Chapitre 25

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- Ne le prends pas mal, mais je suis bien ici.
- Mais qu'est ce que tu comptes faire ici toute seule ? L'homme la regardait droit dans les yeux.
Lucie en avait plus que marre de ce déjeuner interminable. Elle sentait ses nerfs craquer. Elle n'en pouvait plus, la scène était trop ridicule : l'étranger se croyait responsable de la jeune femme. Elle détestait cet homme et la situation était si absurde qu'elle explosa de rire. Elle rigola quelques minutes et reprit son sérieux :
- Jusque maintenant t'as jamais été là pour moi. Je vois pas pourquoi cela changerait maintenant. Je me débrouillerais toute seule comme je l'ai toujours fait. Je n'ai aucune envie d'écouter les paroles d'un homme tel que toi.
- J'essaie de faire des efforts Lucie ! Je viens vers toi et essaies de te trouver des solutions...
- Tu viens parceque tu n'as pas le choix ! Tu crois que je suis débile ? Tu crois que je vois pas que c'est du bluff tout ce que tu me racontes depuis tout à l'heure ? T'as jamais été là pour moi. Je m'en branle de ce que tu veux que je fasse ou non. La seule chose que j'accepterais de ta part c'est le chèque mensuel que tu me dois.
Elle posa un billet de vingts euros sur la table et tendit la main a l'homme interloqué :
- J'ai tout vu avec l'assistante sociale. Après le bac je ferais probablement une école d'ingénieur . Au pire, il y a une fac pas loin d'ici, je ferais du journalisme ou un truc du genre. J'ai encore le temps de me décider. Et pour ma gouverne, je ne suis pas seule. Si tu prenais de mes nouvelles plus souvent tu saurais que j'ai des amis qui eux sont présents depuis toujours dans ma vie. C'était cool d'être passé mais ce n'est pas la peine de me recontacter car je ne voudrais pas te voir. Je ne veux plus que tu te mêles de ma vie. Je ne veux plus te voir ni t'entendre. Sur ce, salut.
Elle quitta le restaurant et sentit l'air frais contre son visage. Elle était soulagée. Depuis quelques années elle préparait la phrase qu'elle lui aurait dite dès qu'il se serrait décidé à venir lui rendre visite. La conversation n'avait eu aucun sens et chacun était déçu et ennuyé mais elle avait réussit ce qu'elle voulait : taper là où ça fait mal. Qu'avait-il cru ? Qu'elle lui aurait sauté dans les bras ? Qu'elle aurait souri tout le déjeuner en s'écriant qu'elle serait ravie de venir dans la maison d'inconnus, de renouer les liens qu'elle n'avait jamais eu avec un père absent depuis toujours ?
Elle marcha en direction de l'arrêt de bus et profitait sa solitude. Malgré ce rendez-vous qu'elle aurait préféré éviter, elle était de bonne humeur et plutôt joyeuse.

- Pi-to-ya-ble. Souffla Lucie dans le bus en repensant à la scène avec son père. Elle avait un de ses écouteurs et se concentrait sur Kungs. Elle adorait son dernier album et l'écoutait en boucle. Il lui permettait de s'évader un petit peu...
- Qu'est ce qui est pitoyable ? Lança une voix masculine derrière l'épaule de la jeune fille.
- David ?! S'exclama t-elle
Elle était partagée entre la surprise et la déception. Elle ne l'avait pas revu depuis 1 mois et ne savait pas trop comment réagir.
- Lui même. Il lui fit la bise comme s'ils étaient de bons vieux amis.
Ils s'échangèrent quelques phrases, se donnèrent des nouvelles, rigolèrent et parlèrent du temps et du bac qui approchait à grands pas. David ne savait pas pour la mère de Lucie et la jeune fille ne souhaitait pas particulièrement à ce qu'il le sache.
- Je t'emmène boire un diabolo ? Demanda David enjoué.
- J'suis majeure je te rappelle, et j'aurais bien envie d'une bière. Elle lui fit un clin d'œil.
Ils descendirent à la prochaine station et marchèrent en direction d'un café ou d'une terrasse.

Tagada (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant