Chapitre 5 et 6

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Le choix de Taa


- Moi (dans ma tête) : si seulement maman pourrait me laisser deux minutes la parler… Bon, pas de temps à perdre, faut que j’agis, c’est le moment... de faire revenir grand père à la maison, alors pourquoi je mettrai sa vie en danger en essayant d‘aller la parler alors que le temps presse, la TDM cérébrale doit se faire sans attendre. c’est vrai que cette volonté d’aller recueillir  plus de détail sur elle m’est indicible, mais c’est la situation qui l’impose alors je n’ai pas le choix, je dois me soumettre à cette réalité qui ne cesse de me défier, à moi de la faire face alors et de lutter contre mes sentiments.

Pendant ce laps de temps où je me mettais à méditer du choix que j’allais abdiquer, ma mère qui constatait que je flânais encore une fois de la présence de la jeune fille du docteur, m’appela :
- Maman : Moustapha ! Moustapha ! hey Moustapha !!!
Je me retournais brusquement comme si je venais de me réveiller…alors j’ai répliqué :
- Moi : hun !
- Maman : mais qu’est ce qui se passe, fait vite là, viens m’aider à payer le bulletin…
- Moi : pardon maa, je pensais à grand Taa, j’ai hâte de l’affronter aux échecs encore ! (Hihi, j’avoue que c’était juste une ruse pour me sauver mais j’étais loin de cette idée là)
- Maman : eh bien, pour que cela puisse se produire, vient d’abord qu’on paye le bulletin.
- Moi : d’accord maman allons-y.

Encore une fois, notre rencontre échoua, c’est comme si les dieux de la nature ne voulait pas que je rencontre cette fille qui me donnait tant de frissons, tant de sentiments inconnus, cette fille qui me renvoyait dans le monde des inconscients à chaque fois que je la percevais. Elle semblait être très heureuse dans sa vie actuelle, de plus son père est un docteur de l’hôpital, ce qui veut dire qu’elle se situe à un rang sociale plus élevé que moi… j’ai pas pu entendre mot de ce qu’ils se disaient vu qu’on était dans un hôpital et qu’ils avaient pris la tangente. Aussi je n'ai pas eu le temps d’analyser quoi que ce soit qui pourrait me donner des informations à propos d’où elle pourrait habiter cependant, j’avais trois informations capitales en une seule demi-journée, ce que je n’avais pas réussi durant deux ans: je connaissais le LYCÉE où elle étudiait maintenant (LYCÉE PUBLIC DE MBOUR), son nom de famille qui est KANE et la profession de son père, DOCTEUR. Désormais, la distance qui nous séparait n’était juste qu’une question de temps, la rencontre se dessinait petit à petit. Vu comme ça, je peux garder espoir avec tous ces présomptions bien figés.
Je suis parti avec maman les secondes qui ont suivi notre discussion payer le bulletin pour que grand Taa puisse passer sa TDM cérébrale. Il faisait maintenant treize heures moins sept minutes quand on l’avait déjà payé ; grand Taa fut amené dans la salle de radiologie. A notre retour, la fille du docteur était déjà partie comme je le pensais mais bon je me contentais de ce que j’avais comme info. Nous étions alors seuls maman et moi dans la salle d’attente pour attendre le retour des résultats de la TDM cérébrale et de grand Taa.

À la maison, Amy était de retour du collège alors elle aussi a été mis au courant de la situation mais de façon moins chaotique puisque maman avait appelé Tata Ngoné antérieurement pour l’expliquer que c’était pas la peine qu’Amy vienne à l’hôpital maintenant, qu’elle peut se reposer jusqu’au soir. Elle la fit part aussi de la situation actuelle même si grand chose n’avait pas changé vu qu’on avait juste passé la Radio sans parvenir à un résultat concret. Mais pour ne pas encombrer la tête des petits, ce choix était plutôt judicieux de sa part.

Il faisait alors treize heures cinquante-quatre minutes quand on apercevait grand Taa ramené avec deux clichés. C’était les résultats de la radio, la TDM cérébrale. Alors Docteur Kane saisit les résultats et lança après un court visionnage :
- Dr : le scanner cérébrale n’a pas objectivé des signes de souffrances cérébrales, c’est un bon signe pour le moment.
- Maman : alhamdoulilaaaah, Dieu est très grand !
- Dr : cependant comme je l’avais prédit tout à l’heure, je vais lui instaurer un traitement sous lequel on va le mettre durant ces vingt-quatre heures pour voir comment son état va évoluer.
- Moi : c’est compris docteur. Dit, est ce qu’on peut aller le voir maintenant ?
- Dr : non, attendez qu’il reprenne conscience et mouvement, cela ne devrait pas tarder, on vous appellera dès que possible.
- Moi : d’accord, merci pour tout docteur.

Le muezzin appelait les fidèles à la mosquée maintenant, nous sommes partis faire nos ablutions, ensuite nos prières, on priait surtout pour grand père… une fois fini maman m’a envoyé faire quelques courses pour notre repas et acheter quelques fruits pour grand père au cas où il se réveillerait de son état d’inconscience… j’étais revenu vers quatorze heures et demie et il a fallu attendre jusqu’à ce qu’on ait fini la prière d’AL-ASR (takkussan), c’est-à-dire quatre heures d’attente, pour que le docteur revienne pour nous ré-informer de la situation.

- Dr : j’ai une bonne nouvelle pour vous, monsieur Moustapha a repris conscience et l’état de déficit moteur du côté gauche (paralysie) est levé et est devenu fonctionnel, et aussi il arrive à parler normalement.
- Maman : oh mon Dieu ! Quel soulagement ! c’est formidable ! J'arrive pas y croire ! Merci docteur (maman s'extasiait, reprenait couleur et paraissait plus vivante que jamais…)
- Dr : tu peux aller le voir maintenant, Sokhna. Toi aussi petit Ndiayéne.
- Moi : merci docteur, nous sommes vraiment soulagés, on s’y met tout de suite.

Avant de partir, le médecin nous avait expliqué qu’il s’agissait d’un accident ischémique transitoire, il a ainsi recommandé à grand père de marcher sous le soleil au moins trente minutes par jour et éviter de manger trop gras mais aussi de consulter régulièrement sa tension artérielle.

Nous étions entrés dans la chambre de grand-Taa et avions constaté qu’il était perfusé. On entamer la discussion :
- Moi : grand Taa !! tu nous as fait un grand peur bleu, hhh je savais quand même que t’allais t’en sortir, comment tu vas, tu me vois ? haha quand on rentrera, je vais en profiter pour te battre aux échecs.
- Maman : doucement mon fils, ne lui met pas de pression il vient juste de se reprendre… alors mon oncle, tu vas mieux ? nous t’avons ramené quelques bonnes choses à manger.
- Grand Taa : Je vais mieux Sokhna, mieux que ce matin en tout cas. Et toi petit morveux, arrête de me coller ton surnom débile, combien de fois vais-je te le répéter. J’ai toujours gardé le bâton que j’avais quand j’étais maitre, tu veux des coup (en ricanant) ? Tu es loin de pouvoir me battre même au lit d’hôpital sale p’tit prétentieux (continuant de rire, ses paroles étaient accompagnées de petit toux qui couper ses mots par moments).
- Moi : c’est ce qu’on va voir une fois à la maison ha ha ha… vieux copieur de nom haha (j'étais vraiment heureux).
- Maman : nous voulions juste te voir mon oncle, alhamdoulilah maintenant. Mange un peu et repose toi bien pour gagner plus de force, on reparlera plus tard.

Eh bien, nous avions retrouvé le sourire, très content de voir grand père Moustapha à nouveau échanger des paroles avec nous et de le voir en bon état, c’était un vieux directeur d’école retraité depuis un moment maintenant, il avait une influence sur toute la famille et représentait un monument pour nous et nos voisins. La complicité qui existait entre ma mère et lui m’a toujours ému. Ils entretenaient une relation qui dépassait même celle d'un père et son fils.

Il faisait dix-huit heures moins le quart, alors je devais rentrer chez moi pour rester avec les petits avant de revenir éventuellement le soir.
J’étais loin d’imaginer qu’en rentrant chez moi, j’assisterai à une scène où le danger que je guetterai était plus qu’imminent que m’en sortir indemne serait un miracle… En effet à ma sortie de l’hôpital, après avoir fait quelques pas pour regagner les taxis clandos, j’ai aperçu un petit enfant d’à peu près trois-quatre ans qui traversait la route la tête baissée alors qu’une voiture roulait tout droit vers lui. Celle-ci était à peu prés à quinze mètre et à la vitesse dont elle roulait, freiner avant de le heurter serait mission quasi impossible, alors sans même me poser une question, j’ai choisi d’aller le secourir peu importe ce qu'il m’en coûterait… j’ai détalé alors comme un lapin vers le  petit car j’étais pas trop loin m’interposant entre la voiture et lui quand on pouvait entendre dans un rayon de trente mètre ce bruit brusque de sirène comme celui d’un train à vapeur captivant l’attention de tout le monde, accompagné d’un cri aiguë et désespéré d’une jeune fille : « nooooooooooooooooooon !!!!!!!!!!!!!!!!!!!! mousssaaa »…

Chronique de M. Moustapha: Destin ou FatalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant