Chapitre 6

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Musique : KAZKA- СВЯТА


Ces deux derniers jours pour finir la semaine m'ont paru interminables. Ma mère m'a appelé plusieurs fois par jour pour s'assurer que j'allais bien, même si le fait que je reste seule à la maison ne l'enchante pas. De temps en temps, je repense à Owen. Je me demande s'il a trouvé ses pions et si Lissa en fait partie. Au fond de moi, je ne l'espère pas, mais d'un côté, je me dis que son choix m'importe peu. C'est un joueur, tout ce qui l'intéresse c'est de coucher avec des filles qui n'ont rien demandé et ça suffit à me dégoûter. J'ai envie de le crier au monde, de leur pourrir la vie comme ils ont sûrement pourri la vie de certaine.

J'inspire profondément et cesse immédiatement de me torturer l'esprit avec ce jeu. Ce soir, je me change les idées. Nils m'a gentiment invité à une soirée pour soi-disant m'intégrer. J'apprécie l'attention. D'autant que j'ai vraiment besoin de bouger, de boire un coup et de m'éclater comme lorsque j'étais à Paris. Alors d'ici à ce qu'il passe me prendre, j'envisage de feuilleter quelques bouquins dans la bibliothèque du salon, mais je n'ai même pas le temps de me poser pour en commencer un, que j'entends la voiture de Nils se garer dans l'allée. J'attrape mon sac sur le canapé, m'inspecte brièvement devant un miroir, puis cours le rejoindre. Quand je m'avance vers sa voiture, j'esquisse un large sourire en le voyant et prends place sur le siège passager.


- Waouh ! T'es magnifique Octobre. S'exclame-t-il en lorgnant sur l'ensemble de mon corps.

- Merci, t'es pas mal non plus !

Je lui adresse un clin d'œil, observe la chemise rouge, très foncée, qu'il porte et dont la couleur s'accorde parfaitement à son visage. Il n'y a pas à dire, Nils est vraiment charmant. Après plusieurs secondes durant lesquelles nous ne disons rien, j'envisage de briser le silence, d'obtenir des réponses quant à ce qui me taraude malgré moi.

- Alors, tu sais qui sont les pions cette année ?

Nils hoche la tête sans pour autant approfondir. Je retiens mon souffle et ne le brusque pas. Je ne veux pas qu'il suspecte mon envie de savoir, mon besoin de connaître le nom de la fille qu'Owen séduira. C'est totalement absurde.

- Qui a choisi qui ? Je finis tout de même par dire, l'air de rien.

- Théo a deux pions, Jadine, une métisse, plutôt mignonne et la seconde elle s'appelle Mathilde, mais de tout évidence, je pense pas que tu les connaisse.

Je déglutie. Contrairement à ce qu'il pense, je connais Jade. Certes, pas personnellement, mais elle avait l'air plutôt sympa. Je me contiens pour ne pas faire de remarques déplacées. Nils la qualifie de «mignonne», mais dans le ton de sa voix, je le perçois comme une étiquette de plus sur ces filles prises pour des objets. Et cette pensée m'est intolérable. Pourtant, je continue de l'interroger en serrant les dents.

- Et ensuite ?

- Je sais pas trop, Matthew s'est vanté hier midi d'avoir trouvé ses deux pions, Lara, et l'autre, je sais plus...
Il semble hésiter, les sourcils froncés, le regard fuyant, comme si au contraire, il en savait plus. Peut-être que c'est dans ma tête. Il faut que je cesse d'analyser la moindre émotion. Le reste du trajet se fait donc en silence, j'en profite pour rêvasser, songer au déroulement de la soirée, mais mes pensées ne cessent d'aller vers le jeu et les filles dont Nils m'a parlé. Cette connerie est bien réelle.

- On y est, ça va ?

La voix de Nils et la musique qui s'échappe de la grande maison devant laquelle nous nous garons me font sursauter.

- Oui oui, super.

- Alors on peut y aller.

Je sors de la voiture en même temps que lui et lui emboîte le pas jusqu'à la porte d'entrée. Le salon est bondé de gens. Dans la foule de jeunes qui dansent, Nils attrape ma main et me guide jusqu'à la cuisine.

- Tu veux boire quelque chose ? Me crie-t-il à deux centimètres du visage pour couvrir la musique.

Je jette mon dévolue sur une canette de redbul que je verse dans un verre avec de la vodka. Nils approuve mon choix d'un sourire en coin et se fait le même. Mon verre en main, je tape du pied au rythme du son, puis cesse de m'agiter une seconde pour savourer le mélange alcoolisé qui me vrille les papilles. Je le descends rapidement et m'en sers un deuxième avant de m'aventurer dans la maison. Je ne fais pas attention à Nils et me dirige vers le salon plein à craquer où l'air chaud se conditionne. Un peu désorientée, je fais un petit tour au rez-de-chaussée, observe ce qui se passe et remarque près de la cheminée une ribambelle de filles en robes moulantes toutes agglutinées autour d'un groupe de garçons, j'aurais dû m'en douter, c'est l'irrésistible Owen, et ses acolytes. Je me demande s'il a choisi une fille aussi facile, une de celle qui écarte les jambes comme elle dit bonjour. Cette pensée me fait rire bêtement. L'alcool effleure peu à peu mes sens et trouble mon esprit. Cette sensation m'est agréable, bien qu'elle se mue en malaise lorsque je remarque Aaron.

- Hey, Octobre ! M'interpelle-t-il en s'avançant d'un pas tangible.

Il boit le contenu de son verre d'un trait et m'adresse un large sourire.

- Tu as bu ?

- Oui, un peu. Je dis en levant mon verre sous ses yeux.

Il passe son bras autour de mes épaules, subitement, sans engager de conversation, mais je me laisse faire. Je rie tout en étant parfaitement lucide lorsqu'il se penche un peu plus, et colle sa bouche à mon oreille.

- C'est dommage qu'on se soit pas vu plus tôt, j'aurais bien aimé t'avoir dans mon équipe...

Je lui adresse un sourire en coin, et retire son bras devenu trop lourd.

- C'était là, le but de mon plan...

À présent, je me fiche pas mal que ce soit un joueur, surtout maintenant. J'ai envie de laisser l'alcool prendre le dessus et de m'amuser. Après tout, je suis venue pour ça.

- Bon, tu bois autre chose ? Je lui demande légèrement euphorique.

Il hésite, mais finit par hocher la tête quand je le tire par le tee-shirt en direction de la cuisine.

- T'es plus vodka ou whisky ?

- Choisis, j'aime les deux.

Je souris, prends la bouteille de whisky, en bois quelques gorgée les yeux fermés, puis tire une grimace. Aaron rigole et boit à son tour.

- On va danser ? S'empresse-t-il de me demander par la suite.

Ma réponse ne se fait pas attendre. Mon corps tressaute, si je reste une minute de plus sans bouger, je sens que je vais exploser. Dans une démarche énergique et un peu étrange, je suis Aaron qui s'avance dans le salon. Ce dernier n'hésite pas à se lâcher une fois au milieu de la foule, agitant son corps dans tous les sens, comme s'il y avait là une forme de libération. Je souris dans le vide, puis ferme les yeux et me laisse entraîner à mon tour, tandis que de temps à autre, nos corps se touchent. Je secoue la tête pour dégager mes cheveux humides, lève les bras, puis les laisse se mouver comme bon leur semble. De cette façon, Aaron et moi dansons longtemps, les musiques s'enchaînant les unes à la suite des autres tandis que nous accordons nos gestes sur le rythme en s'échangeant des regards complices qui se font naturellement.

- Je crève de chaud ! Je m'écrie à bout de souffle entre deux musiques.

- La même ! Tu veux qu'on aille prendre l'air ?

- Bonne idée, je vais faire un tour dans la salle de bains et je te rejoins.

Quand je me tourne pour monter à l'étage, je réalise que ma main est dans celle d'Aaron. Quand il le remarque aussi, il esquisse un sourire détendu, presque envoûtant auquel je ne parviens pas à me soustraire. Un petit rire nerveux m'échappe, je dénoue ma main de la sienne avant de lui tourner le dos. À l'étage, un large vestibule s'offre à moi, donnant accès sur plusieurs portes. Le pas légèrement vacillant, j'en ouvre plusieurs avant de tomber sur la pièce que je cherchais. J'entre dans une salle de bains spacieuse et fais la rencontre de mon reflet dans le miroir. Mes cheveux sont en batailles, des pellicules de sueur couvre mon front. Je passe prestement de l'eau sur mon visage en feu et prends de grandes inspirations. Soudain la porte s'ouvre en grand, je sursaute en voyant une fille entrer en trombe. Elle me fonce dessus, relève ses cheveux blonds d'un mouvement brusque et vomi sur le sol. Je pousse un petit cri, baisse la tête et constate que mes chaussures et mes pieds en ont pris un coup.

- Oh mon dieu.

J'ai la tête qui tourne et l'odeur du vomi n'arrange rien. La fille s'appuie sur la cuvette des toilettes et continue à se vider. Instinctivement, je m'approche d'elle et l'aide en ramenant ses cheveux derrière son dos.

- Ça va aller ?

Elle hoche la tête, essuie sa bouche d'un revers de main.

- Merci... Souffle-t-elle, le teint livide.

Elle se relève, manque de tomber en arrière. Je tente de la soutenir, mais elle ne fait pas le moindre effort, ce qui empire la situation. Je rabaisse d'une main la cuvette des toilettes et tire la chasse. La blonde s'assoit dessus, presque haletante. En attendant qu'elle se sente mieux, une détermination soudaine me convainc à entreprendre de nettoyer le vomis. Quand la fille le remarque, elle inspire un grand coup et parvient à m'aider sans pour autant prononcer un mot. Pendant une seconde je croirais qu'elle est gênée, mais un sourire finit par gagner ses lèvres et elle redresse la tête dans ma direction.

- Franchement merci beaucoup. J'ai déconné sur l'alcool je crois bien. Je m'appelle Alaska.

Et à l'instant même où elle prononce son prénom, ses yeux viennent se planter dans les miens avec une profondeur déconcertante.

- Moi c'est Octobre et t'inquiète, des moments comme ça, on en a tous eu. Par contre va falloir que tu m'excuse, mais je dois vraiment m'occuper de ces chaussures.

Tout en lui disant ça, je montre du doigts le vomis sur mes talons. Alaska fait une grimace, ce qui ne m'empêche néanmoins pas de discerner le sourire qu'elle cache. J'en fais de même, nous nous échangeons deux, trois mots, puis je quitte la pièce, rattrapée par la texture affreuse qui dégouline sur le dessus de mon pied. Sans réfléchir plus longtemps, j'ouvre la porte d'en face et tombe sur une chambre avec une autre salle de bains. Cette découverte me fait sourire malgré le dégoût que m'inspire l'odeur du vomi. Je m'assieds sur le rebord de la douche et retire mes chaussures en grimaçant. Un petit filet odorant s'en écoule, avec l'aide du pommeau de douche j'enlève ce qui reste pendant cinq bonnes minutes, savonnant soigneusement mes jambes et mes pieds en espérant que cela suffise.

- Alors comme ça tu ne tiens pas l'alcool ?

Je me retourne, peut-être un peu trop brusquement et tombe à la renverse sur le sol bien qu'avec les effets de l'alcool, c'est à peine si je comprends ce qui m'arrive. Owen se jette aussitôt sur moi, et m'aide à me relever.

- Tu aurais pu frapper, je me suis fais mal ! Je m'écrie bien que je n'ai, en réalité, presque rien senti.

- Désolé.

Pendant une fraction de seconde, je me surprends à fixer ses lèvres, ce n'est pas la première fois que je ressens l'envie de l'embrasser. D'habitude, il me suffit de penser à ses actes et à sa place au sein du Virginity Game pour oublier l'effet qu'il me fait, mais cette fois, l'alcool fausse mes pensées. Je me lève, tangue légèrement sur le coté ce qui amène Owen à faire un pas vers moi pour me soutenir. Je frémis à son contact et me déteste intérieurement de l'apprécier autant. Une fois sortie de la salle de bains, je me détache de lui et tente de conserver un espace plus raisonnable entre nous.

- Ah au fait, ce vomi n'est pas le mien. J'esquisse en ricanant. C'est une merveilleuse personne qui me l'a déversé dessus !

Je ne sais pas pourquoi je lui dis ça, il va sûrement me trouver bizarre, néanmoins, ça m'importe peu et puis, à la façon dont Owen me dévisage avec son sourcil arqué, j'en viens presque à rire aux éclats.

- T'as l'art de la conversation dis-moi.

J'esquisse une moue faussement ironique, tourne la tête vers la porte, pour tenter de me souvenir des raisons qui me poussaient à vouloir sortir, mais puisque rien ne me vient, je laisse l'alcool et mes envies prendre le dessus, au risque de rester seule en compagnie d'Owen. D'une démarche enjouée, je m'approche du lit et me laisse tomber dessus à la renverse, rapidement imité par Owen. Nous restons silencieux un long moment, puis il me montre une bouteille qu'il tient dans sa main et en boit quelques gorgées avant de me la passer. Je souris, approche timidement ma bouche du goulot, le liquide amer de l'alcool vient se répandre dans ma gorge.

- Ah, mais c'est vraiment infecte ton truc ! Je grince en me redressant, la bouche tordue, la langue sortie.

Ma réaction le fait rire, je fronce les sourcils, l'incite d'un regard à cesser de se moquer, mais Owen récupère sa bouteille et en bois une gorgée de plus en conservant son hilarité. Je me laisse de nouveau tomber en arrière, les paupières closes tandis que ma tête tourne agréablement.

- Owen, tu es soûl ? Je demande doucement, alors que son souffle alcoolisé vient titiller mes narines.

- Assez pour pouvoir t'embrasser, là maintenant.

Même dans les circonstances, je me sens rougir. Pourquoi faut-il toujours qu'il dise des trucs comme ça ? Si je n'écoutais que mon corps, j'apprécierais les frissons qui parcourent mes jambes et mes bras, car j'ai terriblement envie de l'embrasser. Juste une fois, pour m'assurer que cette attirance n'est dû qu'à sa belle gueule. Juste une fois, par simple curiosité. Pourtant, si je l'embrasse, je crains de faire face aux pulsions qui risqueraient de me prendre. Au moment où ces pensées germent dans mon esprit, Owen bascule au-dessus de moi sans prévenir. Mes yeux s'ouvrent en grand et viennent s'ancrer dans les siens. Mes idées ne sont pas très claires, mais je parviens à rester lucide.

- Qui as-tu choisi ?

Owen me dévisage, mon corps s'embrase littéralement sous son sourire vicieux qui ne présage rien de bon.

- Personne. Lâche-t-il avec assurance avant de se pencher davantage sur moi. La semaine n'est pas finie.

Je me crispe. La panique m'enserre aussitôt la gorge. Un éclair de conscience me traverse et la réalité me percute de plein fouet. Mais qu'est-ce que je fais sur un lit avec lui ? S'il parvient à m'avoir, mon plan n'aura servit à rien. Cette constatation me donne la force nécessaire pour plaquer mes mains sur son torse afin de le repousser sur le côté. La pièce tourne tellement que je me cogne violemment contre le mur en me relevant du matelas.

- Désolée, je ne peux pas rester davantage. J'ai oublié que je devais rejoindre quelqu'un... dehors.

Je parviens difficilement à trouver mes mots et à me souvenir d'Aaron. Heureusement, me rappeler de ça me sauve in-extremis. Au moment où j'ouvre la porte pour m'éclipser en vitesse, Owen me retient par le bras et me plaque contre le mur. Je tente d'inspirer profondément en le regardant droit dans les yeux, mais je dois me rendre à l'évidence : c'est strictement impossible.

- Je ne sais pas ce que tu attends de moi, mais si tu espère parvenir à me piéger pour que je sois dans ton équipe, ça va pas être possible. Je l'ai déjà fais.

J'articule bien ma dernière phrase en essayant d'avoir l'air convaincante, chose qui fait sourire Owen de plus belle.

- C'est pas ça qui m'intéresse.

Son regard m'incendie littéralement, je tente de fixer ma concentration sur ses mains qui me retiennent et dont je dois me débarrasser, mais ses paroles m'intriguent, je fronce les sourcils, incapable de cerner son véritable jeu.

- Quoi ? Tu voudrais me faire gober qu'en dehors du viol tu pense à autre chose ? Je lâche sèchement, les lèvres pincées, plutôt fière de le voir reculer tandis que je farde mon visage d'une expression glacial et distante.

Owen a l'air plus que surpris, mais pas dans le sens étonné, c'est plutôt comme s'il était déçu de quelque chose et en même temps, il parvient à rester neutre, attitude qui me perturbe, parce que je ne trouve aucune cohérence entre ses actions et ses paroles. Au bout de plusieurs secondes qui laisse le temps à l'atmosphère de se charger d'une ambiance pesante, je choisis d'esquisser un pas sur le côté en direction du couloir. Owen ne semble pas prêt de me retenir cette fois, j'en profite alors pour prendre mes jambes à mon cou, soudain pressée de respirer un air plus frais. La chaleur étouffante dans le salon me donne le tournis, accentue mon envie d'ailleurs. Je me fraie un passage jusqu'à la porte d'entrée, l'ouvre, puis m'engouffre dehors en soupirant. Une fumée flotte dans l'air et vient se balader sous mes yeux. Je tourne la tête sur le côté et découvre Aaron, adossé contre le mur, une cigarette en main.

- Je pensais pas que tu m'aurais attendu si longtemps.

- Bah, j'ai pris le temps de bien me pourrir les poumons t'inquiète, ça n'a pas été très long. Lâche-t-il en se tournant vers moi.

Je ricane, m'approche de lui et lui prend sa fin de clope avec un large sourire, tandis qu'il me fixe dubitatif.

- T'as qu'à considérer que je contribue au bien-être de tes petits poumons. Je minaude avec un sourire.

Pendant quelques secondes, nous restons silencieux, puis Aaron m'incite à lever les yeux au ciel, découvrant ainsi un vaste monde parsemé de millier de petits points blancs. Ce soir, le ciel est dégagé, l'air est frais, je n'avais pas connu d'instant si serein depuis longtemps. Je pourrais presque oublier tout le reste, comme s'il n'existait rien d'autre que le bras d'Aaron tendu vers le ciel, me pointant diverses constellations.

- T'as pris ton maillot de bain ? S'enquit-il de me demander après un temps.

- Non, pourquoi ? Je demande, légèrement occupée à trouver un endroit approprié pour laisser mon mégot.

- J'ai envie d'aller me baigner, tu m'accompagnes quand même ?

Tout en posant sa question, il s'avance dans le jardin et me montre le côté plus éclairé, mais caché par la façade. Je le suis, attisée par la curiosité et découvre une large piscine aux teintes changeantes qui m'attire drôlement. Peu de personnes s'y trouvent, trop occupées à se déchaîner à l'intérieur. D'un regard circulaire, je repère Nils, assit sur le rebord de la piscine, visiblement en pleine discussion avec un gars, qui lui est dans l'eau. Puis quand je regarde à côté de moi, je surprends Aaron enlever son haut, à présent seulement vêtu d'un caleçon. Je cache difficilement l'émotion qui passe sur mon visage. Il faut l'admettre, son visage n'est pas son seul avantage. Habituellement, j'aurais sûrement détourné le regard, mais avec tout l'alcool que j'ai ingéré, je n'éprouve aucune gêne à me rincer l'œil. Je détaille avec attention les muscles de son dos lorsqu'il se prépare à plonger. Il saute la tête la première, remonte d'un coup à la surface et fait quelques brasses jusqu'à moi.

- Elle est super bonne, qu'est-ce que t'attends ?

Je souris et commence à retrousser ma robe quand je m'interromps en remarquant l'arrivée d'Owen et des autres joueurs. Prise d'un élan soudain, je saute à mon tour sans me déshabiller. Autour de moi, le monde est devenu flou, changeant de couleur par intermittence, alors que le clore me brûle les yeux. Une force vient enserrée ma taille, puis en moins d'une seconde, je retrouve l'air libre. Mes cheveux ainsi que tout mon corps dégouline d'eau. Par réflexe, je m'accroche au cou d'Aaron et remarque que c'est lui qui vient de me remonter à la surface. Je bredouille quelques excuses, le remercie, et m'éloigne de lui tout en rabattant mes cheveux en arrière. Aaron me regarde, hilare et se cramponne au rebord comme je suis à présent en train de le faire. Le sourire qu'il affiche en fixant l'eau de la piscine m'attendrit. Il n'a en aucun cas l'air d'un pervers psychopathe, ce qui m'amène à me demander pourquoi est-ce qu'il prend part au Virginity Game. Quand mes mains glissent du rebord, je remarque en décalage, l'entrée plutôt éclaboussante de Matthew et Théo dans la piscine.

Virginity Game (Deuxieme Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant