La vie devant soi // Nekfeu

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J'observais mon reflet dans le miroir de la salle de bain, les boucles que formaient mes cheveux ne me plaisaient pas. Je m'étais préparé chez Joshua et j'avais oublié d'amener mon fer à lisser, j'avais donc garder mes gard cheveux dans leur état le plus naturel qu'ils puissent être.

Rien ne me plaisait vraiment dans ce reflet de moi-même, mes yeux ne laissait rien transparaître de spécial, deux perles marrons bien ternes et rien de plus. Ma bouche avait beau être peinte d'une couleur rouge, je ne la trouvais pas incroyable. Et ce foutue grain de beauté qui se trouvait juste en dessous de mon œil gauche et qui m'horripilait depuis mon plus jeune âge. Je me souviens encore toutes les fois où j'ai demandé aux personnes qui constituaient mon entourage lorsque j'étais plus jeune, de me payer l'opération pour me le faire retirer. J'avais reçu une dizaine de non catégoriques et qu'est-ce que ça avait pu être frustrant. C'est ça qui fait ton charme ma puce. Tu es devenue folle ? C'est la nature qui te l'a donné, tu n'as pas le droit de faire ça. Mais je ne l'aimais pas et bien-sûr que j'avais le droit de le faire, c'était ma peau, mon corps, mon droit mais allez dire ça aux adultes quand vous êtes une petite fille de dix ans et que vous ne savez encore rien à rien, presque rien en tout cas pour ma part.

J'avais aussi retiré ma robe d'été bleue pour vêtir quelque chose d'un peu plus classe, je ne voulais pas faire tâche au milieu de l'expo de Pablo. Un petit haut blanc en quelque chose qui ressemblait fortement à de la soie, je n'avais jamais été très forte pour reconnaître les matières, j'étais même plutôt nulle. J'avais accompagné ce haut d'une jupe taille haute noire, ni trop longue ni trop courte et, même dans cette tenue, je n'arrivais pas tellement à m'apprécier en m'observant dans le miroir.

Je n'étais pas du genre à complexer sur mon physique, ce n'était vraiment pas mon genre, je ne prenais jamais le temps de me regarder pour me trouver un quelconque défaut. Mais ces derniers temps je m'en trouvais des milliers, j'étais constamment enfermée dans ma salle de bain ou dans ma chambre pour me placer dans un miroir. Trop de ventre, trop de fesses, pas assez grande, pas assez fine... et la liste était encore bien longue.

Peut-être était-ce de ma faute si Loïc ne m'approchait plus depuis deux mois, peut-être que je ne l'attirait plus du tout. Avant il passait son temps à me dire qu'il me trouvait jolie, sexy, pulpeuse, qu'il aimait la femme que j'étais physiquement et intellectuellement mais il avait cessé de le faire dernièrement. J'avais pris un peu de poids, je n'allais plus courir avec Marg, je passais mon temps dans les restaurants avec Joshua et Vincent, tout pour que ça parte en vrille.
Je fus sortie de mes problèmes existentiels par les coups portés contre la porte de la salle de bain.

- Ça y est Gab ?

- J'arrive, répondis-je à Joshua qui se trouvait de l'autre côté
Je rajuste un peu mon make-up.

- Excuses-nous miss monde !

Ses railleries me firent lever les yeux au ciel et j'ouvris brusquement la porte de la salle de bain pour lui dresser mon majeur en pleine face. Il se mit à rire encore plus et je me joignis à lui cette fois-ci. Lui aussi s'était changé pour se rendre à l'expo de Pablo, il avait enfilé une chemise blanche ainsi qu'un pantalon en toile bleu marine, il avait la classe.

- T'es nulle de t'être habillée en noire et blanc, me dit-il
On va même pas ensemble !

- Oh ça va... soufflai-je excessivement
Comme ça tout le monde saura qu'on est juste amis, pas d'ambiguïté.

- Tu rêverais qu'il y ait de l'ambiguïté entre nous deux Gab, arrête de te voiler la face un peu.

Le coup que je porta sur son épaule le fit grimacer et geindre de douleur avant de me rendre la pareille. On rejoignit son salon afin de nous rapprocher un peu plus de la sortie et Joshua décida de finir son verre de whisky avant de partir sous mon regard qui se voulait assassin.