Point de vue de Camille
Nous sommes samedi et il est 14h00. J'ai rendez-vous avec Louis dans très exactement trente minutes et je ne vais pas vous mentir, je stresse! En fait, si j'ai bien compté, ça fait à peu près 2 ans que je ne suis pas sortie avec un garçon ("sortie" dans le sens "allez prendre un verre" et non "être en couple"). Depuis Côme en fait... Pour être exacte, nous étions en couple la dernière fois que nous sommes sorti ensemble. Je me rappelle encore très bien de ce soir de juillet où il m'a fait la surprise de débarquer au haras alors qu'il était encore censé être sur Paris. Lorsqu'il est arrivé, j'étais dans le box de Nina, en train de la bouchonner. Il est entré à pas de loup et a passé ses bras autour de ma taille en me murmurant à l'oreille "Je te kidnappe pour ce soir. On va manger au restaurant tous les deux, en amoureux." Chose promise, chose due, et bien que cela n'ait pas vraiment plu à grand-père que sa petite-fille chérie sorte en ville le soir, il m'a amené manger dans ma pizzeria préférée à Maubeuge. Nous avons passé une formidable soirée et si mes souvenirs sont bons, elle fût la dernière de notre belle romance. Je suis encore nostalgique de ma relation avec Côme car il a été mon premier amour. Je l'ai aimé comme je n'avais jamais aimé personne auparavant (mise à part grand-père, bien entendu). Notre rupture m'a brisé le coeur, ou plutôt, il m'a brisé le coeur avec sa musique stupide. Il a tout gâché et si il n'avait pas agi comme un parfait égoïste, nous serions peut-être encore ensemble aujourd'hui. A cause de tout ça (à cause de lui tout simplement!), j'ai créée une carapace autour de mon coeur et je ne laisse personne y pénétrer. J'ai énormément souffert alors je me protège. En résumé, ce n'est pas pour rien que l'on dit que le premier amour est le plus beau mais aussi le plus douloureux. Pourtant, il faudra bien qu'un jour j'accepte à nouveau "d'ouvrir mon coeur".
Ouhlàlà, je parle je parle mais ce n'est pas pour ça que le temps m'attend! A la hâte, je m'empare de mon sac à main, referme la porte d'entrée et détale les escaliers comme une furie. Puis, je cours jusqu'à la station de métro et prend la ligne qui mène au Louvre. Dix minutes plus tard, me voilà arrivée à destination. Pensant être en retard, je consulte l'heure sur mon téléphone: 14h25. Oufff, ça va. Plus détendue, je sors de la station et atterri sur l'immense place. Je me retourne et me retrouve face aux deux pyramides deux verres, le musée du Louvre situé juste derrière. La place est bondé. Mais comment retrouver Louis là-dedans?! Je crois que la seule solution est que je lui téléphone. Mais alors que je commence à peine à chercher son numéro dans mon répertoire, une tête se penche au-dessus de mon épaule et viens me glisser un petit "BOUH!" dans l'oreille. Surprise, je me retourne en sursaut en poussant un petit cri de souris.
-Moi (lui frappant gentiment le bras): Louis! Oh, mais quel idiot! Tu m'as fait peur imbécile!
-Louis: Je ne vais pas te cacher que c'était le but! Bon allez, ça te dis que je t'amène dans le meilleur café de la place?
-Moi: Et comment! Allez, je te suis!
Il me sourit et commence à marcher en direction des cafés et restaurants se trouvant juste en face du Louvre. La place traversée, il continue sa route vers un café chic qui se trouve pile en face du musée. Lorsqu'il nous aperçois, un serveur très bien habillé se dirige vers nous et nous propose une petite table pour deux personnes en terrasse. Nous sommes au mois de novembre mais cette année je dois avouer que nous sommes chanceux car le temps est assez doux. Nous nous installons et regardons la carte pendant quelques instants. Puis le serveur arrive et prend notre commande.
-Louis: Alors, tu prends quoi?
-Moi (refermant la carte): Hum... je pense que je vais prendre un cappuccino. Et toi?
-Louis (refermant la carte à son tour): Un chocolat chaud.
-Le serveur: Très bien jeunes gens. Je vous amène ça dans quelques minutes!
Deux minutes plus tard...
-Le serveur: Et voici! Bonne dégustation!
-Louis et moi (en choeur): Merci!
J'attends que le serveur soit reparti à l'intérieur du café, puis je commence à questionner mon ami.
-Moi: Bon alors dis-moi, pourquoi tu es un super guide?
-Louis: Moi? Un super guide? Oh non, je ne veux pas avoir cette prétention! Bon, plus sérieusement, j'ai commencé des études en Histoire des Arts l'année dernière. Du coup, comme tu l'as sûrement compris, je suis en deuxième année depuis la rentrée. En fait, je voudrais devenir guide historique dans les musées. Et depuis cette année, je fais des mini-stages de deux/trois jours dans quelques musées de Paris comme le Louvre justement, où j'accompagne des guides historiques avec leurs groupes de visiteurs. Et quand on arrive devant un tableau pour lequel je maîtrise à peu près l'histoire, j'en informe le guide comme ça il me laisse la parole durant quelques minutes, ce qui me permet de m'exercer à l'oral devant un groupe de personnes. Voilà pourquoi on me surnomme "le super guide". Pour être honnête, je pense que je ne me débrouille pas trop mal. Mais j'ai encore beaucoup à apprendre avant de devenir un super guide!
-Moi: Eh ben... Guide historique dans les musées... En tout cas, ça a l'air d'être un métier vraiment très intéressant et j'espère de tout coeur que tu réussiras dans cette voie-là!
-Louis: Merci Cam. Et toi, qu'est-ce-que tu fais comme études?
-Moi: Alors, ça risque de te surprendre un peu car ce n'est pas quelque chose de très connu ni une voie qui est choisie par la majorité des étudiants. Pour être exacte, c'est quelque chose d'assez atypique: je fais des études d'ostéopathie équine.
-Louis: Ah ouais? Alors là tu m'apprends un truc! Non pas que je ne te vois pas bien là-dedans, au contraire, mais plutôt que je ne savais absolument pas que ce métier existait. Pour tout t'avouer, je pensais que l'ostéopathie n'était pas encore développée pour les chevaux.
-Moi: Si si, elle l'est. Pas depuis très longtemps, depuis quelques années seulement, mais elle l'est. Mais comme ce n'est pas encore un métier bien reconnu, il n'existe que trois écoles école en France: Paris, Toulouse et Lyon. Et comme Paris était la ville la plus proche de chez moi, je m'y suis inscrite pour passer l'examen d'entrée. C'était risqué de s'inscrire que pour un seul exam car comme il était était en mai, si je n'étais pas prise je pouvais dire adieu aux études pour cette année sachant que les inscriptions sont bouclées fin juin! Mais bon, comme je ne suis pas issue d'une famille aisée, je n'avais pas les moyens de passer trois examens d'entrées me permettant d'échouer dans deux écoles et d'être sélectionnée dans une. Du coup, je n'avais pas le droit à l'erreur. Et puis comme par miracle, j'ai été retenue.
-Louis: Ouahou... Tu as vraiment du mérite car j'imagine que les examens d'entrées sont assez balaises. Alors t'y inscrire qu'à un seul, c'est-à-dire sans aucune sécurité par derrière, et en plus de ça le réussir, alors là je te dis bravo!
-Moi: Merci beaucoup.
-Louis: Et alors du coup, j'imagine que tu fais de l'équitation?
-Moi: Exactement! En plus, je vais plus qu'en faire: j'y baigne dedans.
-Louis (d'un air interloqué): Euh... alors là, je ne te suis plus.
-Moi (riant, amusée): En fait, j'habite dans un haras. Mon grand-père en est le propriétaire. J'ai une jument qui s'appelle Nina, et avec qui je participe à des compétitions de voltige.
-Louis: Ah ouais, carrément! La voltige? Eh ben décidément, plus tu parles, plus tu m'épates!
-Moi (rougissant): Mais ça ne fait que quatre ans que je la pratique. En fait, lorsque j'ai eu quinze ans, j'ai eu comme un "ras-le-bol" de l'équitation classique à cause de la rigueur du dressage et du saut d'obstacle. Sauf que comme je suis une passionnée et que je ne voulais pas arrêter de monter, j'ai trouvé la voltige. Du coup, je ne fais quasiment que ça même si je continue à pratiquer l'équitation classique environ une fois par mois histoire de ne pas perdre les bases.
-Louis: Très intéressant... Au fait, tout à l'heure tu disais que ton grand-père est le propriétaire du haras où tu vis. Du coup, j'imagine que tes parents sont aussi du métier?
Oh non... Mais pourquoi ils se sentent tous obligés de me poser une question les concernant? Alors, comme à chaque fois qu'on me parle d'eux, je baisse la tête et après un petit temps d'hésitation, la relève et donne la réponse qui fait mal.
-Moi: Non. Ils sont morts quand j'avais quatre ans. Et ma mère était vétérinaire, et mon père architecte.
Louis est horriblement gêné et confus, je le lis sur son visage. Il détourne le regard, bouge sur sa chaise, toussote...
-Louis: Je... je suis sincèrement désolé. (prenant sa tête entre ses mains) Râââ, mais quel con!
-Moi (posant une main délicate sur son bras gauche): Non, ne t'en fait pas. Tu n'y es pour rien. Tu sais, tu es loin d'être le premier à faire la bourde!
-Louis: Oui je m'en doute bien. Mais je suis désolé quand même. Vraiment désolé. Je t'ai blessé involontairement en te parlant de tes parents. Excuse-moi Cam.
Le pauvre. Je suis mal à l'aise pour lui. Il est tellement gentil... Il tient à moi et je sens que je peux lui faire confiance. Alors, pour la première fois depuis des années, je décide de lui livrer le récit de la mort de mes parents.
-Moi: Je me rappellerais toujours de leur départ.
-Louis: Tu sais Cam, si tu ne veux pas raconter, je comprends tout à fait. C'est un souvenir très douloureux et...
-Moi (l'arrêtant en posant une main sur la sienne): Non. J'ai envie que tu saches. Ça fait des années que je n'en ai pas parlé car grand-père n'aime pas que je parle d'eux. Sauf que pourtant ils ont existé et ils ne faut pas les oublier!
-Louis (prenant sa main dans la mienne): Comme tu voudras. C'est toi qui décide.
-Moi (prenant une grande inspiration):...
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Camille Lou: De l'ombre à la lumière
Fiksi Penggemar"Je m'appelle Camille Houssière. Orpheline depuis l'âge de 4 ans, j'ai aujourd'hui 19 ans. A la mort de mes parents, j'ai été recueillie par mon grand-père, qui m'a élevé dans son haras comme sa propre fille. J'ai grandi au milieu des chevaux. Souve...