>> Holocene, Bon Iver.
Il est plus de trois heures du matin, et je ne cesse de me retourner dans mon lit, cherchant en vain le sommeil. J'ai une boule, là, au creux de l'estomac. Je me repasse en boucle la scène, je lui ai dit mon nom, lui ai parlé. Depuis combien de temps n'avais-je pas parlé à quelqu'un, même si ce n'était que quelques mots ? Une éternité.
J'angoisse, je regrette, je n'aurais pas dû. Mais je dois reconnaître que je suis plutôt fière de moi, j'ai fait un pas en avant, et puis c'est lui qui m'a adressée la parole en premier, non ? C'est la première fois depuis longtemps que quelqu'un le fait ...
Je me lève en passant ma main dans mes cheveux, je m'assois sur le rebord du lit en prenant de grandes inspirations. Je détaille la pièce dans l'obscurité, je devine mon gilet sur la chaise près de la porte. Après m'être levée avec précaution, je le saisis et l'enfile. Je tourne la clé dans la serrure. Ai-je assez de force pour sortir ? J'ignore le signal d'alerte de mon cerveau ainsi que les battements désordonnés de mon cœur. Le couloir est plongé dans le noir, seul le bruit de certains appareils me parvient aux oreilles. Je commence à m'aventurer dans l'hôpital, évitant de faire le moindre bruit afin de ne pas alerter les infirmiers de nuit. Mes jambes sont de plus en plus fortes et me portent plus loin à chaque fois, mon dos lui, me fait toujours autant souffrir tout comme mes côtes, mais j'encaisse. Je ne sais ce que je cherche, mais une chose est sûre, il faut que je trouve.
Je passe à côté des chaises d'attente, du distributeur de boissons, de la télévision, des toilettes publiques, du service de radiologie, de cancérologie, ou bien de cardiologie. Je déambule dans les escaliers en m'aidant des murs et de la rampe.
Tout le monde dort, certains ne se réveilleront pas, et quand les infirmiers l'apprendront, ils préviendront les familles, comme pour moi, quand je me suis réveillée. Je pénètre dans une petite salle aménagée pour les patients, un canapé, des coussins y sont installés. Ne pouvant me déplacer davantage, je m'y allonge et ferme les yeux.
***
Je crois que je délire, mais ... J'ai l'impression d'être en plein milieu d'un match de baseball, et je ne rigole pas, j'entends la foule autour de moi. J'ouvre lentement les yeux et réalise que je suis toujours dans la petite salle, la télévision est en marche, et bien sûr un match de baseball est diffusé sur le petit écran !
À côté de moi, sur l'autre sofa, quelqu'un suit la rencontre sportive dans un demi-sommeil. Je me soulève sur un coude pour identifier le dormeur. Mon cœur manque un battement, c'est le garçon d'hier soir. Will. Il est allongé de tout son long, avec le bras droit qui pend dans le vide. Ok Nia, respire, c'est un pur hasard. Oui, c'est ça, un pur hasard ... Saleté de karma ! Je me passe les mains sur le visage et mes cheveux en bataille alors que mon cœur bat à mille à l'heure. Une cafetière est posée sur la petite table avec plusieurs verres en plastique empilés les uns sur les autres, je me sers un verre, le café est encore chaud, et je lis sur l'horloge murale qu'il est un peu plus de sept heures du matin.
Je perçois du mouvement à mes côtés, Will se relève en se massant les tempes, puis le cou. Je n'ai pas bougé d'un pouce, de peur qu'il ne remarque ma présence, mais mes espoirs de passer incognito tombent à l'eau lorsque son regard croise le mien. Je lutte contre moi-même pour ne pas angoisser à nouveau en sa présence.
Je lis de la surprise dans ses yeux, puis un sourire franc se dessine sur son visage.
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Don't Forget How to Breathe
Novela JuvenilUn accident. Ce n'était qu'un accident. Nia se réveille dans un lit d'hôpital après des mois dans le coma. Tout le monde autour d'elle semble connaître la raison de son hospitalisation. Un accident... Pourtant, elle-seule connaît la vérité. C'est u...