Chapitre 20

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Musique : Tribe Society- Kings


  Les questionnements qui me tourmentaient dimanche derniers ont très rapidement eu une réponse. Plusieurs d'ailleurs. À peine cinq jours se sont écoulés, pourtant l'impression d'être ici depuis des mois me pèse. Même si les joueurs sont plus faciles à supporter qu'au début. Moins de blagues vicieuses et déplacées, pas d'attentions exagérées, ils se conduisent simplement avec une convivialité déconcertante. Et puis il y a Owen. Sur les cinq fois où il est venu en bas de mon balcon le soir, je n'ai ouvert la fenêtre que deux fois. Bien évidemment, je ne voulais pas qu'il monte et le premier soir, il est resté en bas. Je suis toujours étonnée de repenser au temps que nous avons passé ensemble à simplement parler comme de vieilles connaissances, mais comme je pouvais m'y attendre, la seconde fois, il a franchi les limites en escaladant le balcon contre mon gré. Certes, je fais mine de lui en vouloir, mais c'est surtout une excuse, car j'ai peur que ce soit moi, qui finisse par franchir les limites.

— Octobre !

Je me tourne vers la personne qui m'interpelle au moment où mon prénom franchit ses lèvres. Et je déteste l'idée que ce soit Owen pour me prendre dans son équipe. Au début, je pensais qu'en m'inscrivant au club de volley, je pourrais me défouler et profiter de ces quelques heures pour moi, mais c'est peine perdue maintenant qu'il s'y est inscrit. N'empêche, je ne vais pas maudire ma place pour autant, à l'heure qu'il est, les filles sont en ville avec les autres joueurs. Même après les cours ils ne nous lâchent pas et bien qu'ils ne soient pas étouffants, leur présence se fait fortement sentir, un peu comme celle d'Owen actuellement. Il me fait signe de le rejoindre, tandis que les autres capitaines composent leur équipe. L'un d'entre eux est Aaron.

 Lui et Owen n'ont pas l'air si proches, en voyant les regards qu'ils se jettent, je me demande même s'il n'y a pas de l'animosité dans l'air. Dans un coin de ma tête, j'en viens à m'imaginer qu'Aaron trouve le comportement d'Owen étrange, après tout, à part moi, personne ne semble se demander pourquoi il me colle de la sorte. Peut-être parce qu'ils ne savent pas tout... Je remercie ma conscience de m'amener à plus d'incompréhension encore, mais c'est vrai, peut-être que les joueurs ignorent qu'il vient tous les soirs me voir, qu'il me regarde trop pour que ce ne soit que du hasard. Owen est dans le trop, à tel point que je ne sais plus quoi en penser. Il pourrait très bien s'agir d'une combine et pourtant, dans le regard d'Aaron, je perçois que lui non plus ne comprend pas. Actuellement, ce n'est qu'une question d'équipe de sport, mais ça veut aussi dire que je vais affronter mon joueur, en étant aux côtés d'un autre et ça, je le percute à l'instant où le coup de sifflet retentit et que la partie commence.


PDV Aaron :

Depuis la soirée, j'ai en travers le marché que nous avons conclu avec Octobre. Avant que tout ça n'arrive, je pensais que les cours de volley seraient un moyen idéal pour m'en rapprocher, mais à présent ce n'est plus envisageable. Déjà que ça me met en rogne, avec Owen qui pointe soudain son nez, c'est pire. À quoi joue-t-il cette fois-ci ? Je le regarde de l'autre côté du filet, faisant comme si je n'existais pas en dehors de ses regards trop hautains et assurés. Par moment, il me donne des envies de meurtre. Tandis qu'Octobre le pousse sur le côté d'un coup de hanche, mon regard s'accroche à elle, à son sourire naïf et à l'étincelle qui s'allume dans ses yeux quand elle se tourne vers Owen. Si je n'avais pas cette pointe d'admiration pour lui et son charme mesquin, je l'aurais défiguré depuis longtemps. Mais il sait sacrément bien s'y prendre, est-ce une leçon qu'il me donne ? Un défi ? Sait-il que j'ai couché avec Estelle ? Car à chaque fois que cette pensée traverse mon esprit, j'ai l'impression que l'acte se diffuse au-dessus de ma tête. Finalement, celui qui mérite un bon coup dans la gueule, sur ce point, c'est sûrement moi, sauf qu'avec Owen, à savoir qui mérite quoi, mieux vaut conclure qu'aucun de nous ne rattrape l'autre.

— Aaron c'est pour toi !

Je sors de mes pensées, juste à temps pour voir le ballon me venir droit dessus et le renvoie de l'autre côté du filet. Owen le réceptionne, fait une passe à son coéquipier et voilà que la balle nous revient. Je cesse alors de penser au jeu, à Owen et à Octobre pour me plonger à fond dans la partie et au bout de quinze minutes, mes efforts et la sueur sur mon front sont gratifiés par une victoire. Même s'il n'y a que deux points d'écart, je jubile de satisfaction en voyant la mine déconfite d'Owen, lui qui n'a pas pour habitude de perdre. Seulement, quand on change de terrain et que je jette un regard vers lui, je vois Octobre lui taper sur l'épaule, puis rire, comme si elle le charriait. Et à ce moment-là, j'ai l'impression que c'est moi, qui essuie une défaite cuisante.

Virginity Game (Deuxieme Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant