Désiré contempla longuement l'insolite voiture de sport de Nini. Une copie de Lamborghini jaune canari rigoureusement identique à l'originale, si l'on faisait abstraction d'une l'échelle aux deux tiers, bien entendu. Une concession à laquelle Désiré hésitait à se plier au même titre que son mètre soixante-quinze. Lorsque les portes en élytres montèrent vers le plafond du garage, il hasarda un regard anxieux dans l'habitacle.
- Mais comment veux-tu que je rentre là-dedans, Nini ? Va falloir que je me plie au moins en quatre.
- Ne dis pas de bêtises. De plus grands que toi y sont entrés ... Les amis des Mines qui l'ont construite, entre autres. Pour les essais.
- Va falloir des forceps pour m'en sortir.
- Une grosse ventouse de toilettes devrait faire l'affaire. Mais il faudra juste tondre ta tignasse de bélier angora pour qu'elle adhère bien, le railla Nini en sautant à bord de son diabolique engin.
Désiré suivit avec ahurissement l'abaissement du siège télescopique de Nini puis le déploiement de la colonne de direction repliée en « Z », le tout synchronisés avec la fermeture de la portière côté chauffeur. Le Martiniquais posa les fesses avec prudence sur le siège, se contorsionna pour entrer ses jambes dans l'espace lilliputien, et frisa le malaise cardiaque en sentant son siège s'affaisser jusqu'au plancher. Lorsque tout sembla stabilisé dans l'habitacle, il se trouva à peu de choses près avec le menton glissé entre les genoux. Une pression du doigt de Nini sur un bouton de la console centrale et le Martiniquais renoua avec l'appréhension en se sentant propulsé vers l'arrière.
- Voilà !... Tu pourras mieux respirer, décréta la propriétaire de l'engin.
Une affirmation très optimiste. Le soulagement des jambes de Désiré ne pouvait compenser l'enfoncement de la tête dans les épaules peu favorable à une respiration saine. Faute de pouvoir atteindre la boucle de la ceinture de sécurité, il pria pour dénicher quelque part une miraculeuse sangle de parachute.
Après avoir manœuvré la télécommande de l'ouverture de porte du garage, Nini embraya, stoppa pour effectuer une marche arrière jusqu'au fond du garage, puis répéta la manœuvre plusieurs fois. Chaque essai accentuait son sourire.
- T'as peur d'accrocher le linteau au décollage ? Gémit Désiré avec inquiétude.
- Pfff !... Et ça se permet de faire des braquages ! Fit Nini avec un dédain feint.
- Tu joues à quoi, alors ?
- Le Pape... Je me demande comment ce diable de bonhomme a pu savoir que la porte de mon garage s'ouvrait avec une télécommande !
L'évocation du Pape doucha Désiré qui se calma tout seul, après le sévère coup de boule donné dans le plafond au franchissement du caniveau.
- Tu parles de quoi, à la fin ?
- « Il est possible de flanquer une trouille désarmante avec la même facilité qu'une personne sortant tranquillement de chez elle au volant de sa voiture. Juste en pressant sur un bouton ».
- Quel bouton ?
- Pfff !... Des fois, t'es nul !
- Je t'aime, gémit-il. C'est tout.
- En silence, alors. Ça m'empêche de réfléchir.
- J'ai rien dit de mal.
- Mais tu penses tout de travers, c'est pareil. Le Pape a dit aussi ; « En sortant de chez vous couverte, le moyen d'action à distance s'imposera comme une évidence ». Tu ne crois quand même pas qu'il parlait de capote, si ? Tu piges ?
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Les Ch'tis braqueurs
ActionQuatre amis bien installés dans la communauté voient leur vie bousculée par une accusation abusive de viol. Un crime qui leur vaut d'office un ticket gagnant pour la prison. Un séjour derrière les barreaux qui va sacrément modifier leur vision de...