chapitre 15

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Chapitre 15


PDV : MOUSTAPH ALEJANDRO

-Merci !

-Pourquoi ?

- De me supporter !

Elle se contente de me sourire tristement avant de s'en aller me laissant perdu dans mes pensées. Je suis totalement perdu, je ne sais plus à quoi me tenir. Je sens que bientôt je vais exploser. J'ai toujours vécu avec cette haine des noirs qui pour moi est une barrière qui me permet de canaliser toute cette haine que j'éprouve à l'encontre de mon géniteur. J'ai toujours voulu vivre dans cet énorme mensonge que je m'étais créer tout seul. Ce mensonge qui me maintenait debout et me soutenait et du jour au lendemain cet énorme château de carte s'effondre devant moi me laissant détruis, meurtris et sans plus aucune cachette. Alors que je ne sais pas encore comment vivre sans cela, comment vivre sans ce masque qui me permettait de me regarder dans la glace mais comme on dit lorsque le mensonge prend l'ascenseur la vérité prend les escaliers et tôt ou tard elle nous rattrape. Et le réveil a été très brutal, il m'a fallu croiser le chemin d'une belle à la peaux de bronze, aux regards perçant, à la patience insondable et à la langue fourchue pour que j'ouvre les yeux sur cette question : ce que je suis devenue ? Un homme de la trentaine sans aucune relation sérieuse, aucun engagement, un job stable, une mère adorable, des amis formidables mais aucun hobby, aucun soupçon d'aventures existantes dans sa vie. Un homme banal qui n'a jamais rien tenté d'exceptionnel et qui reste toujours cet enfant de 3 ans abandonné au pas de la porte par son géniteur. Cet enfant marqué à vie qui se fit le serment de plus faire confiance à toute une race au nom du rejet d'un père. Et maintenant, les séquelles sont toujours là, je me suis tellement convaincu qu'aujourd'hui changer ma nature devient une mission quasi-impossible, un combat de tous les jours. Personne ne peut me comprendre, personne ne peut comprendre ma tristesse non pas pour mon géniteur mais pour cette haine que j'ai laissé naitre en moi oubliant mon créateur, oubliant qui je suis, oubliant ce pour quoi j'existe.

J'ai voulu sortir de cette dépression au plus vite et le meilleur des bouées de sauvetages qui s'offraient à moi étaient la haine car seule elle pouvait me motiver et me pousser à faire mon plus que possible pour être l'homme qu'il faut, un battant mais à quel prix ? Au prix de mon bonheur, de mon bien être et de mes sentiments !

Aujourd'hui je suis l'image de l'homme aigri qui en veux au monde entier juste au nom d'un père déchu !

J'écoutais le silence habiter mes pensées, s'envahir de tout ce qui m'entoure et cela devient d'un coup très apaisant.

Ma mère fit son apparition dans la chambre plus tard. Dès que ses yeux lumineux se posèrent sur moi j'ai eu l'impression de respirer un air nouveau. Elle vient s'asseoir près de moi et me sourit. Son sourire éclatant m'apaise et me donne l'impression d'être le meilleur au monde, il n'y a qu'une mère pour donner cette sensation.

-Moustaph Que se passe-t-il ?

-Rien maman ! Il arrive un moment dans la vie où on se rend compte de tous nos erreurs, tout ce dont on est passé à côté, tous nos fausses croyances et on regrette. Dans ce brouillard nul ne peut te venir en aide c'est avec tes propres moyens par l'aide de Dieu que tu peux te retrouver.

-je comprends mais le cœur d'une mère ne peut se reposer que lorsque son enfant est bien !

-je sais maman, je sais !

Elle m'embrasse sur le front avant de quitter la chambre me laissant de nouveau dans ma méditation.

