Chapitre 3

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>> Home is such a lonely place, blink-182.


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- Maman ! Je hurle de ma voix brisée . Maman !

Elle s'approche de moi à pas rapide et me serre dans ses bras, un gémissement sort de mes lèvres et ma mère s'écarte immédiatement .

Je croise alors ses yeux bleus . Comment avais-je pu les oublier ? Ses cheveux bruns lui tombent en cascade sur les épaules et me chatouillent le visage . Ma vision se brouille à nouveau . Ma maman . Puis, j entends sa voix :

- Désolée ma chérie ! Je t'ai fait mal ? Mais quelle idiote je suis ! Évidemment que tu as mal ! Oh Nia j' ai tellement eu peur.

Elle serre fort mes mains dans les siennes et ne me lâche pas du regard . Elle pleure, et mes larmes menacent de couler aussi . Je tremble, d'une part à cause de l'émotion mais aussi à cause des nombreuses secousses que mon corps a subit .

-Tu sais, dit elle entre deux sanglots, j'ai cru que je ne reverrai plus jamais le vert de tes yeux .

Je murmure de ma voix faible :

- T'as toujours été optimiste toi ...

Elle rit . Ce son est bien plus beau que les discours de Monsieur " J'ai des lunettes hideuses ". À cette pensée, je lève les yeux au ciel . Décidément je n'ai vraiment pas accroché avec lui, ou bien est-ce tout simplement le fait qu'il soit docteur, et que je sois cloîtrée dans ce lit depuis des semaines, et qu'à mon réveil je sois tombée sur lui ? Qui sait ?
       Un bruit m'arrache à mes pensées, un raclement de gorge . Je le reconnaîtrais entre mille . C'est celui qu'il utilise le matin devant son journal quand je rentre dans la cuisine, et qu'il souhaite s'éclaircir la gorge avant de me dire "Bonjour" . Ma mère se retourne pour regarder mon père . Je sens mon lit bouger sous le poids de celui-ci lorsqu'il s'y assoit . Il m' observe de son regard vert, le même que le mien .

- Papa, je murmure .

Ma mère lâche une de mes mains pour lui permettre de la prendre à son tour . Il la prend délicatement . À l'expression qui passe sur son visage, je comprends immédiatement qu'elle est glacée . Je l'ai aussi senti tout à l'heure, à la chaleur de celle de ma mère . Il m' observe en silence, puis ouvre la bouche :

- Tu as bien dormi ? Me demande-t-il en souriant .

Je lève à nouveau les yeux au ciel, et ris légèrement, ce qui me vaut un nouveau signe de la part de mon corps .

- Trop drôle, vous faites la paire tous les deux ... Je dis en souriant dans un souffle . Mais cette tentative de sourire est un échec, ma mâchoire me fait terriblement souffrir, m'empêchant tout mouvement .

     En les regardant, de multiples souvenirs défilent devant mes yeux, ils m'ont tellement manquée . Je remarque que la chevelure blonde de mon père est plus longue qu'à son habitude, et que tous deux, ont les traits plus marqués, sûrement une cicatrice de leur inquiétude . Instinctivement, je culpabilise de nous avoir mis dans cette situation . Mais ce n'est pas de ma faute . À qui la faute ? Je le sais, mais je garde le secret, tout au fond de moi . Ils ne doivent pas savoir . Jamais .

- Comment tu te sens ? Me demande-t-il de sa voix posée .

Je le regarde, cherchant une réponse, je lâche la première chose qui me vienne à l'esprit :

- Perdue ...
- Comment ça ? S'inquiète ma mère .

Je réponds le plus vite possible pour enlever toute forme d'inquiétude de sa voix .

- Tout est flou dans ma tête, et ... Je sais même plus ce que je suis censée ressentir ...

Je baisse la tête, n'osant pas les regarder . Mon père ressert son étreinte sur mes doigts .

- C'est normal que tu ressentes ça . Nia, pendant trois mois, ton esprit a été en quelque sorte ... Éteint . Tout comme ton corps, il te faudra du temps pour retrouver le goût de vivre . Ne ...
- Trois mois ? Je le coupe, les yeux écarquillés .
- Oui, trois mois Nia, nous sommes en novembre, me dit ma mère avec précaution .
-Qu'est ce qui s'est passé ?                       

Je dois à tout prix savoir ce qu'ils savent . Cela pourrait changer mon existence, quoique, tout a déjà changé, je suis dans un lit d'hôpital après tout, non ? Depuis trois mois .
Mes parents se regardent et ma mère commence d'une voix tremblante :

- L'accident a eut lieu fin août, durant ta sortie scolaire, tu ne te souviens pas  ?

Je ris intérieurement . "Accident". Quel joli mot .

-Non .

Ma mère reprend :

- Le moniteur ... Oh Drew continue j'y arrive pas .

Ma mère se lève de mon lit et fait les cent pas dans la pièce, bras serrés contre la poitrine .

Mon père se rapproche alors de moi, et m'explique le plus calmement possible :

- Le moniteur nous a expliqué que tu es tombée à la mer, lors d'une sortie en canoë, un matin où il y avait beaucoup de vent . Tu t'es cognée brutalement le crâne sur un rocher . Tu te souviens  ... ?

Tous deux m' observent avec attention, retenant leur souffle .

Je regarde mon père droit dans les yeux . Je crache alors le pire mensonge de ma vie .

- Oui .


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