Chapitre 11: "Le dossier"

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Point de vue de Camille




J'ai tenu ma promesse: je suis retournée au Zénith lundi soir. Toute l'équipe était ravie de me revoir, et plus particulièrement Zaho, Charlie, Roxane et Jessica. Je dois avouer que je suis heureuse, moi aussi, d'y être revenue. Et dire que je le dois à Louis... Le fait qu'il soit redevenu celui que j'ai connu lorsque j'ai commencé à travailler au Zénith me fait énormément plaisir. Mais je ne suis toujours pas prête à renouer avec lui. Il a commit trop d'erreurs. Et puis maintenant que j'ai tout raconté à Côme, je ne me vois pas lui dire "Au fait, je revois Louis. Tu sais, le gros con à cause duquel je suis rentrée en pleurs et profondément blessée il y a quelques semaines." Je continuerai donc à laisser de la distance entre Louis et moi pour sauver mon couple. Parce que Côme compte plus que n'importe qui pour moi.

Ce week-end, je retourne au haras. Comme Côme était là, je n'y suis pas allée le week-end dernier. Sauf que cette semaine, il est primordial que je m'y rende afin de poursuivre la rééducation de Cristal. Le seul hic, c'est que maintenant que j'ai repris mon poste au Zénith, je ne peux plus partir le vendredi après-midi. Du coup, je prendrai à présent la route le samedi matin, aux aurores.



Samedi matin...


Il est 5h30. Je referme lentement la porte de mon appartement, mon sac sur l'épaule et en étouffant un baillement. Je suis crevée. Se lever à 5h00 un week-end après une semaine de cours, c'est de l'auto-maltraitance. Ceci dit, je l'ai choisi. Et ce qui m'attend au haras me rappelle que j'ai pris la bonne décision. Je descends les escaliers, puis je sors de l'immeuble. Ça y est, je suis repartie.


Quelques heures plus tard...


Ma petite 206 s'engage sur le chemin caillouteux puis le remonte non sans mal avant de venir se garer à sa place habituelle, devant la maison. Je suis heureuse de constater que je suis, comme lors de ma première visite quinze jours plus tôt, très attendue. Après avoir embrassé grand-père puis Sébastien, je m'empresse de prendre des nouvelles de mon petit protégé.


-Moi: Comment va Cristal?
-Sébastien (d'humeur taquine, comme à son habitude): Eh bien nous ça va, nous te remercions de t'en inquiéter.
-Moi (le foudroyant du regard): Seb!
-Sébastien: Bon bon, si on peut même plus faire de blagues... Il va bien ton fou-furieux. L'espace, la vue sur le monde qui l'entoure et l'air frais de la campagne lui ont fait le plus grand bien. Mais il n'est pas guéri pour autant, ça non! Même si il s'est un peu calmé, il a toujours de nombreuses crises où il se met à galoper dans tous les sens et à hennir très fort. Et il ne se laisse toujours pas approcher.
-Moi: OK... Y a plus qu'à espérer qu'il accepte encore mon contact. Allez, je vais le voir.


Je tourne les talons et fais quelques mètres, puis Seb m'interpelle à nouveau.


-Sébastien: Cam!
-Moi (me retournant): Oui?
-Sébastien: Il faudra aussi que tu trouves un moment pour examiner Neige. Il a perdu un fer le week-end dernier en promenade et ça l'a déséquilibré au niveau du bassin.
-Moi: OK, je regarderai ça.


Je passe par la cuisine pour prendre quelques carottes afin de pouvoir appâter Cristal puis je me dirige vers le manège qui l'abrite. L'animal est lancé à sa propre poursuite mais dès qu'il sent qu'il n'est plus seul, il se stoppe net. Il devient raide, son encolure est tendue et sa tête est relevée. Il guette un danger. Afin de le rassurer, je m'avance calmement vers lui en lui parlant à voix basse. Lorsque j'atteins la grille métallique du manège, je passe un bras à travers et lui tend la carotte. Je lis dans son regard qu'il me reconnaît et qu'il sait que je ne lui veux pas de mal. Mais pourtant, il est encore sur ses gardes. Il avance, puis recule. Il ne sait s'il doit fuir ou bien s'approcher. Au bout d'une bonne dizaine de minutes à imaginer dans sa tête toutes les solutions possibles et inimaginables, il finit par se détendre et s'approche prudemment de moi. Comme la fois précédente, il dévore la friandise puis se laisse caresser.


Les minutes défilent. Cristal est toujours paisible. La première partie du travail est allée très vite. C'est bien. A présent, il est temps pour moi d'explorer en lui de nouveaux horizons. Je veux voir comment il réagit lorsqu'un humain se tient face à lui, sans qu'ils ne soient séparés par une barrière ou par un grillage. Alors, je me penche doucement et passe une première partie de mon corps à travers la grille. Ma partie droite se trouve à présent dans le manège et je me tiens prête à l'en ressortir aussitôt si l'étalon réagit mal. Je le fixe du regard afin d'observer son comportement. Il se dresse brusquement et se tient sur ses gardes. Mais il ne paraît pas agressif pour autant. Je décide donc de poursuivre mon expérience: cette fois-ci, c'est mon corps tout entier qui s'introduit dans le manège. Je me plante juste devant la grille et me tiens droite comme un piquet. La réaction de l'étalon est toujours la même. C'est parfait. Je m'avance vers lui à pas lents. C'est à ce moment-là que cela dégénère. Cristal se campe sur ses postérieurs et fait plusieurs ruades dans des hennissements violents. Puis, il s'apprête à se jeter sur moi au galop, mais j'essaye de calmer le jeu.


-Moi (d'une voix calme et en reculant progressivement): Ohhhh là! Du calme, mon grand! Je ne vais pas te forcer la main. On va procéder autrement: c'est toi qui viendra à moi quand tu le sentiras. C'est toi qui décide, Cristal.

Je n'étais pas très rassurée en prononçant ces paroles mais elles ont apaisé le bel étalon. Il secoue la tête et souffle des naseaux en signe de relâchement. Pourtant, il ne bouge pas d'une semelle; il ne fait aucun pas vers moi. Je sors alors mon second appât (heureusement que j'avais pris le stock!) et le positionne sur ma main, que je tends à plat. Et là, ça y est! Son attention est captée! Il ne quitte plus la carotte des yeux et se dirige vers moi, mais attention, toujours à pas lents et en restant très prudent.
Au bout de quelques minutes, il atteint enfin l'aliment et le croque sans tarder. De mon côté, je lui caresse la tête et l'encolure dans le sens du poil. Comme je le sens calme et apaisé, je tente même de poser ma tête sur son chanfrein. Là encore, tout se passe bien.


-Moi: C'est très bien, Cristal. Tu progresse vite et tu es très courageux. On pourra passer à la longe très bientôt.


Afin de ne pas le brusquer, je le quitte progressivement: je commence par me détacher doucement de lui, puis je me dirige vers la sortie du manège en reculant très lentement. Lorsque j'atteins la grille, je procède de la même manière que lorsque je suis entrée. Une fois dehors, j'observe le comportement de Cristal: il ne semble absolument pas perturber. C'est donc la conscience tranquille que je rejoins la cour intérieure du haras, où Neige est attaché à l'anneau métallique se trouvant sur un mur qui accueille cinq de nos boxes. Je m'approche du petit poney blanc. Je le caresse un peu, puis je passe ma main sur toutes les parties de son corps afin de m'assurer qu'il ne souffre pas d'autres maux. Ensuite, j'inspecte la zone signalée par Sébastien. En effet, son bassin est déséquilibré. Mais comme c'est à cause d'un fer manquant, l'idéal serait de lui en replacer un afin de recréer l'équilibre. Seulement, je crains que le maréchal ne puisse pas venir avant plusieurs semaines. Je vais donc essayer de le manipuler au niveau du bassin et des vertèbres afin que son corps puisse compenser ce manque pendant quelques temps. Et puis quand on lui remettra le fer, tout rentrera dans l'ordre.


Une demi-heure plus tard...


Je ramène Neige au pré. Le petit poney s'est laissé manipuler sans problème. Normalement, il devrait être tranquille pour un moment. Cependant, j'ai remarqué qu'il était limité dans ses déplacements de hanches. Du coup, ce problème s'ajoute à son déséquilibre. Je trouve qu'il est très fragile au niveau de cette zone. Ça ne m'étonnerai pas qu'il ait subi une opération il y a quelques années pour réparer une malformation des hanches ou du bassin, je ne sais pas, et qui l'aurait plus déséquilibré qu'autre chose. Voilà pourquoi je suis contre les pratiques vétérinaires. Elles ne traitent que la conséquence et jamais la cause, alors qu'un problème ne se résoudra jamais si on ignore cette dernière.
Afin de vérifier si Neige a réellement été opéré, je vais consulter son dossier dans le bureau de grand-père.



J'entre dans la maison puis je monte les escaliers pour rejoindre le bureau de grand-père. Comme je trouve la porte fermée, je pense qu'il travaille à l'intérieur et je frappe afin qu'il m'autorise à entrer. Une première série de coups... pas de réponse. Une seconde série de coups... guère mieux.

Camille Lou: De l'ombre à la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant