La vie devant soi // Nekfeu

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Je rentrais dans ce bâtiment que je connaissais comme ma poche avec le temps, je venais d'écraser ma cigarette et j'inspira en franchissant les portes coulissantes. Je m'arrêtais au bureau à l'entrée et appuyais mes coudes sur le comptoir de ce dernier.

- Salut Evelyne ! m'exclamai-je

La petite rousse releva les yeux de son carnet de mots-croisés et repoussa ses lunettes contre ses yeux avec la pulpe de son index.

- Oh ma Gab, qu'est-ce que tu fais là ? me demanda t-elle en m'adressant un sourire sont elle seule avait le secret

Il dévoilait presque la totalité de sa dentition et de fines fossettes caressaient ses belles joues.

- J'ai décidé de passer, je n'avais rien de prévu ce matin.

- Elle va être soulagée de te voir, elle s'ennuie beaucoup...

- C'est vrai ? demandai-je en faisant rouler sous mes doigts le stylo qui se trouvait sur le comptoir

Elle hocha vivement la tête et m'informa que Maman n'avait pas mangée son plateau servit à l'heure du petit-déjeuner. Bien trop habitué à ce genre de situation, je haussa lascivement les épaules et croisa mes bras sur ma poitrine.

- Il est beau ce chemisier, m'affirma Evelyne en me zieutant quelque peu
C'est nouveau ?

- Non, c'est super vieux mais avec le temps qu'il fait je me suis dit que j'allais le ressortir... j'en crève de cette chaleur si tu savais.

- J'en ai de la chance de bosser ici moi, me dit-elle
Tu sais quelle autre partie de l'hôpital est encore plus climatisée que l'entrée, n'est-ce pas ?

Elle gloussa doucement lorsque je lui fis non de la tête et je compris qu'elle allait encore sortir une bêtise.

- Alors ? m'impatientai-je

- La... la morgue, elle ricana légèrement et posa une main sur sa poitrine lorsqu'elle remarqua que je ne riais qu'à moitié
Aller Gab, avoues que c'est drôle, un tout petit peu au moins.

- C'est bon, j'avoue... lâchai-je
Aller je me dépêche, j'ai pas toute la journée moi.

- On est samedi, Loïc te rencarde aujourd'hui c'est ça ?

- Même pas ! riais-je en m'éloignant de son bureau pour avancer vers les ascenseurs

Je lâcha un petit rire lorsque ses sourcils se froncèrent doucement suite à mes paroles. J'appuyais sur le bouton et attendais patiemment que les portes s'ouvrent devant moi.

- Bonjour ! soufflai-je en rentrant dans la cabine

Le jeune homme qui s'y trouvait déjà m'adressa un fin sourire et me demanda à quel étage j'allais. Je lui répondit et le remercia lorsqu'il appuya sur le bouton du troisième étage.

J'eu à peine le temps de me concentrer sur l'écran de mon portable que la cabine s'immobilisa et que les portes se rouvrirent devant moi. Je le salua et quitta l'ascenseur pour avancer dans le long couloir aux murs blancs et aux portes bleues. Je le connaissais bien cet interminable couloir, comme ma poche même. J'avançais dans ce dernier en frôlant les murs et en me demandant comment allait être l'humeur de Maman.

Allait-elle m'accueillir à bras ouverts, le sourire aux lèvres et les yeux qui pétillent à ma simple vision ? Subirai-je encore les tonnes de questions qu'elle avait l'habitude de me poser lorsque je n'allais pas lui rendre visite plus de deux fois dans la semaine ? Allait-elle être la Maman que j'aimais tant et qui ressemblait tant à la femme que j'aurais aimé qu'elle soit ?