Chapitre 53

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Musique : Men I trust- I hope to be around


PDV Sarah :

Quand on est arrivé au chalet, j'ai tout de suite trouvé l'endroit charmant. Depuis qu'on a déballé les affaires, les filles sont restées dans la chambre pour se plaindre encore de la nouvelle règle et choisir des activités pour la journée. Je n'écoute pas un mot de leur échange, je suis tellement dans la hâte de retrouver Théo qu'il me faut faire un effort pour contenir mon entrain. Je ne me vois pas dire aux filles que pour moi c'est foutu et que je n'ai jamais été si heureuse de l'apprendre. Elles ne comprendraient pas comment j'ai pu passer de la haine à l'amour en si peu de temps, moi-même d'ailleurs je n'ai pas d'explications claires, mais je m'en contrefous. Je pense que les choses se sont faites progressivement, mais j'étais trop obnubilée par ma vengeance pour prêter attention aux sentiments qui émergeaient en moi, aujourd'hui, il m'est impossible de les nier. C'est comme si le monde s'était retourné, je ne me sens plus la même, comme si celle que j'avais pu être quelques semaines plus tôt, emplie de rancune et d'aigreur s'était volatilisée.

— Sarah, on va aller faire un tour tu viens avec nous ?

Alaska, Jade et Octobre se sont levées, elles me regardent de travers comme si elles remarquaient tout juste que j'ai la tête ailleurs depuis le début.

— Non, je vais aller prendre une douche ! Je mens, soudain tout excitée à l'idée d'avoir le champ libre pour rejoindre Théo.

Elles n'affichent pas de mines contrariées ce qui est bon signe. Octobre s'enthousiasme de la quantité de neige dehors et elles se remettent à jacasser en sortant. Lorsque je suis sûre qu'elles ne sont plus à l'étage, je traverse le couloir pour rejoindre la chambre des gars. J'aime bien cet endroit, nous avons à disposition deux chambres de six personnes et une salle de bains, mais même si ça pose des inconvénients aux joueurs dans leur confort habituel, je trouve ça cosy, on se croirait en colo. À quelques détails près. Quand je débarque en courant dans la pièce attribuée aux joueurs, je suis ravie de voir que Théo a appliqué notre plan à la lettre, de cette façon, je sais que nous avons du temps juste tous les deux.

— Aaron est en bas avec Nils et Owen. Matthew est à la douche, la chambre est à nous !

— Les filles sont parties en balade et Charlie et Lara sont... quelque part loin d'ici.

Je souris, Théo se lève du lit et vient à ma rencontre. Quand je le regarde, si proche de moi, je repense à la nuit dernière, celle qu'on a passé tous les deux chez moi pour parler de notre situation. J'ai encore un peu de mal à réaliser que nous nous sommes embrassés. Ça me semble dingue et en même temps pas tant que ça. J'ai l'impression que l'univers a conspiré à tout ça, avec la nouvelle règle, Théo et moi on y trouve notre bonheur.

— C'est bizarre...

Mes yeux parcourent son visage, mes lèvres sont avides d'un baiser. Néanmoins, devant son air intrigué, je contiens le désir qui m'afflige et le regarde avec attention.

— Quoi donc ?

Théo esquisse un sourire, il cale sa main contre ma joue, la caresse avec son pouce sans détacher une seule fois ses yeux des miens. Plus je le regarde, plus je me demande comment j'ai pu être aveugle à l'évidence qui émane désormais entre nous. Je l'aime. C'est invraisemblable et pourtant viscéral. Je l'aime comme je n'ai jamais aimé jusque-là. Tout comme jusqu'à aujourd'hui, personne n'avait lu mon journal ni ne l'avait déchiré, mais à présent ce qui compte, ce qui se cale sur les battements de mon cœur, c'est la mélodie que Théo me joue quand on est ensemble, avec son âme, comme si soudain je pouvais voir la vie s'embraser en lui. C'est cette puissance qu'il m'apporte qui me soulève. Quelque chose change quand je suis avec lui et que ce soit réciproque devient ma providence.

— Je sais pas... T'es moins belle qu'hier non ?

— Pardon ? Mes lèvres n'ont pas changé elles, c'est dommage que... Que soudain elles n'aient plus du tout envie de toi.

Je fais mine de m'éloigner, les bras de Théo me retiennent, attrapent mes hanches et je ne lutte pas davantage.

— Ah ouais ? T'es sûre de ça ?

Il se rapproche, je fais de même sans cesser de sourire. Ce qui est beau, c'est son sourire à lui. Toute la sincérité qui vient se dessiner sur ses lèvres quand elles s'étirent pour devenir le sourire que je chéris le plus au monde. Son nez frôle le mien, j'ai tellement envie de l'embrasser que je vais finir par me jeter sur lui et le dévorer. Ça lui servira peut-être de leçon, la prochaine fois, il ne me fera pas languir autant, mais au moment où l'attraction prend le dessus, mon regard se pose sur l'étui de guitare derrière lui.

— Théo, t'as pris ta guitare ? Je chuchote contre ses lèvres.

Ses yeux s'ouvrent comme s'il sortait d'une phase comateuse durant laquelle il imaginait certainement qu'on allait s'embrasser, mais mon envie est soudain portée ailleurs. Je veux l'entendre jouer, comme la première et toutes celles d'après. Lorsque Théo joue de la musique, il exprime plus que des mots et des caresses.

— Ouais... Dis-toi que les mecs savaient pas que je jouais de la gratte avant, je me suis dit que je pourrais m'entraîner et leur faire découvrir ma passion.

Il a l'air gêné quand il m'avoue ça et en même temps, je sais que ça lui fait autant de bien qu'à moi de pouvoir avouer ce qu'il pense sans la moindre censure. À mes yeux, il est quelqu'un de nouveau, j'ai l'impression de voir un semblant de vérité et si Théo passait sa vie à jouer jusque-là, c'est une époque qui touche à sa fin. Ensemble on sera vrai. Je serai moi et il sera capable d'être lui, peu importe ce que les autres en disent, j'ai décidé que j'allais croire en lui et le porter au travers de ses rêves, peu importe ce qu'il advient.

— C'est une super idée, peut-être qu'en te voyant te reconnecter à ce qui te fait vraiment vibrer, ça donnera aux mecs l'envie d'en faire autant !

Si avant j'en doutais, aujourd'hui, je suis certaine que les joueurs sont tous plus ou moins prisonniers d'un masque qu'ils ont mis une première fois pour se protéger, mais dont ils n'ont pas su se dépêtrer. Maintenant que j'y vois plus clair, le jeu n'a plus la même allure austère, j'ai l'impression qu'il s'agit d'un jeu plus profond où il faut démasquer qui est qui dans un temps imparti. Certes, ce n'est pas conscient et pas si simple, mais depuis que la tendance s'est inversée entre Théo et moi, l'espoir est devenu mon gouvernail, je suis sûre que chacun peut se libérer de peurs pour se découvrir. Du moins, c'est une théorie dont j'aimerais faire part aux filles quand les choses seront plus concrètes avec Théo, même si elles le sont suffisamment pour moi, je suppose qu'il leur faudra plus de temps et de rationalité pour accepter la réalité telle qu'elle est.

— Tu veux écouter un morceau ? Me propose Théo qui durant le laps de temps où je pensais à un cheminement idéal pour le jeu s'est emparé de sa guitare.

Ce n'est qu'avec une gratte dans les mains qu'il me semble véritablement complet, comme si l'instrument n'était qu'un prolongement de lui-même.

— Est-ce que tu as envie d'en jouer un ?

Je m'assieds sur le lit où il était affalé un peu plus tôt et tapote la place à mes côtés pour qu'il prenne place. Théo sourit alors je me mets à sourire. Quand les premières notes résonnent dans la pièce, je ferme les yeux, me laisse transporter par sa mélodie qui me plonge dans une histoire sans fin, pleine de douceur et d'espoir, une histoire qui ressemble en tout point à la nôtre. Je ne saisis jamais le fil du temps qui passe quand Théo joue, hier il a fallu que ma mère nous signale qu'il était plus de trois heures du matin pour qu'il s'arrête, mais j'aurais aimé l'écouter toute la nuit. Cette fois, personne n'aurait dû être en capacité de briser cet instant, mais Owen fait irruption dans la chambre et la réalité nous rattrape. Il nous regarde à tour de rôle visiblement surpris, puis quand il remarque la guitare que Théo tient sur ses genoux, un large sourire éclaire son visage.

— Waw mec, l'idée de jouer de la guitare c'est carrément un super plan pour choper les meufs, mais si tu veux de l'intimité, je te conseille d'arrêter de jouer, on t'entend jusqu'en bas, ça va finir par attirer tout le monde !

Il lui fait un clin d'œil, puis s'éclipse de la pièce aussi vite qu'il y est entré. Ce que je trouve rigolo avec les joueurs, c'est leur façon de parler des filles, comme si nous n'étions vraiment que des trous dans lesquels se fourrer.

— Alors ? Tu penses toujours que mes notes sont suffisamment profondes pour les toucher en plein cœur ? Ricane Théo en posant sa guitare sur le côté, ses mains préférant soudain s'accaparer les miennes à la place des cordes.

— Faut juste que les choses se passent pas dans ce contexte, mais sinon, oui, j'ai espoir, ce que t'as joué, c'était super. Et si les autres sont pas capables de le voir, laisse-moi te dire qu'on s'en fout, parce que je crois en toi pour le reste du monde.

J'aime bien le voir esquisser un sourire en coin à chaque fois que je lui fais des compliments. C'est tellement étrange de voir de la gêne imprégner ses traits, il n'a pas une totale assurance en ce qu'il fait et y a de quoi quand je pense à la façon dont son père l'a traité toute son enfance. Si j'avais été sa mère, j'aurais tenté de le protéger, mais parfois la vie manque de justesse et Théo n'a eu aucun parent pour rattraper l'autre contrairement à moi.

— À quoi tu penses ? Me demande-t-il au moment où je tente de l'imaginer môme, plein de rêves et de foi en la vie, les paupières closes.

Quand j'entrouvre les yeux, son visage est très proche du mien, sa main caresse ma cuisse, ce geste a quelque chose d'envoûtant à force de répétition, des frissons parcourent ma chair.

— À toi et au fait qu'on devrait profiter de l'intimité qu'on a avant que quelqu'un d'autre comme Owen ne fasse irruption.

Théo hoche la tête, puis enfin, ses lèvres se posent sur les miennes avec une infinie douceur. Quand je bascule sur lui, notre baiser se corse et le désir se répand dans mes veines comme une bonne dose de coc. Ses mains se glissent sous mon pull, il caresse mes hanches, mon ventre, remonte jusqu'à mes seins. Je me laisse enivrer par ses caresses, mords sa lèvre inférieure avant de l'aspirer tandis qu'il manifeste son plaisir par de légers bruits, comme s'il se l'autorisait pour la première fois, ça a quelque chose d'extatique. Au moment où les choses deviennent vraiment intenses, je ressens le profond besoin de le sentir en moi et réalise qu'il est temps qu'on calme la cadence, sauf que je n'ai pas la moindre volonté de me détacher de lui surtout lorsque son érection se frotte contre mon intimité.

— Théo... Je souffle entre deux râles de plaisir, peinant à ouvrir mes yeux pour me raccrocher à une quelconque réalité qui nous éloignerait de cet échange. Je crois... Je crois qu'on va avoir un problème....

Je ne sais même pas s'il m'écoute, sa bouche a l'air concentrée à embrasser chaque parcelle de mon cou, mes doigts triturent ses cheveux et s'y perdent, submergés par l'euphorie.

— Quoi donc ?

Il m'a entendue tout compte fait, seulement, je suis tellement perdue dans la ribambelle de désirs que j'éprouve que j'en perds le fil. La chaleur qui se répand dans mon bas-ventre agit comme un rappel, je sais à quel problème majeur nous allons être confrontés.

— Je vais y aller franco, j'ai beaucoup trop envie de toi pour qu'on garde ce rythme toute une année.

Hier soir, nous avons pris le temps d'aborder une multitude de sujets différents, notamment celui du sexe et il était convenu que je garde ma virginité jusqu'à la fin de l'année. Le plus ironique, c'est que c'était ma condition, j'avais un peu peur au début, mais il est évident que Théo ne joue pas. Je ne me fais plus de bile pour ça, cependant, si on couchait ensemble, je serais contrainte de quitter le jeu et donc de m'éloigner de lui, ce qui n'est plus une option envisageable aujourd'hui. Nous sommes dans une véritable impasse. Il faudrait que de toute l'année, il ne me touche pas une fois, comme ça, je parviendrais peut-être à me refréner. Mais ce qui est un véritable dilemme pour moi, ne semble pas l'être pour lui, il sourit avec une petite étincelle moqueuse dans le regard.

— Je peux savoir pourquoi tu me regardes comme ça ? Faut vraiment qu'on trouve une solution, et que je sois assise sur toi en ce moment même n'en est pas une.

Je grimace quitte à le voir se fendre la poire la seconde d'après. Je ne comprends pas comment il peut être si détendu, le moindre de mes muscles est crispé et n'attend qu'une chose, savoir s'il est possible d'aller plus loin ou non.

— Je crois que j'ai la solution à ton problème Sarah.

— Dis-moi, je suis impatiente de savoir.

Théo sourit, il me fait rouler sur le côté, la chaleur qui se répandait entre mes jambes s'efface doucement et je suis aussitôt en manque. Peut-être qu'il ne me désire pas autant que je le désire. Ce n'est pas la première fois que j'atteins ce stade avec un garçon, seulement, je n'en ai jamais aimé un comme j'aime Théo et je crains que ça ne fasse toute la différence, parce qu'avec lui, tout est décuplé.

— Sarah, on ne couchera pas ensemble...

— Pourquoi ? J'esquisse en proie à une désillusion qui me tuerait.

— Parce que je veux pouvoir savourer chaque instant avec toi et même avec plus de trois cents jours devant nous, j'ai l'impression qu'il n'y en aura pas assez pour que je m'attarde sur chaque partie délicieuse de ton corps.
  
C'est dans ce genre de moment que je décèle son expérience, il sait s'y prendre pour parler et je réalise à quel point il me captive. À cette vitesse-là, je serai bientôt à la limite de faire ce qu'il veut quand il veut. Cependant, je ne sais pas si c'est une bonne chose, une pensée s'immisce dans ma tête, je revois Mathilde à ses côtés et la facilité avec laquelle il s'est joué d'elle.

— Tu sais que t'as pas intérêt à me mener en bateau, je connais le circuit par cœur, Mathilde ne s'est pas gênée pour me le relater.

Théo rigole, il a tendance à prendre les choses avec plus de légèreté qu'avant, comme si un poids en moins lui pesait et c'est quelque chose qui me saute aux yeux, me rend un peu plus folle de lui à chaque instant.

— C'est dans ma nature d'être romantique, même si c'est vrai que je m'en suis pas toujours servi à bon escient... Mais entre nous, regarde-toi Sarah, y a pas moyen que je mente.

— Tu veux pas raconter ça à des parties plus intimes de mon corps ? Je lui demande sur un ton provocant qui n'a pas l'air de lui déplaire.

Quand il se penche en avant pour m'embrasser, puis descend petit à petit vers mon bas-ventre, j'en viens sincèrement à m'interroger si j'ai eu le cran de sous-entendre ce que j'ai sous-entendu. Par le passé, je n'aurais jamais osé. Mais avec Théo, il est inutile de se voiler la face davantage, avant n'existe pas et dans ses bras, je prends plaisir à découvrir celle que je suis dorénavant.

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Huhu alors vous en pensez quoi de Sarah et Théo ? Ils sont choupi tout plein hein ?


Virginity Game (Deuxieme Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant