Chapitre 45

3K 170 29
                                    

Musique: The Acid - Basic Instinct.

Flash-back.

Estelle, je me casse chez Mélodie ! Je crie depuis l'entrée.

En moins d'une seconde je la vois dévaler l'escalier et se précipiter vers moi.

— Quoi ? Je croyais qu'on allait voir maman ensemble ?!

— Non, pas cette fois désolé, ça me tord le bide au bout d'un moment ces hôpitaux.

Et c'est vrai. Je n'ai connu ma mère quasiment qu'en psychiatrie parce qu'elle est pas fichue de vivre autrement qu'en dépression. Estelle le vit mal, moi je commence à m'y faire.

— T'es sérieux ? Crache-t-elle en s'armant d'un regard noir que je déteste la voir braquer sur moi.

Surtout après ce qu'elle m'a annoncé il y a deux jours.

— T'as qu'à demander à papa.

Je détourne le regard, faut que je parte. Que je retrouve Mélodie et un semblant de bonheur, sinon je vais finir par péter les plombs. Estelle grimace, se recule, une expression faussement surprise la traverse.

— Mais Owen est-ce que tu vis ici ? Aux dernières nouvelles, papa est bien la dernière personne sur qui on peut compter dans cette famille.

Je sais, je sais bien, mais je ne veux pas penser à ça. Et avec Mélodie, ça disparaît. Cette douleur dans ma poitrine qui me fait suffoquer. Je peux pas rester, je sens que ça monte, que ça me bouffe de l'intérieur. Je tourne le dos à Estelle, un coup d'œil par-dessus mon épaule me suffit pour cerner toute son amertume.

— Je suis désolé, mais compte pas sur moi non plus pour ce coup-là.

Elle a l'air en colère, je le perçois tout juste avant qu'elle ne referme la porte sans m'adresser un mot. Une brève hésitation me traverse. Revenir sur mes pas, m'excuser, la serrer dans mes bras comme avant pour lui dire que tout va aller, mais rien n'ira jamais, ça me fatigue de faire semblant. Quand je grimpe dans la voiture, je chasse mes pensées noires, imagine Mélodie et son éternel sourire triste, légèrement blessé, qui la rend belle à en crever. J'aime être avec elle, ne plus penser que ma vie est ailleurs, quelque part dans une maison vide ou un hôpital, mais contre la chaleur de son corps. À peine je me gare en bas de chez elle que déjà je me sens heureux. Je coupe le moteur, me dirige vers l'entrée et ouvre la porte en sachant qu'il n'y a qu'elle. Quand son beau-père et sa mère sont absents, Mélodie est incroyablement plus douce.

— Salut. Je l'entends roucouler alors que j'ai tout juste posé un pied dans le salon.

— Salut.

J'esquisse un sourire, l'embrasse. Ses yeux sont rouges, comme souvent, mais je lui pose jamais la question, étrangement cette fois ça m'interpelle.

— T'as pleuré ?

— Ah, non, pas du tout. J'étais en train de couper des oignons et figure-toi qu'aucun truc ne m'a jamais fait pleurer autant !

Ses lèvres s'étirent, ses yeux mentent. Je le sens, pourtant, je me dis que c'est pas grave, qu'au final elle me sourit et c'est le plus important. Mélodie se rapproche, colle ses hanches contre les miennes, m'embrasse à pleine bouche en encadrant mon visage de ses mains.

— Alors, susurre-t-elle du bout des lèvres. Comment ça se passe chez toi ?

Le visage d'Estelle s'impose dans mon esprit. Je m'éloigne, le malaise prend le dessus.

— J'ai pas envie d'en parler. 

Mélodie glisse sa main dans la mienne, me guide jusqu'au canapé sur lequel je me laisse tomber, sentant ses questions arriver. C'est sa façon de procéder.

— Owen, t'as reparlé à Estelle depuis mercredi ?

— On devait aller voir ma mère aujourd'hui.

— Pourquoi tu l'as pas fait ? Depuis qu'elle s'est fait interner t'y es pas allé une seule fois, tu le sais ça ?
  
— Ouais, c'est depuis que je squatte chez toi tous les jours quoi.

Je ricane, dépose un baiser sur son épaule. Elle laisse échapper un rire taquin, puis me repousse gentiment. Visiblement elle n'en a pas fini.

— Oui... Et comme par hasard c'est aussi depuis qu'Estelle s'est mise à fréquenter James...

Mes muscles se crispent. Mélodie le remarque, c'est seulement quand ses yeux s'ancrent dans les miens que je me détends, mais au moment de parler, je sens que je vais vociférer et dire de la merde.

— Et elle a attendu deux semaines avant de m'en parler, donc elle va pas se plaindre si depuis deux jours justement je lui parle plus !

Mélodie se place devant moi, pose ses deux mains sur la mienne. Avec son pouce, elle y trace des petits cercles qui me font frissonner, sauf qu'elle n'a pas l'air d'être de mon côté. À croire qu'elle aime me prendre la tête avec cette histoire.

— Owen pourquoi tu captes pas ? Depuis que ta mère est partie à l'hosto et que toi tu fuis la situation en venant te réfugier ici, Estelle se retrouve toute seule. Si elle est allée vers James c'est pour faire la même chose que toi, pour trouver un refuge. Et quand elle a eu besoin de toi tu lui as tourné le dos.

Ses paroles viennent douloureusement retourner le couteau dans la plaie. Je revois Estelle deux jours plus tôt dans ma chambre avec une tête épouvantable, m'annonçant qu'elle croit avoir fait une connerie en couchant avec James et qu'elle doit maintenant écouler de la came. J'ai flippé. Et toute ma peur, je l'ai transformée en rage. J'ai envie de me borner à dire que c'est son problème, qu'elle doit se démerder toute seule, mais je sais que c'est pas le cas. Dans cette histoire, j'ai ma part de responsabilité.

— Je sais pas quoi faire. Je lâche alors, les épaules affaissées, le regard pendu dans le vide, tandis que les mains de Mélodie font pression sur la mienne. Je suis tellement bien quand je suis avec toi alors que chez moi, je me sens paumé avec mon père qui rentre à pas d'heure. Estelle en bave vachement, je le sais, mais... Mais si je reste avec elle, on va sombrer tous les deux et...

Je m'interromps. Dans le regard de Mélodie, je discerne à la lueur qui y vacille, qu'elle sait ce que je ne dis pas. Elle est loin d'être idiote et dans ses bras, je commence à me sentir nul, j'ai peur de voir dans ses yeux, la même déception qu'Estelle
m'a infligée. Mais comme à chaque fois que mon cœur s'emballe et que je manque d'air, Mélodie trouve les gestes, ceux qui dissipent mes doutes et aspirent mes craintes.

— Owen... Je sais que tu penses pas ce que tu dis. Je sais que t'aimes Estelle, que t'aurais
voulu la protéger de tout ce qui t'a fait souffrir et qu'au final ça te fout les boules de voir que tu fais l'inverse, mais rien n'est joué tu sais. T'as la chance d'avoir une sœur à tes côtés pour passer les coups durs, la gâche pas maintenant.

Inspiration, expiration. C'est comme si elle lisait en moi. Le poids qui me compressait la poitrine cède la place à sa douceur. Mélodie pose ma tête contre sa poitrine. Je l'aime. Tellement. Je l'aime à chaque instant qui m'est accordé et j'ai envie de lui crier. De lui répéter en boucle, seulement je ferme ma gueule et hoche la tête pour lui témoigner ma compréhension. Mon portable vibre. Je me redresse, consulte le message de ma sœur qui s'affiche sur l'écran et manque d'avaler ma salive de travers.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Estelle vient de me dire qu'elle allait à l'hôpital avec James. Putain, si c'est pas du foutage de gueule ! Je m'emporte, sans songer une seconde à ce qui a pu être dit plus tôt.

— Owen, perds pas le nord, elle fait ça pour attirer ton attention, sinon pourquoi elle te préviendrait ? Elle t'a dit que James
la terrifiait, faire appel à lui, c'est clairement te dire de rappliquer !

Quand je regarde Mélodie, je me demande comment est-ce qu'elle peut cerner les choses si facilement alors que je m'y noie, englouti par mes émotions. Je bois la tasse et sans elle, j'aurais sûrement touché le fond. Je lui souris pour essayer de me sortir de l'état dans lequel je m'enfonce, mais elle n'esquisse pas le moindre mouvement. Des fois, j'ai l'impression que Mélodie fait semblant, qu'elle joue mieux qu'aucun d'entre nous pour tenir le coup sans jamais montrer l'ombre d'une faiblesse. Elle est si parfaite, je me doute qu'un truc cloche, seulement j'ai trop besoin d'elle et
je finis par reléguer au second plan les préoccupations qui trottent dans son esprit.

— Dans ce cas-là, il nous reste plus qu'à la rejoindre pour confirmer ta théorie folle. Je souffle pour me moquer d'elle et de son air sérieux à chaque fois qu'on parle de mes putains de problèmes.

Mélodie les prend trop à cœur. Elle esquisse une moue satisfaite et se lève. Quand on arrive chez moi, on retrouve Estelle qui fait des allers-retours dans la cuisine. Mélodie se met en retrait, je m'avance les jambes raides, il est temps que je sois honnête avec ma sœur et moi-même.

— Je suis désolé d'avoir été si naze avec toi ces derniers jours. Vraiment je...

Estelle me laisse pas finir le discours auquel je me suis préparé pendant le trajet et se jette à mon cou.

— Laisse tomber, on s'en fout, j'ai été nulle aussi de toute façon.

J'ai envie de savourer pleinement notre étreinte, tout comme j'ai envie de m'en détacher pour lui présenter de vraies excuses et qu'on s'explique, mais la porte d'entrée s'ouvre brusquement sans que personne n'y soit invité et la silhouette de James vient faire tache. Quand son regard se pose sur ma copine, il a l'air surpris. Peut-être qu'il se souvient d'elle et de la fois où il a tenté de la baiser. En me voyant, il perd son petit sourire en coin, mais se reprend vite, du James tout craché.

— Je pensais pas qu'on aurait autant de compagnie. Lâche-t-il en me lorgnant d'un mauvais œil avant de se tourner vers Estelle à qui il fait un signe de tête pour qu'elle s'approche.

— Magne-toi bébé, y a ta maman qui nous attend.

Elle ne fait pas le moindre geste. Son regard passe de James à moi avec une certaine appréhension. Elle s'imagine peut-être que je vais encore la laisser, mais cette fois je ne suis plus vraiment d'humeur à fuir.

— Tu peux faire demi-tour maintenant, personne ne vient avec toi.

Sa mâchoire se crispe, ça le satisfait pas mais je m'en cogne, je veux qu'il se barre vite, qu'il arrête de mater ma copine comme si elle était un bout de viande à son goût, et qu'il laisse Estelle, parce que maintenant je suis là, je vais assurer.

— Owen, j'ai rien contre-toi, mais là t'es en train de me faire chier. C'est pas à toi que je cause, mais à ta sœur et de nous deux, je sais que c'est avec moi qu'elle est le mieux.

Ses propos réveillent en moi une colère qui se terrait depuis longtemps. Alors que j'esquisse un pas dans sa direction, Estelle me retient par le bras et s'avance à ma place.

— James, vraiment, tu ferais mieux de partir... Je..

Sa voix se brise, tandis qu'elle s'efforce de tenir tête au mec le plus impressionnant qui soit. James a de la gueule, la plupart du temps il inspire du respect et de la crainte autour de lui, mais je le connais suffisamment à présent pour me permettre de pisser sur sa notion de respect. Plus jamais je le laisserai tourner autour de ma sœur avec ses mains pleines de sang et ses poches bourrées de fric. Il me dégoûte. Et savoir qu'un jour j'ai pu être comme lui me fait comme un violent pique un cœur.

— Putain. Tu vas pas me dire que je me suis bougé le cul pour rien ? S'insurge-t-il, alors que dans le fond il en a rien à foutre. Estelle, tu vas venir et monter dans ma putain de bagnole, parce que là je suis en train de perdre patience mon cœur.

Les vieux surnoms dont il l'affable me vrillent les tympans. Je me tourne une nanoseconde vers Mélodie qui me regarde sans ciller, je puise dans ses yeux un peu de courage et m'arme de toute la rancœur que j'ai envers James pour m'avancer vers lui. Quand je suis à son niveau, il
tente de m'écraser avec son regard de dominant, mais je plaque une main contre son torse et le repousse dehors.

— Dégage d'ici maintenant...

— Sinon quoi ?

Je roule des yeux, ramène mon bras contre mon corps avant de le fixer durement.

— Sinon rien du tout, t'es juste en train de me bander sévère à mettre ta merde partout où tu vas.

J'ai pas envie qu'il me prenne la tête davantage, je veux juste qu'il disparaisse dans sa bagnole hors de prix minable pour me retrouver avec Mélodie et l'embrasser jusqu'à ce que je sois plus en capacité de penser. Je veux retrouver Estelle aussi, qu'elle m'explique ce qui s'est passé, qu'enfin on se retrouve.

— Ma merde, je l'ai surtout mise à l'intérieur de ta petite sœur, tu sais, bien profond dans...

James n'a pas le temps de finir sa phrase que j
'assène un énorme coup dans sa sale gueule de con. Je sais qu'il attendait que ça, qu'il m'a provoqué pour cette raison, et quand c'est à son tour de riposter, je réalise que j'aurais dû me contenir, mais l'envie de me défouler a pris le dessus. Et alors que la douleur se répercute dans mon corps au fil des coups que je reçois, je sens l'adrénaline monter, je suis prêt à me jeter sur James, à lui briser les os un à un, j'irais jusqu'à le crever si ça pouvait réellement apaiser la haine qui grandit dans mon cœur, mais ça me mène à rien. Plus je frappe, plus mes coups sont accompagnés de protestations venant de Mélodie et d'Estelle. Quand je me redresse pour foutre une patate de plus dans la mâchoire de James, je sens mon coude se heurter à quelque chose, sauf qu'au moment où je baisse ma garde pour y prêter attention, James contre-attaque.

 J'ai tout juste le temps de voir Mélodie qui nous fixe atterrée, du sang sur le visage, mais ce qui me marque, c'est cette peur croissante au fond de ses yeux, je ressens sa répulsion jusque dans ma propre chair, puis l'instant d'après, sa silhouette disparaît avec Estelle. Ma colère se volatilise en un instant, mais James ne se calme pas. À mesure que la violence entre nous augmente, je le vois prendre un plaisir malsain à encaisser les coups, à chasser le sang qui coule de son arcade sourcilière, tandis qu'un rictus mauvais se dessine sur ses lèvres. Ça me rappelle l'époque où on se battait pour rigoler. À bien y penser, c'était un jeu à la con, mais j'aimais rentrer couvert de bleus et que ma mère s'en inquiète, j'aimais ce que la violence pouvait me procurer, comme si je vivais qu'en frôlant la mort.

 C'est exactement ce type d'excitation qui anime James, et je réalise à quel point décharger ma frustration dans des coups ne me soulage pas autant que le rire de Mélodie. J'ai trouvé mon soleil et je viens de le blesser. Après un certain temps dont je ne saurais définir la limite, James se recule, me foudroie du regard et me promet qu'on se reverra. Il s'avouera jamais qu'il bat en retraite, mais moi je m'en contre-carre, tout ce qui compte, c'est que son cul soit maintenant dans sa voiture. Estelle refait irruption au moment où il démarre, je suis complètement sonné et prêt à rompre sous la tension. Elle m'attrape par le poignet, m'adresse un regard tendre, puis me guide jusqu'à la cuisine. Avec les moyens du bord, elle m'aide à nettoyer mon visage. À chaque fois qu'elle passe aux endroits où ma peau tire, je sens comme mille aiguilles s'y enfoncer, il me faut serrer les dents pour supporter la douleur. J'espère que Mélodie m'en voudra pas trop. À mesure que mes pensées s'éclaircissent, je la revois soudain me dire combien elle déteste les excès. Je crois que son père était violent quand elle était gamine, seulement, elle a jamais voulu m'en parler.

— Mélodie... Elle est où Mélodie ? J'articule difficilement en sondant le regard d'Estelle pour m'assurer que tout va bien.

— Dans la salle de bains, je vais chercher la trousse à pharmacie et voir si elle va bien t'inquiète.

Quand elle s'en va, je suis le bruit de ses pas jusqu'à l'étage. Je ferme les yeux un instant, mes paupières me brûlent, mais au moins je peux imaginer le visage de Mélodie. Je vois ses yeux, ses grands yeux noirs, citerne de délicatesse à laquelle je m'abreuve. Il me suffit d'y penser, suffisamment fort, pour sentir ses mains caresser mes joues, et la douleur se fait moins intense. Un cri strident résonne dans la maison, déchire mes pensées et son flot de douceur. Estelle. Un mauvais pressentiment m'étreint, j'ai comme des sueurs froides inexpliquées, et le cœur qui tambourine tandis que je me précipite à l'étage. Estelle est figée devant l'entrée de la salle de bains, le visage empli d'effroi. Je m'approche d'elle,
 tremblant, puis mes yeux se posent sur la réalité et tout s'effondre. La lumière est allumée, l'eau coule dans la baignoire, tout semble normal. Du moins je voudrais que ce le soit. Parce que la vérité à laquelle je fais face est inconcevable. Le corps de Mélodie, noyé sous une masse d'eau rouge sang. C'est inconcevable.— Oh mon dieu...

Ce sont les seuls mots qu'Estelle parvient à articuler. Moi je dis rien. Je ne sens plus la douleur physique qui me tiraillait un peu plus tôt. Il n'y a plus que cette lancinante affliction dévorant mon âme. Dans les secondes qui suivent, elle finit par se ressaisir, appelle une ambulance, tandis que je reste figé. Je réalise pas, je veux pas réaliser. Pourtant, toute cette merde a du sens. Comme une brève série de photos qui me reviendrait momentanément en tête, je revois toutes ces fois où Mélodie me souriait et où sa joie n'y était pas. Elle souriait simplement pour cacher ses blessures et moi, j'y voyais que du feu, trop aveuglé par mon propre intérêt. Je la revois cacher difficilement les bleus et les griffures qui striaient son corps et je me demande comment j'ai pu être si con, si heureux au point de plus distinguer le malheur qui noyait sa chair. Maintenant, je comprends que plus jamais je la verrai me sourire, que ce soit pour de vrai ou pour de faux. Plus jamais Mélodie me fera ses grands discours qui me donnent l'impression d'être bête, de ne rien comprendre à la vie, alors que c'était juste des prétextes pour se cacher derrière et demain, elle sera plus là pour que je lui demande quelles étaient donc les raisons de sa souffrance.

______________________

Raah c'est tragique ! Enfin, vous poseriez quel mot là dessus vous ? 

Maintenant on peut comprendre qu'Owen soit un joueur, l'amour, il doit vouloir s'en protéger après ça, mais peut-être qu'Octobre pourra lui faire changer son regard là-dessus... ;)

Virginity Game (Deuxieme Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant