Chapitre 24

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Musique : Haux- Seaside


PDV Sarah :

 Avec un bol de riz en main, j'attends Octobre, d'abord quelques minutes, mais plus celles-ci s'allongent, plus mon impatience prend le dessus. Je reprends un shot de rhum et me lève, un manège dans le crâne à la place du cerveau. Dans le couloir en haut, la lumière de la chambre au fond est allumée, des voix s'en échappent. Doucement, je m'avance et plus j'approche de sa chambre, plus les voix sont distinctes. Owen serait-il là ? Non, impossible. Pourtant, cachée derrière le mur, passant à peine la tête dans l'entrebâillement de la porte, mes yeux ne me trompent pas. Et tout comme avec Mathilde, j'ai l'impression qu'Octobre ne me conte que la moitié de l'histoire. 

Pourquoi tant de secrets semblent nécessaires, alors qu'avec le jeu dans nos vies, nous devrions compter les unes sur les autres. Troublée, je tente d'écouter leur conversation, mais impossible d'en saisir le sens. La voix d'Octobre s'élève, puis c'est le silence. Je jette un deuxième coup d'œil, et le regrette aussitôt. Il y a certaines choses que je n'aurais peut-être pas dû voir, tout comme il y a certaines choses que j'aurais dû lui dire avant. Face à la scène dont je suis témoin, face à ce baiser pour le moins surprenant, je demeure figée. Octobre faillirait-elle à ses convictions ? Un souvenir remonte à la surface de mes pensées. Le visage en larmes de Charlotte s'impose à moi et ce n'est plus Octobre que je vois.

C'est mon amie fragile, sensible, enrôlée dans le Viriginity Game l'année précédente. Je me souviens alors de tout, comme si les détails jusque-là s'étaient estompés. Pourtant c'est bien ce connard qui l'a brisée sans scrupule, lancinant son cœur comme s'il n'était rien de plus qu'un passe-temps. Les paroles de Charlottes me reviennent en rafale, toutes les soirées, les journées, les heures, qu'elle avait passé à me raconter comment se déroulait le jeu, l'oppression qu'elle vivait en plus du divorce de ses parents et Owen qui avait profité de ce faible pour lui apparaître comme une béquille vitale. Un cadeau du ciel, pour alléger son fardeau. 

Elle en oubliait presque le jeu dans ses bras, il était tellement parfait quand elle papillonnait des cils devant lui, quand il lui disait des choses trop belles pour être sincères. Charlotte l'a cru, et il l'a écrasée comme si elle n'était rien. Après lui avoir promis monts et merveilles, après l'avoir aimée dans les apparences comme personne n'aurait pu l'aimer, il a obtenu ce qu'il voulait, et j'ai dû ramasser les bouts de son petit cœur. Depuis, je n'ai jamais revu Charlotte. Elle est partie vivre avec sa mère à New-York, sûrement dans l'espoir de s'en remettre, mais je n'ai pas oublié. En revenant à l'instant présent, je remarque mes poings serrés, les larmes qui me piquent les yeux. À reculons, je m'éloigne de la chambre, de cette scène bourrée d'illusions. Quand j'atteins l'escalier, je le descends avec une assurance qui jusque-là, s'était volatilisée. 

Le souvenir de Charlotte a chassé momentanément l'alcool de mon sang. Je prends place sur le canapé, repense à ce qu'Octobre m'a dit plus tôt et tente de combler les silences qu'elle m'imposait avec ce que j'ai vu. Cette fois, je ne ferai pas la même erreur, je ne vais pas rester les bras croisés à regarder Octobre se détruire sans rien faire. Maintenant que je sais pour les désillusions après lesquelles elle court, je ne la laisserai pas tomber dans le piège d'Owen. Une fois a suffi pour que je comprenne son stratagème, il n'y en aura pas de deuxième.

Puisque nous nous sommes vues samedi soir avec Octobre, dimanche, je suis rentrée chez moi pour décuver tranquillement. Le week-end est terminé, j'y repense tandis que le bus m'amène vers le lycée pour enchaîner avec une semaine supplémentaire. Mon carnet sur les genoux, un stylo en main, les écouteurs fixés aux oreilles, j'écris sur ce que je ressens pour mettre mes idées au clair. Je repense à samedi soir, à Octobre qui n'est revenue que trente minutes plus tard dans le salon. Elle ne s'est pas cherché d'excuse pour justifier le temps qu'elle a pris, j'ai laissé de côté mes questions et on a continué de parler jusqu'à tomber de fatigue. On a bien ri, on a bu, encore, jusqu'à ce qu'Octobre finisse par vomir dans le jardin, mais pas une seule fois elle n'a mentionné quoi que ce soit au sujet d'Owen. J'ai attendu pourtant, j'ai cherché à lui tendre des perches pour qu'elle lâche ne serait-ce qu'un mot sur son compte, mais rien. Elle était trop saoule. 

Les mots s'inscrivent d'eux-mêmes sur le papier entre mes mains, l'inspiration me lâche pas. C'est à peine si je remarque le bus qui s'arrête sur le parking du lycée. C'est Jade qui, en passant dans l'étroit couloir, me secoue l'épaule en riant pour me sortir de ma bulle. À contrecœur, la tête encore dans les nuages, je coupe la musique et prends mon sac pour la suivre. Quand on approche du lycée, les joueurs sont déjà sur leur banc. Je repense alors à l'époque à laquelle je pouvais encore m'estimer chanceuse de regarder le Virginity Game de l'extérieur. Ce qui reste un mystère, c'est le nombre de filles qui continue de fantasmer sur ce boysband cauchemardesque. Je détourne mon regard, trace jusqu'au bâtiment principal et plongée dans mes réflexions, je percute l'épaule de quelqu'un. Je m'apprête à m'excuser, puis découvre le visage stupéfait de Lissa. Et là, la solution m'apparaît comme une évidence.

— Désolée, je faisais pas attention. Mais, heu... Lissa ?

À la surprise qui se lit sur son visage, j'en conclus qu'elle ne s'attendait pas à ce que je veuille lui parler. Dans un autre contexte, j'en serais la première étonnée.

— Oui... ?

J'inspire un grand coup. Même si elle a largement eu le temps de comprendre que je ne la portais pas particulièrement dans mon cœur, je sais que la note est réciproque. Cependant, ce qui fait qu'on ne s'entendra jamais agit de façon inverse pour cette situation. Si je veux qu'Owen s'éloigne d'Octobre pour qu'elle voie la réalité telle qu'elle est, sans ses mensonges, il faut qu'un nouveau poisson s'emmêle dans ses filets et Lissa fera parfaitement l'affaire. Après tout, avec ma proposition, elle aura ce qu'elle souhaite et d'un autre côté, les filles et moi aussi. 

— Désolée, je faisais pas attention. Mais, heu... Lissa ?

À la surprise qui se lit sur son visage, j'en conclus qu'elle ne s'attendait pas à ce que je veuille lui parler. Dans un autre contexte, j'en serais la première étonnée.

— Oui... ?

J'inspire un grand coup. Même si elle a largement eu le temps de comprendre que je ne la portais pas particulièrement dans mon cœur, je sais que la note est réciproque. Cependant, ce qui fait qu'on ne s'entendra jamais agit de façon inverse pour cette situation. Si je veux qu'Owen s'éloigne d'Octobre pour qu'elle voie la réalité telle qu'elle est, sans ses mensonges, il faut qu'un nouveau poisson s'emmêle dans ses filets et Lissa fera parfaitement l'affaire. Après tout, avec ma proposition, elle aura ce qu'elle souhaite et d'un autre côté, les filles et moi aussi. 

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Youloulou ! Alors oui ce chapitre est court, mais c'est pour permettre la transition avec le prochain, puis deux dans une soirée, mieux vaut s'en réjouir nan ? ^^ 

Amouuur tendre, amoouur passionné, amouur déluré, amour toujours pour tous ! <3

Virginity Game (Deuxieme Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant