Virginity Game (Deuxieme Version)

Chapitre 9-10

Musique : FUR- If you know that I'm lonely

La semaine passe vite, bien trop vite et je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou au contraire, appréhender ce séjour en montagne prévu par les joueurs. Hier soir, Théo nous a précisé où se déroulerait le camping, qui n'est en fait pas réellement un camping puisque nous allons dans sa maison secondaire. L'endroit promet d'être au bord d'un lac, on ne peut pas rêver mieux, mais la compagnie reste à voir. Au début ma mère n'a pas accepté que je parte trois jours avec des «amis», alors on s'est un peu embrouillées. J'aurais pu être honnête avec elle et lui parler du jeu, mais pour le moment, je ne me sens pas de lui confier quelconques sujets sérieux sur ma vie. Au cours de notre dernier échange, elle a pu constater que son autorité n'avait pas l'effet désiré, alors on a fait un compromis, ce qui explique pourquoi je suis finalement en voiture avec Nils. 

C'est triste à dire, mais depuis que je suis ici, je n'ai pas eu le temps de me faire des amis. En étant impliquée dans le jeu, je ne pensais que nous passerions réellement tout notre temps avec les joueurs. Heureusement, Jade est là et on s'entend bien. Depuis lundi, on traîne ensemble pour éviter un minimum les mecs. On a tenté d'aborder Mathilde aussi, le deuxième pion de Théo avec qui Jade tient absolument à ce qu'on s'allie, mais celle-ci est étrange, bien que gentille. Elle est petite, typé asiatique, mais pour ce qui est de sa façon de penser, nous ne sommes pas vraiment sur la même longueur d'ondes, car si Jade et moi commençons à prendre parti et à nous positionner, Mathilde considère que ce n'est pas nécessaire. Elle ne sait pas trop ce qu'elle veut et ne partage pas notre intérêt à s'unifier pour battre les joueurs.

 C'est pourtant quelque chose qui me semble simple, mais elle est persuadée d'y parvenir seule, puisque de toute évidence, elle ne couchera jamais avec un homme qu'elle n'aime pas. En somme, Mathilde reste un peu avec nous, mais refuse d'adhérer à certains plans que nous mettons en place. Néanmoins, je ne perds pas espoir. Quand le jeu commencera vraiment, nous aurons besoin de nous appuyer les unes sur les autres. À côté de moi, Nils se racle la gorge, comme pour attirer mon attention, alors que celle-ci est complètement ailleurs. Je le regarde du coin de l'œil, toujours rongée par ce sentiment de trahison. Même si je ne le connais pas depuis longtemps, la place qu'il occupe au sein du Virginity Game me serre le cœur. J'aurais aimé qu'il soit en dehors de tout ça, que je puisse m'appuyer sur lui en cas de nécessité et qu'on se soutienne comme de véritables amis, mais à présent, c'est une idée lointaine.

— Dis-moi, ça t'intéresse d'avoir plus de détails ? Se risque à me demander Nils avec un ton chaleureux.

— Sur quoi ?

Étrangement, je réalise que j'ai envie de pleurer. De me lâcher un bon coup pour évacuer tout ce qui s'est accumulé depuis le début de la semaine. Pourtant, je m'arme de ma colère et de mes frustrations pour ne pas ciller. Dans ce type de situation, les sentiments négatifs ont un avantage, ils me permettent de tenir debout alors que tout mon monde s'est écroulé.

— Sur le déroulement du week-end.

— Pour commencer, il y a combien d'heures de route ? Je souffle, comprenant que je ne peux pas éviter cette conversation en vue des regards incessants qu'il me jette.

— Trois heures que nous allons passer ensemble, ce n'est pas merveilleux ?

— Je compte pas discuter avec toi tout ce temps. Mon ipod sera de bien meilleure compagnie.

Ma réponse le fait rire, je ne sais pas s'il se force, mais dans tous les cas, son attitude est loin de lui faire marquer des points.

— Et sinon, quand on arrive là-bas, il se passe quoi au juste ? Je lui demande, histoire de rebondir sur quelque chose de plus nourrissant pour mes réflexions.

— Pour commencer, je pense qu'on va s'installer tranquillement, les gars ont déjà préparé la maison pour la fête, il n'y aura plus qu'à attendre.

Brusquement, je tourne la tête dans sa direction, fronce les sourcils à l'entente de ce qu'il vient de dire.

— Une fête ? Mais avec qui ?

Nils rit de nouveau, puis me regarde du coin de l'œil, visiblement satisfait d'avoir piqué ma curiosité à vif. Je jurerais que ce salaud l'a fait exprès.

— Tu verras bien. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il y aura du monde, beaucoup de monde.

Presque automatiquement, je roule des yeux, puis sors mes écouteurs pour m'assurer que nous n'ayons pas d'autres échanges par la suite.