******

5h du matin je me réveille tout aussi brutalement que toute cette semaine avec un cauchemar ou je tue mon père en le revoyant. Dans le rêve il avait fondé une nouvelle famille avec des enfants et était très heureux. Sans doute j'ai envié le bonheur qu'il vivait dans ce rêve et je l'ai poignardé en plein cœur. Astahfiroullah ! Mon Dieu qu'est-ce qui m'arrive ?

C'est un samedi, je décide de sortir me promener un peu marcher et me libérer l'esprit.

J'informe maman de ma sortie mais elle en profite pour me faire faire une course. Elle veut que j'amène un sac à main qu'elle a paillé à Seyda. Je sais : Pourquoi ne pas demander au chauffeur de le faire? Je me suis posé la même question mais elle finit par me dire qu'il était malade. Je lui dis à mon tour que c'était ok, je n'avais pas d'autres choix que d'accepter. Je prends mes clés en main mais cette fois-ci sans voiture. Dans une longue marche où mon esprit divague de gauche à droite, j'ai eu tout d'un coup une folle envie de la revoir.

Je sonne à la porte tout excité tel un adolescent.

-qui est là ? Dit-elle de manière joviale.

-c'est. ...

-arrêtes ! Djibril laisse-moi tu me chatouille ! Dit-elle en éclatant de rire.

-Allô. Excusez-moi. Reprend-elle.

Je quitte la maison le cœur qui bataille très fort je suis très en colère. Comment peut-on avoir deux visages ainsi ? Devant moi elle joue à la sainte et là elle se comporte comme une catin ! Me dis-je sur le point d'exploser.

Il est temps que je me reprenne, elle veut jouer ? On va jouer !

Je me dirige chez ma mère pour lui remettre son sac en lui mentant. Je lui ai dit qu'elle n'était pas là avant de l'informer que je retourne à l'appartement. Je pris mes clés et direction chez moi je me change et décide d'aller au sport pour me calmer un peu car en ce moment je suis capable de cogner sur n'importe quoi.

Une semaine plus tard ...

Je suis dans mon bureau lorsque ma secrétaire me rappelle la réunion car notre très chère responsable marketing veut nous montrer son nouveau projet pour la campagne publicitaire. Je me dirige vers la salle de réunion la mine serrée et très concentrer. Elle fit son apparition dans une jupe noir taille haute qui moule parfaitement ses courbes magnifiquement attrayantes et un chemisier de la même couleur très simple. Elle est légèrement maquillée et très gracieuse du haut de ses talons rouge de 18 cm. Elle fait sa présentation en se déplaçant de temps en temps de sa démarche féline qui ne la rend que plus sexy. Je fais un effort surhumain pour me concentrer dans ce qu'elle dit.

Je remercie le ciel que cela se fissent très vite. Je regagne mon bureau sans aucun regard pour elle ni aucune appréciation. Je pris un temps fou pour me reconcentrer sur ce que je faisais. J'étais très en colère contre moi même pour la regarder de cette façon, avoir des pensées aussi tordues en la voyant et pourquoi d'ailleurs ? Je suis sensé être distant avec elle, que se passe-t-il bon sang ?

Deux petits coups à la porte se fit entendre, je me redresse et lance un entré!

Seyda pénètre dans le bureau et prend place. Quel culot.

-Qu'est-ce que tu fais là ?

-Qu'est-ce que vous pensez de la présentation ?

- c'est du bon travail. Maintenant vous pouvez vous retirer. Dis-je d'un ton autoritaire et sec.

-Qu'est-ce que j'ai encore fait ?

-Nous entretenons une relation professionnelle saine, je vous respecte et je respecte votre travail et vous en faites de même. Quel est donc le problème ?

-Okay ! Je vous laisse, bonne journée à vous !

-Bonne journée à vous aussi Mlle Fall !

Dès qu'elle sort je jette le dossier que j'avais entre les mains à l'autre bout du bureau et me desserre la cravate et ferme les yeux en m'adossant à mon fauteuil confortable. J'inspire et expiré profondément pour me calmer. Elle va me rendre fou complètement fou. Sacré Seyda !

NOIR DESIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant