Chapitre 45: Le dernier message de Grand Taa ! la lettre cachée

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Il était donc sept heures cinq du matin. Papa n'était pas là alors c'était à son frère Oumar qu'on informa de la situation et il rappliqua aussitôt et nous tint compagnie. Il était huit heures passées de quelques minutes à son arrivée. Khadija fut aussi informée de la situation par Anta apparemment et nous rejoignit donc quelques minutes juste après l'arrivée du proviseur. On dut attendre une trentaine de minutes alors que jusque là, il n'y avait pas âme présente pour nous informer de quoi que ce soit, pour qu'une silhouette blanche ne fasse son apparition. Celui qui fut sorti ressemblait au médecin chef, il se dirigea donc vers ma mère et tonton Oumar et leur dit:
- C'est vous madame Kane, s'adressant à mère !?
- Oui, c'est moi. Comment va mon oncle, dites moi docteur !?
- Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir, mais malheureusement ce n'était pas suffisant pour lui sauver la vie. Votre oncle n'est plus, toutes mes condoléances madame, je suis sincèrement désolé...

La terrible nouvelle qui venait s'abattre sur ma mère à travers les paroles du docteur était si douloureuse qu'elle ne savait plus où elle en était, si dure à encaisser que les glandes lacrymales étaient les premiers à faire leur travail dans l'organisme, suite à ce chocs émotionnel. Larme tombant, les yeux écarquillés, la bouches ouvert, et finalement sortirent les cris. Se propageant dans chaque coin de l'hôpital, le son se dispersa et chaque oreille qui percevait ces ondes sonores puissantes pouvaient ressentir la douleur et la mélancolie de la personne qui les poussait, tellement ces cris étaient pesant. C'était inéluctablement ce genre de réaction dont je m'attendais dans le cas où le pire venait à arriver. Grand Taa est la montagne qui a toujours servi de piquet aux sensibles et fragiles lit que constituait ma mère, lit qui fut brisé énormément dans le passé au point que mère croyait se retrouver au sol à chaque fois sans jamais pouvoir se relever. Mais c'était sans compter sur l'aide de son bien aimé oncle et beau père qui a, à chaque fois, servi de piquet pour faire tenir ce lit aussi longtemps que possible. Et si aujourd'hui maman a pu connaitre le bonheur de fonder une famille et finalement se retrouver avec l'homme dont elle a toujours chéri sans pourtant avoir à ses côtés ni son père ni sa mère la saintes Soukeyna, c'est en grande de partie grâce à l'aide de grand père. Donc perdre une personne si important dans sa vie ne pouvait que ressembler à ce dont j'étais témoin. Larmes, puis les cris, mère s'écroula finalement sur le sol. Gisant au sol, puis rampant comme quelqu'un qui venait de perdre ses pieds, elle pointait vers la direction où fut amené grand Taa à notre arrivée, comme si elle voulait le suivre dans sa demeure actuelle, hélas c'était peine perdue. Ce qui était fait, était déjà fait, nulle ne pouvait le changer. Mon oncle Oumar et Khadija se précipitèrent eux aussi aux sol pour lui faire revenir à elle même, lui remonter un tout petit peu le moral pour qu'elle n'aie plus à adopter ce genre de comportement qui attirait l'attention de tout un chacun passant sur les lieux. Mais leurs efforts étaient vaines, mère ne les entendait pas. Peut être quelqu'un avec qui elle partage des liens très fortes et enfouis bien profondément dans son cœur pourrait y changer quelques choses, quelqu'un comme l'amour de sa vie, mon père Mouhamed, ou alors un de ses enfants comme..., comme moi par exemple.

Justement, qu'est ce que j'étais en train de faire au moment où mère gisait au sol, pourtant j'étais assis juste à trois mètres d'elle avant l'arrivée du docteur.
Eh bien, j'étais comme paralysé pour un bref instant, paralysé par tous mes souvenirs qui se mélangeaient dans cette espace de temps si réduit, mon esprit voyagea et s'envola subitement vers tous les endroits où j'ai pu aller avec grand Taa, me reminiscent de tous les beaux souvenirs que j'ai eu à partager avec lui, de l'enfance à l'adolescence, et de l'adolescence à l'âge adulte. Pour une personne qui n'a pas connu très bien son père (père qui s'est d'ailleurs avéré être mon oncle), j'ai grandi sous sa tutelle, je ne connais que lui au fond de mon être, aussi bien les moments difficiles qu'heureux. Alors j'étais évadé en quelques sorte durant un bref instant jusqu'à ce que Khadija ne se retourne vers moi après avoir tenté maintes fois de consoler ma mère sans succès. C'est à ce moment là que moi aussi je me suis repris, quand Khadija m'a dit en pleurant:
- mais qu'est ce que tu fais cloîtré comme un vieux de quatre vingt dix ans sur ce banc, pourquoi tu ne tentes rien pour venir en aide à ta mère. On sait tous qu'on vient de perdre le bibliothèque de votre quartier, quartier qui sans doute pleureront tous sa perte, y compris déjà moi qui pourtant ne l'a connus que très peu, mais vois-tu mon ami, ta mère la martyre souffre beaucoup trop et je ne vois personne d'autre dans cette hôpital capable de faire quoi que ce soit à part toi. Taa! Taaaa! Cria t-elle, j'ai perdu des gens précieuses dans ma vie! Taaaa! Je connais la douleur de perdre, et c'est le cas pour toi qui a connu ce goût amer très récemment, mais Taa (dit elle maintenant avec la voix basse), le petit peu de temps que j'ai eu à passer auprès de votre famille m'a permise de découvrir une chose que chaque enfant rêverait. Tu es tout pour ta mère, tu es la préférée de ses enfants d'ailleurs, j'en arriverai même à être jalouse de cela puisque je bénéficie pas d'une amour semblable avec la mienne, donc fait quelque chose pour cette personne avant qu'elle ne perde la tête, le destin est cruelle mais l'amour l'est beaucoup plus. On devient fout dès que cette amour n'est plus. Je te présente toutes mes condoléances, Taa, soit fort comme tu l'as toujours été et affronte ton destin encore une fois, rappelle moi cette personne qui m'a tant séduit avec son fameux discours la première fois que j'ai eu à discuter avec toi.

Chronique de M. Moustapha: Destin ou FatalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant