Chapitre 24

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Dimanche matin, 14h35.
Le salon de thé était remplit et les clients dévoraient leur énorme part de gâteau qu'ils n'allaient probablement jamais réussir à avaler en entier. La jeune fille était installée à l'une des tables et attendait patiemment en sirotant un Coca-Cola. Elle était anxieuse mais tentait de le cacher. Habituellement, elle aimait venir dans cet endroit improbable et chaleureux, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui elle était fatiguée et voulait être partout sauf ici.
- Bonjour Lucie. Lança une voix derrière elle.
- Bonjour. Répondît-elle.
- Je peux ?
Elle acquiesça. L'homme s'installa devant elle et lui fit un petit sourire gêné : tous deux voulaient partir en courant.
- Tu as grandis depuis la dernière fois. J'ai mis du temps avant de te reconnaître en entrant... tu es une jeune femme maintenant. Il essayait d'engager la discussion tant bien que mal.
- Oui. Généralement en 5 ans les gens changent. Elle était froide et direct. Stressée mais sûre d'elle, ce qui déstabilisait son père. Sylvie et Maude vont bien ? Continua t-elle
- Très bien ! Maude est en CP et commence tout juste à apprendre à lire ! J'adore quand elle s'applique en écrivant. C'est fou comme à cet âge les enfants progressent...
- C'est marrant ça. Dit Lucie sur un ton encore plus sec.
- Quoi ? Lança l'homme qui semblait ne pas comprendre la réaction de la jeune femme.
- Tu viens jusqu'ici pour me raconter la vie passionnante de ta petite dernière, alors que toi même t'as complètement délaissé la première. Connard.
Elle s'apprêtait à quitter la table lorsqu'il la retint par le bras.
Habituellement, elle n'aurait jamais dit cela comme ça, elle l'aurait gardé pour elle et n'aurait rien dit. Elle aurait encaissé silencieusement et aurait même fait semblant de se réjouir pour la petite Maude. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui elle lui en voulait de l'avoir laissé, elle lui en voulait d'être parti et de revenir à l'improviste quand cela lui chante. Elle en avait marre. Ce n'était pas juste.
- Lucie, je te demande pardon. Ce n'est pas pour cela que je suis venu jusqu'ici.
- Qu'est ce que tu veux ! Cria Lucie.
Des regardes se tournèrent vers le drôle de couple assis au fond de la salle.
- Je suis venu parler de ta mère.
Elle se rassit. Une serveuse arriva et demanda :
- Voulez vous déjeuner ?
- Avec joie ! Lança l'homme qui visiblement avait faim. Vous faites les galettes ?
- Oui
- 2 galettes complètes s'il vous plaît !
Lucie regardait son père. Comment pouvait-il d'un coup être aussi à l'aise ? Sa mère était morte à peine un mois auparavant et il déjeunait avec l'enfant qu'il avait abandonné. Elle était déçue et admirative mais le gardait pour elle. Il ne fallait pas qu'elle oublie que cet étranger lui avait fait énormément de mal.
- Je n'ai pas faim. Dit-elle sur un ton provoquant.
- Ne dis pas de bêtises ! T'es toute maigre, il faut que tu manges.

Le repas était relativement long pour Lucie qui était très mal à l'aise. Elle s'efforçait d'écouter ce que l'homme lui disait même si elle n'en avait rien à faire. Ils ne parlaient pas de la mort de sa mère, mais évoquaient beaucoup le future de la jeune femme. C'était la première fois qu'il prenait part aux projets de l'adolescente et cela la dérangeait. Comment pouvait-il se permettre d'entrer dans sa vie de cette manière ? Il n'avait jamais participé à rien, et aujourd'hui, sous prétexte qu'elle se retrouvait seule à 18 ans à peine, il venait et imposait ses idées.
- Avec Sylvie nous avons déménagé le mois dernier à Aix en Provence. Nous sommes désormais dans une maison plus grande avec une chambre d'amis. Si tu souhaites venir passer quelques jours de temps en temps, tu es la bienvenue.

Tagada (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant