Chapitre 8

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Musique: Peter Bjorn and John- Young folks


Ce n'est qu'après une petite cigarette et une pause détente devant la magnifique vue qui s'étend depuis le champ, que je me décide à regagner la vieille bâtisse pour demander à Nils de me ramener. Seulement à peine suis-je à l'intérieur qu'Aaron vient à ma rencontre.

— Ça va ? Me demande-t-il avec un brin d'inquiétude dans la voix.

Son attitude m'irrite aussitôt. Même si j'ai choisi de devenir son pion, une part de moi le tien pour responsable, car si lui et ses potes se contentaient comme des personnes à peu près normale de flirter en soirée ou au lycée, rien de tout cela ne serait arrivé. Alors sans lui adresser de réponse, je le contourne et feins l'indifférence totale bien que dans le fond, je ne parvienne pas véritablement à le détester. En continuant mon chemin, je croise celui de Lissa et l'idée d'en apprendre davantage sur elle prend le dessus.

— Lissa, on peut parler deux minutes ?

Elle hoche doucement la tête avec un petit air blasé qui se veut provoquant, mais se laisse faire lorsque je l'entraîne par le bras un peu à l'écart.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

— La même chose que toi, je suppose.

Elle arque un sourcil, aborde un air hautain que je ne lui avais jamais vu.

— Non, mais, qu'est-ce que tu fais dans l'équipe d'Owen ?

— Il m'a choisi, c'est tout. Répond-t-elle froidement, sans l'ombre d'un sourire, comme si elle protégeait une fierté derrière cette position.

Alors que je fronce les sourcils, septique quant à mes doutes, Lissa affiche un petit rictus moqueur, puis croise les bras devant sa poitrine.

— Oh, ne prend pas cette mine de chien battu. Ajoute-t-elle. Ce n'est pas parce qu'aux yeux de Clarisse, je suis sa gentille petite cousine innocente, que je dois m'en tenir à cette image-là.

Sur le coup, je dois bien avouer qu'elle me prend de court. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle parle de Clarisse, mais elle a raison sur un point. La Lissa que j'ai devant moi est plus arrogante et peste que je ne l'aurais cru.

— Au début, j'ai écouté Clarisse, enchaîne-t-elle, car je savais qu'elle voulait me protéger. Mais me protéger de quoi ? Ce jeu, ce n'est pas la fin du monde. Quatre mecs magnifiques autour de toi, perdre ta virginité avec l'un d'entre eux. Franchement, il n'y a pas que des mauvais côtés.

Lissa affiche une moue enfantine, puis regarde ailleurs comme si elle n'assumait ses propos qu'à moitié. En la voyant sous cette angle, elle m'apparaît très différente, c'est vrai, et même si je ne partage absolument pas son point de vue, je ne peux l'en blâmer. Pour ma part, ce serait à l'encontre de mes principes que de faire ma première fois avec Aaron.

— Tu sais, quand Owen m'a parlé du mot, continue-t-elle, j'ai compris que j'étais visée. C'est lui qui l'a collé sur mon casier Octobre, alors je ne sais toujours pas pourquoi tu t'en es mêlée, mais sache qu'être la sœur de la Légende ne fait pas de toi une sainte que les mecs s'arrachent.

Prise au dépourvu par la tournure de notre conversation, je ne trouve pas les mots. M'interpréterait-elle comme une rivale ? C'est la nette impression qu'elle me donne, les poings à présent serrés, les joues empourprées. Je fixe Lissa, mais ce n'est plus à elle que je pense le temps d'une seconde. Car si le mot était d'Owen, cela veut dire qu'il me visait aussi depuis le début. Enfin, quand j'y repense, tout me semble plus logique et étrangement, cette nouvelle m'éveille un frisson.

Après notre brève conversation avec Lissa, je mets la main sur Nils et insiste pour qu'il me ramène, chose qu'il finit par accepter. Au début du trajet, il tente de détendre l'ambiance, comme s'il essayait de racheter ma confiance, mais pour ma part, je joue dans les apparences. À présent, Nils n'est que l'arbitre du jeu pour moi. Et après quelques minutes, il comprend rapidement que je souhaite le silence.

Quand j'arrive à la maison, je tente de me changer les idées en préparant un repas pour ma mère et moi, seulement, même après vingt-heures, elle n'est toujours pas de retour et mon ventre commence à se crisper. Dans les minutes qui suivent, je reçois un message de sa part m'annonçant qu'elle ne rentre pas pour manger. L'esprit maussade, je m'installe seule à table et me sers. Tout en mastiquant, je songe à ses retards constants et laisse plusieurs scénarios m'envahir la tête. À commencer par le fait qu'elle ait un amant et refuse de le voir en ma présence ou alors, elle mène une double vie. Je pense ainsi de longues minutes, réellement tiraillée, puis ayant fini de manger, je gagne l'étage, me prépare pour dormir et me pose sur le lit. Mes yeux dérivent sur l'horloge contre le mur qui affiche près de vingt-et-une heures.

Virginity Game (Deuxieme Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant