Chapitre 10 :"Pourrai-je un jour pardonner?"

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Point de vue de Camille



Cela doit faire des heures que je contemple l'étalon. Sébastien et mon grand-père sont retournés vaquer à leurs occupations depuis longtemps déjà. De mon côté, il m'est impossible de quitter l'animal. Il faut que je reste près de lui jusqu'à ce que je comprenne en quoi je dois l'aider. Pour l'instant, mon observation est la suivante: il ne cesse jamais de s'agiter, comme s'il craignait qu'un danger surgisse tout le temps. Cela ne fait aucun doute, il a été profondément blessé, physiquement et psychologiquement.

Je fais quelques pas. Puis, machinalement, je plonge mes mains dans les poches de mon blouson. Sentant que l'une de mes mains touche quelque chose, je saisi l'objet et le sors de ma poche. Tiens, j'y avais fourré une carotte! Une idée me vient alors à l'esprit: on peut appâter n'importe quel cheval avec des carottes. Même le plus dangereux. Lentement, je passe mon bras à travers la grille métallique du manège puis présente ma main à plat, la carotte posée sur ma paume. Remarquant mon geste, l'étalon se stoppe net et plaque ses oreilles vers l'arrière. Il doit croire à une agression. Les minutes passent et je reste ainsi, sans faire un seul mouvement et en respirant calmement. Quant au cheval, il commence à s'approcher très progressivement de moi. Les minutes continuent à défiler et lui à se rapprocher. Il arrive enfin à une distance lui permettant de saisir la friandise. Prudemment, il étire l'encolure et approche son museau de ma main pour sentir l'aliment. Lorsqu'il comprend qu'il n'a plus rien à craindre, il s'empare du légume et le croque sans tarder. Je souris. Ce premier contact avec lui est une victoire pour moi. Alors que personne ne peut l'approcher depuis au moins un mois, j'y parviens en seulement quelques heures. Il tourne à nouveau la tête vers moi et me regarde fixement. Nous venons de franchir un premier pas: celui du contact et de l'acceptation de l'autre. Il est calme, il accepte ma présence. Mais à présent, il faut que je vérifie s'il est apte à recevoir des caresses. Doucement, j'allonge mon bras jusqu'à ce que ma main touche son chanfrein. Aucune réaction. C'est parfait, je peux continuer. Toujours avec douceur, je remue ma main une fois dans le sens du poil, une fois à rebrousse-poil. L'étalon paraît paisible. Mon approche fonctionne à merveille. Soudain, je suis prise d'une envie d'éternuer. Afin de ne pas le brusquer, j'essaye de retenir mon éternuement le plus longtemps possible mais plus les secondes passent, plus ça m'est impossible. Et ATTTCHHHOUUUMMM!! Et ce qui devait arriver arriva. Le cheval prend peur. Il se cabre, hennit, puis par au triple galop. Fichue poussière! Des heures de travail réduites en fumée à cause d'un éternuement. Prenant mon mal en patience, je reste près de l'étalon et attends la fin de sa course folle.Un quart d'heure plus tard, il se calme à nouveau et revient vers moi. Cette fois-ci, je peux le caresser à ma guise et lui murmure " Tu peux te briser à tout instant". Une seconde après, cette phrase m'interpelle. Involontairement, je viens de lui trouver un nom. Désormais, "Cristal" remplacera le "cheval dingo".Le lendemain...C'est avec nostalgie que Roxane et moi venons de quitter le haras. Nous avons passé un week-end magnifique. Elle, parce qu'elle a pu remonter à cheval et parce qu'elle a fait une rencontre qu'elle n'est pas prête d'oublier: j'ai nommé Sébastien! Et moi, parce que pour la première fois depuis des mois, je me suis à nouveau sentie "utile". J'ai réussi à approcher un cheval en qui plus personne n'avait espoir et grâce à lui, je peux enfin commencer à mettre en pratique tout ce que j'ai appris à l'école supérieure.Le trajet se déroule dans le silence. Chacune est perdue dans ses pensées; Roxane la tête tournée vers la vitre et l'air songeur, et moi le regard posé au loin. Lorsque nous arrivons à Paris, je dépose Roxane à son appartement puis je rentre au mien. Comme je l'avais imaginé avant mon départ, je le trouve vide et sans vie. Je me débarrasse de mes affaires puis vais déposer mon sac dans ma chambre. Ensuite, je retourne au salon, où je m'écroule sur mon canapé et sombre dans un profond sommeil, dont je ne me réveillerai que plusieurs heures plus tard.Le samedi suivant...Aujourd'hui, nous sommes samedi. Premier jour du week-end, premier jour de trêve de la semaine... Enfin, pas exactement. Il n'est que 8h05 et pourtant, je suis déjà debout. Contrairement à la plupart des étudiants, je ne m'octroie pas de gigantesques grasses matinées le week-end. Je préfère me lever car j'ai beaucoup de choses à faire. Tout d'abord, il faut que je révise mes cours. Ensuite, j'irais faire les courses puis je nettoierai mon appart (chose que je n'ai absolument pas le temps de faire en semaine). Et mine de rien, tout cela me prendra un bon bout de temps!

Camille Lou: De l'ombre à la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant