>> Photograph, Ed Sheeran.
13h02.
Mes yeux restent scotchés aux chiffres rouges diffusés par le réveil, posé sur la table de chevet. 13h02. 13h02.
Je me lève d'un bond, et cours dans la salle de bain me préparer.En me retrouvant face au miroir, je tombe nez à nez avec mon reflet. Cheveux en bataille, et vêtements trop grands pour moi, m'accueillent. Je soupire lorsque la réalité me rattrape. Je suis chez Will. Nous sommes vendredi, et je viens de louper tous mes cours de la journée. Super...
Mes yeux témoignent des péripéties de la veille, et un anti-cerne ne serait pas de refus. Je fais peur. Je repense à cette nuit, à la bataille d'eau dans la baignoire, et la gentillesse de Will. Je souris. Puis une angoisse sourde me saisit le ventre. Je prends de grandes inspirations, comme à mon habitude, pour me calmer. Puis, après avoir démêlé mes cheveux à l'aide de mes doigts, j'ouvre le robinet.
L'eau qui coule m'hypnotise, et je la fixe pendant un moment.
En y passant la main, ma peau se contracte sous l'effet du froid. Pile ce dont j'ai besoin pour me sortir de la brume matinale, ou plutôt, du réveil, qui a envahi mon cerveau. Je passe de l'eau sur mon visage. Puis, les deux mains en appuie sur le lavabo, je réfléchis. Comment me sortir de cette situation ? Il était proche, trop proche de moi, et j'ai failli lui ouvrir une porte sur mon passé ... Ce n'est pas parce qu'il m'a confiée quelque chose sur lui, que je dois lui rendre la pareille, je lui ai même dit.
J'ai besoin de temps, beaucoup de temps, et de confiance. Ça ne fonctionne pas comme ça. On ne peut pas s'ouvrir aux autres du jour au lendemain. Même si un certain lien nous unit, et malgré le bien être que je ressens, je dois rester sur mes gardes...N'ayant rien à me mettre de propre et à ma taille sur le dos, je fais demi-tour et m'aventure dans le salon. Mais comme dans le reste de la maison, il n'y a personne. Je suis seule. Ok...
Je décide de m'asseoir sur le canapé.
Au bout de quelques minutes, l'ennuie se fait ressentir dans le petit appartement. C'est alors que je suis attirée, malgré moi, par le piano. Presque inconsciemment, je m'y installe et ouvre le couvercle. Mon cœur manque un battement, et ma respiration se coupe.
J'expire profondément, vidant ainsi tout l'air enfermé dans mes poumons à cet instant, tout en posant lentement mes doigts sur les touches.
Du bout de l'index, je fais résonner le La, puis, petit à petit, je me lance. Mes doigts défilent sur les touches, les enfoncent les unes après les autres dans leur socle en bois, et la musique envahit la pièce.
Plus je joue, plus je respire, plus je me sens libre. Je crois même que quelques mots sont sortis de ma bouche pour accompagner la mélodie." So you can keep me, inside the pocket of your ripped jeans..."
J'ai toujours aimé jouer cette chanson, on l'aimait tant.
Tout semblait si facile à cette période de ma vie. Aucune goutte de sang n'avait touché le sol, et personne n'était brisé, écroulé.
On entendait que les rires, pas les pleurs, ni les cris. Tout allait bien. Pourtant, on faisait semblant. C'est pour cela que tout était si parfait. On le voulait.
VOUS LISEZ
Don't Forget How to Breathe
Подростковая литератураUn accident. Ce n'était qu'un accident. Nia se réveille dans un lit d'hôpital après des mois dans le coma. Tout le monde autour d'elle semble connaître la raison de son hospitalisation. Un accident... Pourtant, elle-seule connaît la vérité. C'est u...