Chapitre 9:"Libre comme l'air"

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Point de vue de Camille

Contrainte de retourner au Zénith à cause de l'heure qui tourne, je quitte le parc et rejoins le bâtiment. Après les avoir surpris en train de s'embrasser, je suis sortie du Zénith en courant et je me suis rendue au parc qui se trouve juste à côté. Je me suis assise sur un banc et j'ai pleuré durant de longues minutes. Puis, j'ai fait plusieurs fois le tour de l'espace vert et actuellement, je marche en direction de mon lieu de travail. C'est idiot, mais le fait de savoir que Louis est en couple me blesse. Ou plutôt, je crois que c'est le fait de savoir que sa copine est la pire des garces qui me blesse. Je ne peux pas croire qu'il l'aime. Hier encore, il me courait après et se foutait royalement d'elle. Et aujourd'hui, comme par hasard, il sort avec elle! C'est ce que j'appelle faire un virage à 360°. Peut-être que je me trompe mais je pense que Louis fait ça pour me blesser. Il sait très bien que je la déteste alors il doit se dire que je ragerai en les voyant ensemble. Et c'est triste à dire, mais c'est réussi. Pourtant j'aime Côme. Mais ça me fait quand même quelque chose. Je considérais Louis comme un véritable ami et j'avais l'impression qu'on était sur la même longueur d'onde. Je me sentais tellement bien avec lui que je lui ai même confié le secret de la mort de mes parents. Chose que je n'avais pas racontée depuis des années. A présent, le fait que nous soyons en froid et qu'il sache mon souvenir le plus douloureux me donne une impression de nudité envers lui. Et du coup, je regrette de tout lui avoir dévoilé.


Je pénètre dans le Zénith et après avoir enfilé ma tenue de travail, je me rends au réfectoire où je rejoins la table de Roxane, Zaho et Charlie.


-Charlie: Salut Camille! On t'a cherché partout! T'étais où?
-Moi (m'asseyant à côté de Roxane): Pas là!
-Zaho: Hashtag blague de merde! Non mais plus sérieusement, Cam. T'étais où?
-Moi: Euh... je...euh... j'étais au parc. En fait, j'ai surpris Louis et Ruby en train de s'embrasser. Ça m'a fait un choc et j'ai eu besoin de prendre l'air.
-Charlie (prenant sa tête entre ses mains): Oh, misère!
-Moi (les regardant tour à tour): Comment ça? Bon maintenant ça suffit! Vous allez me dire ce qui se passe!
-Roxane: Ruby a monté le bourrichon à Louis. Elle lui a parlé de votre accrochage de samedi et elle lui a fait croire que c'était toi qui l'avait agressée. Elle a inversé vos rôles.
-Moi (ahurie): Quoi?!?! Et imaginez un peu qu'elle aille raconter n'importe quoi à M.Delort? (me lamentant) Vu l'influence qu'elle a, je suis sûre que je vais être virée!
-Zaho (me frottant amicalement l'épaule): Ne dis pas ça Cam. Tu en parles comme si c'était déjà fait. Et puis dans le pire des cas, on pourra témoigner avec Rox et Jess.
-Moi (relevant la tête): C'est vrai? Vous feriez ça?
-Roxane: Mais bien sûr! Nous sommes tes amis et nous ne voulons pas te perdre!
-Moi: Merci les copains. Bon, je retourne dans les loges.
-Roxane: Tu es sûre? Tu n'as même pas fini de manger!
-Moi (me levant de table): Merci mais je n'ai plus très faim... A tout à l'heure.


Sur ce, je sors du réfectoire. Mais alors que j'arrive au milieu du couloir, une voix m'interpelle. Je la reconnais immédiatement: il s'agit de celle de Louis.


-Moi (sans me retourner): Qu'est-ce-que tu me veux?
-Louis: Te parler de ton comportement de samedi soir!
-Moi: Il n'y a rien à dire! Si tu es assez sot pour croire ton imbécile de Ruby, ce n'est pas la peine d'en discuter!
-Louis: D'abord, Ruby n'est pas une imbécile! Ce n'est pas toi qui parlais d'apprendre à connaître les gens avant de les juger?! Et puis arrêtes de nier et d'inverser les rôles, Camille. Je sais très bien que c'est toi qui a agressé Ruby.
-Moi: Ah oui? Et qu'est-ce-qui te le prouves?! T'étais là pour le voir?!
-Louis: Non mais j'ai confiance en Ruby. Et puisque tu refuses d'admettre ta faute, j'irais parler à mon père demain!
-Moi: C'est ça, joue sur ta position! Espèce de fils à papa...
-Louis: Tu me parles autrement! Et puis regarde-moi quand je te parles!!


Ses dernières phrases me piquent au vif. Non mais je rêve! Il se prend pour qui pour me parler sur ce ton?! Perdant mon sang froid, je me retourne brusquement et me rapproche rapidement de lui.


-Moi (lui crachant presque à la figure): Tu te prends pour qui pour me parler comme ça petit c**?!?! T'es pas mon père!!
-Louis (rapprochant son visage du mien): Eh ben non, j'suis pas ton père! Et puis c'est normal puisque t'as pas de père!



J'ai un mouvement de recul. Comment peut-il oser dire ça? Ce qu'il me fait avec Ruby est impardonnable. Mais ce qu'il vient de me dire me prouve une nouvelle fois que j'ai eu tort de lui confier mon secret. Il a fait exprès de me dire ça. A présent, son seul but est de me blesser. Je le hais.


-Moi (reculant de plus en plus): Casse-toi. Ne m'approche plus. Ne me parles plus. Sors de ma vie. Tu n'existes plus pour moi. Tu es mort. Tout comme tu viens de me tuer il y a un instant.
-Louis (essayant de se rapprocher): Camille, je suis sincèrement désolé! C'est sorti tout seul, sur le coup de la colère! Je m'en veux! Excuse-moi, je n'aurais jamais dû dire ça!
-Moi (sans cesser de reculer): Si tu l'as dit, c'est qu'au fond de toi tu le pensais. Ruby t'as complètement métamorphosé. Une nouvelle fois, elle a réussi à répandre son venin. Elle m'a prit mon seul véritable ami garçon. (me retournant brusquement, puis marchant en direction des loges) Tu expliqueras à ton père pourquoi je ne suis pas là ce soir. Et d'ailleurs, tu l'informeras que je vais déposer ma démission dans les prochains jours. Libre à toi de lui dire la vérité ou de lui raconter des craques sur la raison de mon départ. De toute façon, je ne remettrais plus jamais les pieds ici. A présent, tout ce que tu pourras lui raconter à mon sujet m'est bien égal. Je te charge également de dire à mes amis que je les recontacterai pour tout leur expliquer. J'espère que tu auras assez de coeur pour leur transmettre le message.
-Louis (essayant de me retenir en m'attrapant le bras): Attends Camille! C'est du délire complet! Tu ne peux pas partir comme ça sur un coup de tête!
-Moi: Si je peux le faire. La preuve, je prends mes affaires et je me casse. Et lâche-moi, ou je hurle. (le regardant droit dans les yeux) C'est clair?


Il me relâche et me laisse partir dans les loges. Je me change et prends toutes les affaires se trouvant dans mon casier. Je laisse les clés dessus et sors des loges par l'issue de secours. Je sais que je n'en ai pas le droit mais connaissant Louis, il est capable de m'attendre derrière la porte des loges. Au moins, je suis sûre qu'en passant par-là, je n'ai aucune chance de le croiser.


Je suis le chemin habituel pour rentrer chez moi. Puis, arrivant devant ma porte d'entrée, j'enfonce la clé dans la serrure et déverrouille la porte. Je pénètre alors dans mon appartement et referme la porte, tout en me débarrassant lentement de mes affaires. Côme regarde la télé, confortablement installé sur le canapé, une canette de bière à la main et un plateau-repas posé sur la table-basse.


-Côme: Salut mon coeur! T'es déjà rentrée?
-Moi: Oui.
-Côme: Le concert a été annulé?
-Moi: Non.


Ma dernière réponse le laisse perplexe. Il m'observe de la tête aux pieds. J'ai l'impression qu'il est en train de lire à l'intérieur de moi et de découvrir ce que je lui cache, ça me gêne. Faisant comme si je n'avais rien remarqué, je me dirige vers le coin cuisine et me sers un verre d'eau.


-Côme (me regardant fixement): Au fait, je fume des joints.
-Moi (le regardant en recrachant presque le contenu de mon verre): Pardon?!
-Côme (retournant sa tête vers la télé et répond d'un air amusé): Non rien. C'était juste pour te faire réagir parce que ton histoire de "oui-non" ça marche pas avec moi. (me regardant à nouveau) Cam, je vois bien qu'il y a un truc qui va pas. J'aime pas te voir comme ça. S'il te plaît, dis-moi ce qui se passe.


Je soupire et le rejoins sur le canapé. Je m'assois sur le bord, pose mes coudes sur mes cuisses, croise mes mains et regarde fixement le sol. Puis je prends une grande inspiration et je me décide enfin à lui parler. Il est temps qu'il sache la vérité. Mon mensonge a tellement pris d'ampleur qu'il risquerait de gâcher notre couple au fil du temps.



-Moi: J'ai quitté mon boulot.
-Côme: Quoi?! Mais pourquoi?!
-Moi: En fait, il y a plusieurs choses que je ne t'ai pas dites.


Je prends une grande inspiration, puis commence mon récit.


-Moi: Alors voilà: lorsque je suis arrivée dans le service, je me suis rapidement liée d'amitié avec Louis, le fils de mon boss, qui est aussi mon référent. Et puis, plus le temps passait plus on se rapprochait. Je me sentais tellement bien avec lui que je lui ai même raconté l'histoire de la mort de mes parents. L'après-midi même du soir où on s'est revu, je commençai même à me demander si je ne pourrai pas envisager quelque chose avec lui. Sauf que voilà, on s'est revu, j'ai réalisé que je t'aimais toujours autant et on s'est remis ensemble. Par correction, je comptais en informer Louis mais il l'a apprit autrement. Et il l'a... très mal prit. Bon, autant que tu saches tout, je crois qu'il nous a espionné lorsque tu es venu me chercher hier à la FAC. Du coup, lorsque j'ai voulu lui parler de nous deux, il s'est mit en colère. Ça a dégénéré, il a t'as jugé sans te connaître, ça m'a pas plu alors je l'ai giflé 3 fois. Comme on s'est engueulé dans le couloir du personnel, tout le monde en a profité (y compris le boss) et ça nous a valu une convocation dans son bureau, où je me suis tout particulièrement fait remonter les bretelles car j'ai fait preuve de violence. Après cela, Louis a voulu se venger en se mettant en couple avec la bitch de l'équipe. Ça a donné lieu à une seconde dispute et il a prononcé les... les mots qui font mal au sujet de mes parents. Alors j'ai décidé de tout quitter. Cette situation ne pouvait plus durer.


J'éclate en sanglots. J'aime Côme mais ce qui s'est passé avec Louis m'a beaucoup blessé. Pour tout avouer, je commençais à vraiment m'attacher à lui. Côme me prend dans ses bras et m'embrasse tendrement sur la tête.


-Côme (rageant tout en me câlinant): Quel bel enfoiré! Il ne méritait pas ta confiance ni la révélation du secret de la mort de tes parents. Tu lui a confié tout ça parce que tu lui faisais confiance et tout ce qu'il a trouvé à faire, c'est s'en servir pour te blesser. Tu as pris la bonne décision. Et je te jure que cet enc*** ne t'approchera plus jamais. Et si jamais il s'y avise, il recevra mon point sur la gueule! Je vais lui apprendre qu'on ne fait pas des scènes aux gens sous-prétexte qu'ils ne font pas ce que l'on veut et qu'on ne fait pas souffrir des gens qui nous on livré leurs souvenirs les plus douloureux. Je te protègerai toute ma vie, Cam. Tu es mon sang. Sans toi, je ne suis plus rien. Et je peux t'assurer que je vais te rendre tout ce sang en me vouant à toi.


Son étreinte avait parvenu à atténuer quelque peu mes larmes, mais son discours me touche tellement que je pleure à nouveau. Il est vraiment l'homme parfait, celui que lorsqu'on est enfant, on appelle toutes "prince charmant". Lui aussi il est mon sang. Il est mien, je suis sienne. Je détache alors mes bras qui enlaçaient son buste et je m'installe à califourchon sur ses genoux, où je viens capturer ses lèvres. Puis je m'en détache un peu afin de lui murmurer ces quelques vers, tout droit sorti de l'une des chansons qu'il interprète dans "Le Rouge et le Noir".

Camille Lou: De l'ombre à la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant