Chapitre 25:"La vengeance est un plat qui se mange froid"

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Point de vue de Camille


Je pousse un cri d'effroi lorsque je découvre Delâage allongé sur le sol. Le commandant Marquand, imperturbable, a encore le flingue braqué sur le criminel. Pourquoi a-t-il fait ça? Pourquoi l'a-t-il tué? Je voulais l'humilier, le faire payer d'avoir ruiné ma vie. Je voulais qu'il subisse, je voulais qu'il souffre et qu'il crève de honte. Mais pas qu'on le tue! Il ne souffre plus ; il ne souffrira plus jamais. A quoi va me servir ce cadavre?! J'ouvre la bouche pour hurler de rage. Au même moment, Aurélien se redresse.


-Fred Marquand (gardant le pistolet braqué sur lui): Si j'étais toi je bougerais pas!
-Moi: Il n'est pas mort!
-Fred Marquand: Non, j'ai tiré à vide. (s'adressant aux autres flics) Menottez-le, qu'on en finisse.


Les policiers s'exécutent, puis traîne Aurélien par le bras. Lorsqu'il passe devant moi, il me jette un regard des plus noirs, mêlant colère et incompréhension. Je le regarde de haut, avec fierté et satisfaction. Les 2 flics l'obligent à se retourner. Je ne le quitte pas des yeux jusqu'à ce qu'il soit chargé dans la voiture. Marquand range son arme et rejoint ses collègues en trottinant. Je suis clouée sur place, sidérée par toutes les émotions qui m'ont traversé en si peu de temps. Maternelle, Alice s'approche de moi et me prend doucement le bras. Du regard, elle m'intime de la suivre. Nous sortons lentement du bois et traversons le domaine du Dorée jusqu'à atteindre les voitures banalisées.


Quelques jours plus tard...

Je marche en direction de l'hôpital. Choquée par l'arrestation d'Aurélien, je ne suis pas sûre que cette venue obligée en urgence améliore mon état. En effet, ce matin-même, j'ai reçu un coup de fil du docteur Leclerc. Ce dernier, un peu paniqué, me suppliait de venir en urgence à l'hôpital. Il a les résultats de mes analyses de sang. Je sens que ça n'annonce rien de bon. J'entre dans le bâtiment puis parcours les étages jusqu'à son cabinet. Pour une fois ponctuel, il m'invite à entrer.


-Dr.Leclerc: Je vous en prie Camille, entrez. (il me désigne le fauteuil) Asseyez-vous.


Il s'assoit à son tour, chausse ses lunettes et froisse une feuille de papier nerveusement. J'essaie de capter son regard mais je sens qu'il m'évite. J'angoisse au possible. Il va m'annoncer une mauvaise nouvelle, c'est certain. Au bord du malaise, je l'interpelle d'une petite voix.


-Moi: Docteur Leclerc?
-Dr.Leclerc: Veuillez m'excuser. Alors voilà, si je vous ai demandé de venir aussi rapidement, c'est parce que j'ai les résultats de vos analyses sanguines.
-Moi: Et elles sont mauvaises, c'est ça? Je vous en prie docteur, dites-moi! Je suis très angoissée!


Contre toute attente, il presse ma main gauche dans la sienne et pose sur moi un regard bienveillant. Le sourire aux lèvres, il m'annonce.


-Dr.Leclerc: Vous êtes enceinte mademoiselle.


Je le regarde, sidérée, les yeux ronds comme deux énormes billes. C'est impossible, j'ai mal entendu c'est sûr. Il m'a annoncé que j'ai cancer mais je suis tellement obsédée par cette surréaliste idée de maternité que mon cerveau a tout déformé. Cependant, je crois bon de m'en assurer.


-Moi: Pardon?
-Dr.Leclerc: Camille, vous êtes enceinte!


Pas possible. Je me recule dans mon fauteuil afin d'avoir une vue plus panoramique de son visage. Je l'observe longuement en plissant les yeux. Maintenant c'est sûr, il se fout de moi.

-Moi: Je ne suis pas sûre d'avoir très envie de plaisanter avec ça.
-Dr.Leclerc: Mais je vous assure, je suis très sérieux !!
-Moi: Attendez, vous me l'avez dit vous-même: je suis stérile ! Alors c'est impossible ; vous vous êtes trompé. Refaites ces analyses.
-Dr.Leclerc: Regardez : (il s'empare vivement de mes feuilles d'analyses et les parcourt du doigt jusqu'à tomber sur un résultat visiblement intéressant) ici, c'est votre taux d'hormones HCG. En temps normal, son taux est d'environ 0 chez une femme non fécondée. Dès le début de la grossesse, celui-ci augmente fortement jusqu'à atteindre un pic très important. Or, le vôtre est proche de 100 000 ! Je suis donc formel. Vous êtes enceinte, mademoiselle Houssière. De deux mois.


J'ai tout juste le temps de poser une main sur ma bouche pour étouffer l'immense sanglot de joie qui saisi tout mon corps. Alors je n'ai pas rêvé. Je suis bien enceinte. Moi, Camille Houssière, je porte la vie! Enfin! J'ai attendu ce moment tellement longtemps ! Je n'y croyais tellement plu, plus aucun espoir n'était en moi.


-Moi (entre deux sanglots): Mon Dieu... C'est formidable.
-Dr.Leclerc: Il va falloir songer à programmer la première échographie. Quand seriez-vous disponible?
-Moi: Oulàlà... Je vais d'abord annoncer la nouvelle à mon compagnon et puis nous verrons ça ensemble. Cet enfant, il le veut autant que moi. C'est très important pour lui d'être présent.
-Dr.Leclerc: Bien entendu, je comprends. Bon dans ce cas, vous lui en parlez et dès que c'est bon pour vous vous m'appelez?
-Moi: Parfait!
-Dr.Leclerc (il se lève et m'invite gentiment à me diriger vers la sortie) : Je suis vraiment ravie, Camille. Vraiment. Je suis beaucoup de patientes souffrant de stérilité due notamment à l'endométriose et vous êtes la première qui parvient à tomber enceinte. Comme quoi, il faut toujours garder espoir. Vous êtes ma miraculée, mademoiselle! (il me tend la main) A très bientôt, prenez soin de vous.
-Moi: Je vous remercie beaucoup. Ce que vous me dites me va droit au coeur. Au revoir, docteur.


Je sors du cabinet et rejoins l'allée principale de l'hôpital. Je descends une à une les marches du grand escalier. Encore sous le choc de l'annonce, je déplie mes analyses et pointe du doigt le taux d'HCG, comme pour vérifier que ce n'est pas une illusion, que le taux n'a pas changé depuis ma sortie du cabinet. 99 850. Rien ne s'est modifié ; tout cela est donc définitivement bien réel. Une fois dehors, je m'empresse de composer le numéro de ma meilleure amie afin de lui annoncer la bonne nouvelle. Tout comme moi, elle est au bord des larmes.


-Roxane: C'est formidable, Cam ! Je suis tellement heureuse pour toi ! C'est une véritable revanche sur la vie, ça!
-Moi: Ouais... j'avoue que j'arrive pas vraiment à réaliser.
-Roxane: Oh mais tu verras ! Les nausées et les contractions se chargeront de te faire comprendre que tout cela est bien réel!
-Moi: Oh non, dis pas ça! Pitié!


Soudain, sa voix se crispe. Je sens qu'elle veut me dire quelque chose, mais qu'elle n'ose pas de peur de gâcher ce si beau moment.


-Moi: Que se passe-t-il Roxane? S'il y a un problème, je préfère que tu m'en parles et maintenant!
-Roxane: C'est que... Il va falloir que tu dises la vérité à Côme maintenant. Tu ne pourras pas élever cet enfant dans une totale sérénité si tu continues à lui mentir. Il a le droit de savoir, Cam!
-Moi: Je sais, tu as raison. Mais j'ai tellement peur de sa réaction! Et si il m'abandonnait?! Comment je vais m'en sortir, seule, enceinte, et après avec un bébé sur les bras?!
-Roxane: Mais tu viens de le dire! Tu es enceinte, Cam! Et il veut cet enfant ! C'est justement pour ça qu'il ne va pas t'abandonner.
-Moi: Tu as raison, Rox. Mais je lui en parlerai après le procès. J'ai besoin de lui pour me soutenir jusque là.
-Roxane: Bien sûr, je comprends totalement. Bon ma Camillette, on se dit à ce soir au Zénith?
-Moi: Oui oui, je serais là. Faut que je profite à fond de ces derniers mois avant de prendre mon congé maternité!
-Roxane: Ah ah ah ! Allez, à tout, bisous.


Je raccroche, pensive. Comme elle a raison. Ce mensonge me rattrapera. Il faudra que je parle à Côme, quelques en soit les conséquences.


Quinze jours plus tard...

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 01, 2018 ⏰

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Camille Lou: De l'ombre à la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant