne peut pas réparer une blessure comme celle-ci ...

Des bruits de pas dans le couloir, la porte s'ouvre sur mon père, le sourire aux lèvres. Il secoue du bout des doigts la clé de la voiture. Mes lèvres semblent s'étirer, élevant leurs commissures. Mon père nous glisse qu'il va signer les papiers de sortie, et qu'il nous attend dans la voiture. Il prend la valise avec lui, et disparait par où il est entré.

Ma sortie imminente m'arrive en pleine figure, et je suis tellement ... Pas prête. Tout va vite, trop vite. Mon menton tremble, et ma vision se brouille, j'ignore le liquide chaud qui coule sur mes joues, j'en ai marre de lui prêter attention.
Je continue de fixer le coin de la porte. Je n'écoute pas les mots doux de ma mère, et ses questions concernant mon état.

J'ignore tout, car je suis vide. Ne rien laisser m' atteindre. C'est fini de toute façon, ils ont gagné, eux, et ... Leur jeu pervers.
J'entends des "Nia, ma puce", "pourquoi pleures-tu ?", "Oh, Nia ...".
Mais l'insensibilité monte en moi, m' imprègne, se renforce, et la barrière se rétablit.

Je respire profondément, et je laisse l'oxygène s'infiltrer dans mon sang, ma chair, me garder en vie.

En respirant, je redeviens forte, et je me jure tout bas de ne plus retomber dans le panneau, d'être faible, si misérable. Non.

En respirant, j'ai décidé ... De me battre.

Ils ont peut être gagné la partie, selon leurs règles, mais ils ne m'auront pas.
Je les laisse penser que tout est fini pour moi, que je suis folle, apeurée par le souvenir de leurs regards, et à leur merci, depuis cette fameuse nuit.

Mais ils se mettent le doigt dans l'oeil. Oh oui.
Qu'ils voient comme je tombe de leur tableau de chasse, qu'ils voient comme je respire, comme je vis !
Non, je n'apparais plus parmi leurs trophées. Ils ont tourné le dos pendant trois mois, me laissant sans surveillance, et j'ai pu m'échapper.

Désolée mais moi, j'ai décidé de ne pas oublier ... Comment respirer.

<3


Don't Forget How to BreatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant