- Tu veux rentrer boire un truc ? J'ai pas grand chose, de l'eau ou du vieux soda...Il releva doucement la tête vers moi et ses joues se creusèrent pour laisser apparaître de magnifiques fossettes. Je lui souris alors à mon tour et me mit à fouiller dans mon sac à la recherche des clés de mon atelier.
- Ça fait deux soirs que je dors ici et j'ai toujours pas pensé à faire quelques courses, faut vraiment que je le note quelque part... repris-je en souriant, contente d'avoir enfin mis la main sur mon trousseau de clés
Alors, tu veux rentrer ?- D'accord mais pas longtemps, tu te lèves tôt demain et il est déjà une heure moins le quart.
- Comment est-ce que tu sais que je me lève tôt demain matin ? lui demandai-je un peu surprise mais tout de même amusée
Tu me fais pister, c'est ça ?- Pas du tout, rit-il
C'est juste que tu l'as dit samedi soir et que je t'écoute quand tu parles, c'est tout. Mais par contre je vais peut-être envisager de te faire pister, tu m'avais promis de m'appeler ce week-end et j'ai pas eu de nouvelles.Je ricana à mon tour en déverrouillant la porte d'entrée de mon atelier, dévoilant ainsi ce dernier qui était d'ailleurs dans un état catastrophique. Les bouteilles de peintures traînaient de partout, la vaisselle n'était pas faite et s'était donc empilée dans l'évier, du papier froissé et du papier journal s'étalaient sur la quasi totalité du sol. J'avais incroyablement honte de le laisser entrer et donc qu'il découvre à quel point j'étais une fille bordélique, c'était mon pire défaut et on me l'avait assez répété comme ça.
Je me souvenais encore des jurons que mon père proférait lorsque j'avais le malheur de venir jouer dans ses cuisines ou dans ses salles. Il avait trois restaurants en France et des dizaines d'autres dans le monde entier, et ils se souviennent tous de mon passage entre leurs murs. Mon père hurlait à la mort en espagnol lorsqu'il rangeait les jouets que j'étalais sous ses pieds, il avait l'habitude de parler sa langue natale lorsqu'il était énervé, stressé, joyeux, mélancolique, presque tout le temps en fait. Et moi je riais, à en pleurer parfois. Mais je me taisais quelques secondes lorsqu'il levait la main vers le ciel pour me menacer de me mettre la trempe que je méritais. Puis je riais une nouvelle fois, sûre et certaine qu'il n'oserait jamais lever la main sur moi alors il riait avec moi en me donnant quelques coups de pieds aux fesses pour que je déguerpisse d'entre ses jambes.
- J'étais un peu occupé ce week-end du coup, lui dis-je en refermant la porte derrière lui
J'ai mangé chez un ami dimanche midi et le soir... bah le soir je suis venu ici et j'étais pas tellement d'humeur à appeler qui que ce soit, désolé.- T'inquiètes pas, je comprends j'étais un peu dans le même délire dimanche soir.
- T'étais stressé pour l'album ? demandai-je
- Non, j'ai quitté Emma.
Je me retourna vers lui alors que j'étais entrain d'avancer vers le fond de l'atelier pour atteindre le canapé sur lequel j'allais passé ma semaine. Son regard n'était pas posé sur moi mais sur une toile que j'avais terminé quatre jours plus tôt, un portrait assez simple que j'avais commencé à réaliser au beau milieu d'une nuit, une énième passée sans Loïc.
- Ah... je... enfin je suis désolé, j'étais pas au courant...
- T'en fais pas, tu pouvais pas savoir et puis c'est pas la fin du monde hein.
- Quand même, repris-je en déposant mes affaires
Ça doit pas être facile, qu'est-ce qui s'est passé ?- Doums t'as sûrement expliqué qu'en ce moment elle était invivable, vraiment, et ça n'allait plus du tout... dit-il en avançant à son tour dans mon atelier, approchant parfois de quelques unes de mes toiles
Alors hier soir, je suis rentré un peu plus tard que prévu parce que je voulais être avec les gars à minuit pile pour officialiser la sortie de Feu. Ça lui a pas plu, elle s'est énervée et moi aussi. Une chose en entraînant une autre, les mots sont devenus de plus en plus fort et je l'ai foutu dehors.
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La vie devant soi // Nekfeu
FanfictionPeut-être pas le bon moment ou même le bon endroit mais la bonne personne, c'est sûr.