Chapitre 2 : Mémoire

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Il fait noir, et froid. Je n'entends rien, à part des bruits de voix humaines. J'ai tellement mal, à la jambe et au bras. Mes oreilles bourdonnent et mes paupières sont lourdes. Je tente tout de même de les ouvrir, sans succès.

- C'est incroyable. Murmure une voix.

Bordel, un effort, aller.

Je papillonne des yeux, alors qu'une lumière m'aveugle. Putain, c'est quoi ce merdier ? Je grimace en me redressant difficilement et sens une main, chaude, se poser sur mon dos puis m'aider à me soulever. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où suis-je ?

J'ai du mal à m'habituer à cette putain de lumière. Au début, je vois des formes floues, des silhouettes noires. Petit à petit, mes yeux s'habituent et je peux discerner des visages humains. Je tourne la tête, à droite et à gauche. Il y a trois personnes à l'intérieur de la pièce où je me trouve. Ça ressemble à une cellule, mais je suis assise sur une table froide. Les murs sont gris, ternes et fissurés. Le sol est jonché de déchets, de feuilles trempées et cet endroit pue l'humidité. La cellule est ouverte et des hommes habillés d'une étrange façon surveillent l'entrée. Ils portent une veste marron avec des ailes entre-croisées.

Les ailes de la liberté ...

Ma tête me fait mal, je pose alors ma main dessus et ferme les yeux. Où est-ce que je suis putain ?

- Kira ? ...

Je tourne ma tête à droite pour observer une femme brune, avec une paire de lunette et sur sa tête, et dans ses cheveux. Elle a l'air choquée, intriguée et perdue.

Kira ... Elle a dit Kira ... Comment connaît-elle mon nom ? Qui est-elle ?

- Tu te souviens ? Tu t'appelles Kira ...
- Je sais. Répondais-je froidement.

Je ne sais pas vraiment comment me comporter, mais cette femme commence à m'enerver. Au lieu de m'appeler, elle devrait plutôt me dire dans quelle merde je suis, m'expliquer pourquoi et me dire comment sortir. Mais non, elle me regarde comme si elle venait de voir un mort.

- Je ... Je m'appelle Hansi ...
- Ok. Dis-je désintéressée.

Je regarde autour de moi, et les deux autres soldats semblent abasourdis. Putain, ils sont vraiment inutiles.

Je lève mon bras gauche, qui est nu comparé à mon bras droit. Ma chemise, si je reconnais bien, est sale et trouée, et mon pantalon marron également. Ma jambe droite est elle aussi à découvert, laissant apparaître un membre immobile qui me fait souffire.

- Où est-ce que je suis ? Demandais-je en regardant ma jambe droite.
- Dans une cellule, à l'intérieur d'un vieux bâtiment abandonné ... Autrefois administré à une sous-partie de l'armée humaine appelée la Section de Recherche et de Développement ...

À l'entente de ce nom, je me fige et reste bloquée. La Section de Recherche et de Développement ... Autrement dit, la SRD ... Un bataillon secret, composé de soldat, créé dans l'unique but de transformer des orphelins en monstres ... Et je faisais partie de ce bataillon. Je me rappelle que j'étais dans la SRD, et j'étais le meilleur sujet. Je suis un monstre ... Et cette salle servait se laboratoire. Je me rappelle qu'on nous y emmenait pour recevoir notre dose journalière, ce qui nous transformait un peu plus chaque jours. Je me rappelle que j'ai dévoré sans aucuns scrupule un soldat à peine rentré dans l'armée ... Je me rappelle que je suis sortie de l'enceinte des trois Murs censés nous protéger des Titans de dehors. Je me rappelle que j'ai eu la peur de ma vie ce jour-là. Je me rappelle que j'ai perdu mon frère. Je me rappelle du Titan Maudit. Je me rappelle de mon arrestation. Je me rappelle de cette cage où je suis restée depuis mes seizes ans.

- Pourquoi est-ce que je ne suis pas enfermée ? Demandais-je à cette femme dénommée Hansi.
- Comment ?

Ma question semble la perturber. Pourtant, ce n'est pas très compliqué ! Je décide de la formuler autrement :

- Pourquoi est-ce que je suis ici, dans l'ancien laboratoire de la SRD, alors qu'il y a plus de dix ans je crois, j'ai été emprisonnée à vie ?

Son visage devient pâle et ses yeux s'arrondissent. Sa bouche forme un "o" et elle laisse retomber ses bras le long de son corps.

- Tu ... Tu ne te souviens de rien ? ...

Dans le ton de sa voix, je perçois de l'espoir et de la tristesse. Me souvenir ? Je me souviens de ma vie avant, alors pourquoi parle-t-elle de souvenir ?

- Si, bien sûr que si.

Elle soupire de soulagement avant de sourire. Hansi s'avance vers moi mais je l'arrête d'un simple geste de la main.

- Je me suis faite arrêtée et jetée en taule. Donc, pourquoi suis-je ici, Hansi ?

Une fois encore, son visage s'assombrit et ses yeux brillent. Des larmes ? Pourquoi des larmes ?

- Tu ne te souviens pas alors ...

Je soupire et pose mes deux pieds au sol. Ça m'énerve vraiment. Je me souviens, c'est évident, alors pourquoi dit-elle ça ?

- Où vas-tu ? Demande soudainement la jeune femme.
- Dans ma cellule. Je déteste cet endroit, il pue la mort.

Je me lève mais vascille vite. Putain, j'ai perdu l'habitude on dirait ... Je m'accroche aux murs puis marche doucement tout en restant droite. Hors de questions que ces humains me voient en état de faiblesse.

- Dégagez. Dis-je aux soldats me bloquant le passage.

On dirait qu'ils attendent l'autorisation de quelqu'un, et je sais, d'après des rumeurs, que c'est Hansi. D'ailleurs, ils ont dû l'avoir puisqu'ils me laissent le passage sans rien dire, et en baissant les yeux. J'affiche un rictus satisfait avant de reprendre ma route, toujours avec l'aide des murs. Cet endroit pue toujours la mort, et j'ai l'impression d'entendre les cris des orphelins. J'ai l'impression de ressentir encore la présence d'un monstre comme moi. J'ai l'impression de sentir, tout près de moi un gosse, prit au piège ... Mais c'est impossible. Ils sont tous morts. Je me revois encore dans ma cage, à pleurer et supplier mon frère de m'aider, de venir me chercher, me sauver. Je ne voulais pas mourir comme les autres. Et finalement ... Je suis la seule survivante.

Le couloir est vide, et laisse bientôt apparaître un autre couloir qui donne sur les cellules, ouvertes et complètement détruites. Cet endroit abandonné a dû être détruit pendant mon emprisonnement. Les cellules sont vides ... Enfin, c'est ce que j'en déduis. Et c'est la solution la plus plausible. Personne ne peut encore y être. C'est impossible. D'ailleurs, je pense que ces soldats m'ont déplacés ici pendant que je dormais, croyant que j'étais morte. Ils voulaient sûrement me disséquer, d'après les rumeurs sur Hansi Zoe, elle adore voire adule les Titans. J'étais sûrement un cadeau de Dieu pour elle.

Oui. Et je le suis toujours. Le Monstre est de retour.


















Note :

Tintintiniiiiiiin ! Ahahhahahhahahhahahahhahahahahhahahahhahahhahahahahahhahahhaha

Vous allez souffrir xD !

Monster - | Shingeki no Kyojin | - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant