Chapitre 37

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Musique : Russ - My baby.


Contrairement à ce que je pensais, Nils et moi n'avons pas réglé nos différends dans le couloir. Il a cru bon de reporter à plus tard notre conversation de crainte que nos parents ne s'alertent. Ce n'est pas ce qui m'aurait dérangée, mais j'ai capitulé. Au début, il n'a rien cherché à savoir, il m'a juste fait signe de redescendre et m'a dit qu'on parlerait dans la voiture. Il va sûrement le regretter, car pendant le reste du repas, j'ai bien eu le temps d'écumer ma rage. Dans les trente-six scénarios que je me suis fait, Nils finissait couvert de bleus, mais même après autant de coups, je n'étais toujours pas satisfaite.

Tu montes ou tu préfères camper sur la pelouse ? Me brusque-t-il, un bras appuyé sur la portière de sa bagnole.

Je roule des yeux, porte une main sur mon ventre, là où j'ai précieusement glissé le carnet entre ma jupe et ma peau.

Commence pas à faire de l'humour, je suis pas vraiment d'humeur.

Je fais le tour de sa voiture, m'installe et claque violemment la portière. Nils me jette un regard sombre. Dès qu'il démarre, je ne perds pas de temps et m'attaque au sujet que nous avons laissé en suspens.

Bon, tu m'expliques ce que c'est ou je regarde par moi-même ?

Je sors le carnet de sa cachette et l'agite dans ma main. Nils jette un regard sur le côté, sa mâchoire se contracte. Il tente de rester concentré sur la route, mais s'il espère que je me contienne sous prétexte qu'on est en voiture, il se fout le doigt dans l'œil.

Octobre, je vais pas m'énerver donc rends-moi ce carnet, il n'a rien à faire dans tes mains.

Pardon ? Tu te fous de moi ? Je vais pas me gêner pour te cracher à la gueule toute ma colère, tu peux toujours courir pour que je te rende ton truc !

Arrête de crier ça t'avancera à rien !

Comment tu veux que je reste calme ? Tu me mens ouvertement en me disant que hier t'as vu ta copine, mais je sais très bien que tu étais avec les gars ! Donc non, je peux pas être calme si tu me prends clairement pour une conne ! Tu disais que tu allais nous aider, mais c'est qu'un putain de bobard ! Pourquoi tu fais ça ? Hein ? Tu baises personne au final, dans ce jeu t'es qu'un putain d'arbitre ! Ça t'avance à quoi dans ta vie !?

Si t'arrêtais de t'emporter au moindre petit truc, peut-être que tu comprendrais plus de choses. J'ai mes raisons pour faire ce que je fais et crois-moi, y a certaines choses qu'il vaut mieux que tu ne saches pas.

La manière dont Nils gère la situation me frustre. Il ne s'emporte pas et je ne peux entrer dans un rapport de force toute seule. Autant me rendre à l'évidence, si je continue de lui balancer à la gueule tout ce que je pense sans mesure, il ne me répondra pas, alors j'inspire un grand coup, repose le carnet sur mes cuisses.

Je crois pas non. Tous ces petits secrets, c'est en train de me rendre folle et t'en as la preuve devant toi. J'arrive pas à comprendre, je croyais que vous aviez été clairs pendant la première réunion, mais y a d'autres choses. Vous nous dites pas tout hein ?

Nils laisse échapper un rire amer. Ça me fait crisser des dents. Il me regarde du coin de l'œil avec tellement de pitié que si je le pouvais, je l'étranglerais.

Octobre, tout vous dire, ce serait pas à notre avantage. Ce jeu est à double face, si on n'en montre qu'une, c'est pour une bonne raison.

Pourquoi si tu veux soi-disant que le jeu s'arrête, tu t'opposes tant à ce que je sache la vérité ?

J'essaie, mais rien n'y fait, sa logique m'échappe complètement et s'il n'argumente pas, je vais fissurer.

Parce qu'il y a une façon précise de mettre fin aux choses et ça tu n'as pas l'air de le réaliser. Le Virginity Game n'est pas basé sur l'honnêteté, auquel cas, la manière dont les joueurs vous voient vous dégoûterait à un point tel, que même pour vous débarrasser d'eux, vous ne coucheriez pas avec. On vous expose les choses de manière à ce qu'ils puissent user de leur charme pour vous troubler, pour vous amener à penser que vous avez fait une erreur de jugement, mais Octobre, vous n'êtes que des putains de passe-temps. Des poupées parmi tant d'autres sur le marché, qu'ils ont choisies pour jouer. Si on disait les choses comme ça, tu penses sincèrement que tu aurais mis de côté tes principes pour finalement baisser ta garde avec Owen et Aaron ?

Bref silence durant lequel toutes mes croyances sont remises en question. Nils vient de brusquement semer la zizanie là où je croyais avoir avancé. Avec les filles, on se doutait déjà de tout ce qu'il me dit, pourtant les joueurs nous laissent l'illusion de croire en ce qui n'est pas. Si d'entrée de jeu ils nous avaient exposé toutes les facettes de leurs personnages, aurions-nous eu la naïveté de penser qu'ils sont différents ? Qu'ils se cachent derrière une carapace ? Auquel cas, Mathilde serait-elle tombée dans le piège de Théo ? Lissa aurait-elle choisi sa fierté à la tentation ? Nils profite des questions et des doutes qui m'assaillent pour récupérer le carnet sur mes genoux. Quand je redresse la tête dans sa direction, confuse au plus haut point, il me coule un regard en biais empli d'une compassion que je vomis.

Je suis désolé, mais mieux vaut que tu ne connaisses pas le contenu de ce carnet. S'excuse-t-il en faisant l'erreur de poser une main sur mon épaule.

Je l'enlève sèchement, le fixe avec tout le mépris que j'ai accumulé depuis.

Va crever toi et tes potes. Qu'on sache la vérité ou non, on n'est pas crédules pour autant. Votre jeu de merde, on va le démonter pièce par pièce, avec ou sans ton aide. Je me fous de tout ton petit charabia, je te déteste trop Nils pour que tu puisses un jour remonter dans mon estime. À l'avenir, si tu tiens à toi, ne m'adresse plus la parole.

Je me mords l'intérieur des joues, l'envie de pleurer m'étreint. Je n'en peux plus de cette manipulation, de ces mensonges et de ces croyances qui font qu'à force, je ne sais plus qui je suis.

Octobre, je comprends ce que tu ressens, je sais que t'arrives pas à tout saisir et que ce qui t'échappe te fout en rogne, mais j'ai pas changé d'avis. Je veux tout comme toi que le jeu s'arrête, pour ça, il faut que tu me fasses confiance. Je ne suis pas ton ennemi, c'est toi qui me considères ainsi.

Je suis à deux doigts de foutre mon poing dans son joli minois pour qu'il arrête de m'embrouiller comme il le fait.

— Garde ton beau discours à trois balles pour toi, j'en veux pas, tout comme je veux pas de ton aide. On se débrouille très bien toutes seules.

Oui, jusqu'à présent ça se voit.

Ta gueule.

Je tourne la tête du côté de la vitre, remarque que nous arrivons chez Aaron, à croire que ce n'est que le début du cauchemar qu'est devenu ma vie.

Octobre... Souffle doucement Nils. J'espère qu'un jour tu reviendras sur tes paroles et que tu comprendras pourquoi je fais ça. Considère que je ne joue pas contre toi, mais pas plus avec toi. Nous avons tous les deux envie que le jeu se termine, mais nos façons de faire sont juste différentes.

Dans d'autres circonstances, j'aurais peut-être médité sur ses paroles, mais actuellement, je suis trop remontée pour accorder une réelle importance à ce qu'il dit.

Considère que je n'ai pas écouté un traître mot de ce que tu viens de dire.

L'envie de crier m'a quittée, maintenant, j'ai d'autres choses en tête, comme un face à face avec une personne de mon passé dont mes sentiments pour elle, sont totalement mitigés. Nils souffle bruyamment, il coupe le moteur, je sors aussitôt. Quand j'arrive sur le perron, je n'ai pas en tête de l'attendre pour ouvrir la porte, j'abaisse la poignée et fais malencontreusement la rencontre de la mère d'Aaron. Sur le coup, je ne trouve pas mes mots, elle me fixe, les yeux peuplés de tourments.

Bonsoir Marge ! S'exclame Nils qui me sauve la mise à mon plus grand dam.

Bonsoir Nils, vous venez vous joindre à la petite troupe je suppose, souffle-t-elle en s'écartant de l'entrée. Ils sont dans la chambre d'Aaron, mais ne vous en faites pas, je vais bientôt partir et vous serez libres de vaquer à vos occupations.

Nils sourit, me prend par les épaules et s'avance dans la maison. Une fois à l'intérieur, ladite Marge disparaît de notre champ de vision. Je retire le bras de Nils qui empiète sur mon espace vital avec un regard noir et monte l'escalier sur ma droite en courant. Des échanges turbulents s'échappent d'une porte entrouverte. Je l'ouvre, découvre Théo et Matthew en train de s'acharner devant une console, Aaron et Charlie accroupis dans un coin de la pièce, sourire aux lèvres avec une tortue entre eux. Jade et Lara sont allongées sur le lit. Un peu à l'écart, appuyée contre la fenêtre, Alaska a les bras croisés, arborant son éternel regard de glace.

— Salut !

Théo et Matt ne me calculent même pas, Aaron, lui, se lève et vient nous saluer avec un sourire de don juan qui me fait lever les yeux au ciel. Je m'assieds sur le lit, Jade se redresse pour me prendre dans ses bras, Alaska nous rejoint. D'un œil distrait je regarde si Owen est présent, visiblement non, enfin, j'ai sûrement pensé trop vite. Quand je m'allonge sur le matelas, une pression s'exerce sur l'extrémité du lit et la tête d'Owen émerge de l'autre côté.

— Bonjour toi. Sourit-il, penché au-dessus de ma tête.

Je sursaute, mon front se heurte contre le sien.

— Aïe ! Mais qu'est-ce que tu foutais par terre ?

Il rit, délicieusement à vrai dire, puis hausse les épaules comme si lui-même n'en savait rien et se relève. Je croise à tour de rôle les regards interloqués de Jade et Alaska qui vraisemblablement ne se remettent pas de cet échange. J'avais oublié qu'elles savaient pour Owen et moi. L'arrivée en trombe de Sarah dans la pièce attire aussitôt leur attention. À peine franchit-elle le pas de la porte qu'elle se jette sur Théo en lui secouant énergiquement les cheveux avec un entrain qu'il ne semble pas partager. Il se met à grogner, se plaint qu'il ne voit plus le jeu donnant l'occasion à Matthew de lui tirer dessus et d'ainsi, marquer sa victoire et la fin de leur partie.

— Sarah je vais te tuer !

Cette dernière rit aux éclats, se détache de lui et vient à notre rencontre.

— Ravie de vous retrouver !

Elle se jette sur moi sans réfléchir, son arrivée sur le lit fait tomber Alaska du rebord. Tout le monde en rigole.

— Je crois qu'on commence à être trop nombreux pour un si petit espace. Commente Aaron entre deux rires.

Il attrape sa tortue, la remet dans son terrarium et va ouvrir la porte en nous faisant signe de sortir. Sarah qui, pour une raison qui m'échappe, déborde d'énergie, se lève la première, sautille jusqu'à la sortie toute pimpante.Théo en profite pour la bousculer, il met à son tour le bazar dans ses cheveux et s'enfuit en courant dans le couloir tandis qu'elle se lance à sa poursuite.

— Étonnamment proches ces deux-là. Souffle Jade dans notre direction.

Alors qu'on se relève toutes les trois du lit, Charlie passe devant nous, se plante devant Aaron, le prend par la main et sort de la chambre.

— Tu lui as toujours pas parlé je suppose ?

Jade se penche vers Alaska dont le grincement de dents nous parvient de l'extérieur.

— Non, avec cette chaudasse qui lui traîne dans les pattes, j'ai pas eu l'occasion.

Jade rit tout en se dirigeant vers la sortie.

— Arrête de te trouver des excuses et passe à l'attaque.

— Tu peux parler, de ton côté t'avances pas non plus !

Alaska la rattrape, elles disparaissent de mon champ de vision et je reste seule dans la chambre.

— Je suppose qu'on avait la même idée en tête.

Enfin seule, pas tout à fait. Owen s'assoit sur le rebord du lit et même si je guettais ce moment, c'est aussitôt la débandade dans mon esprit. Suis-je vraiment prête à lui avouer tout ce que je sais au risque de lui dévoiler mes sentiments ? Au point où j'en suis, autant se jeter à l'eau. C'est maintenant ou jamais, parce que si je sors en courant de cette pièce pour éviter le sujet, je le fuirai jusqu'à la fin de mes jours. Seulement, je crains que cet aveu ne mette en péril notre plan avec les filles. Après tout, ne faut-il pas qu'on garde nos distances, qu'on se joue seulement d'eux pour les prendre à leur propre jeu ?

— Tu comptes rester silencieuse encore longtemps ? Parce que je pense qu'ils vont finir par capter en bas qu'on n'est pas là.

Le visage d'Owen est si près du mien, sa voix si douce, que mon cœur chancelle, ça risque d'être plus compliqué que prévu.

— Ouais bah excuse-moi, mais il me faut un temps de préparation.

— Te préparer à quoi ?

J'inspire, j'expire, j'inspire, j'expire, tourne la tête vers lui, nous sommes trop proches. Tout mon système s'emballe, peut-il le percevoir ? Peut-il entendre mon cœur qui bat à tout rompre ?

— Ce que tu m'as dit la dernière fois, les coquillages sur le balcon, tout ça... Je comprends maintenant, je me souviens de ce qui s'est passé cet été-là.

Le silence qui s'ensuit pèse lourdement, s'éternise dans cet espace-temps où je suffoque, sans qu'Owen ne dise rien. Dans son regard, une flamme se ravive. Je ne bronche pas, garde les yeux rivés sur les siens. Un courant électrique parcourt mon corps, il se détourne.

— Bah alors, c'est à ton tour de rester muet comme une carpe ?

— Je m'attendais pas à ce qu'on parle de ça, là, ce soir. Ça me prend de court.

Dans un sens, son malaise me rassure. Son regard se braque de nouveau sur moi, il recouvre son assurance et sa distance habituelle, je fonds littéralement sur place.

— Bon, dans ce cas-là je suppose que c'est cool, on est réglo comme ça.

Owen se lève du lit, s'avance vers le couloir. Sans réfléchir, je m'élance dans sa direction, l'attrape par la manche et le tire brusquement vers la chambre. Je claque la porte, m'appuie dessus, puis réalise ce que ma panique a suscité comme réaction. Suis-je sérieusement en train de séquestrer Owen pour avoir des explications ? Je vais devoir revoir certaines choses avec moi-même très prochainement.

— Je peux savoir à quoi tu joues ?

— Eh bien justement, contrairement à toi je ne joue pas. Tu t'apprêtais à faire quoi au juste ? À me laisser comme une conne alors que c'est la pagaille dans ma tête et que j'ai très clairement besoin de toi pour y remettre de l'ordre ?

— Écoute Octobre, j'y peux rien si t'es pas capable de maîtriser tes sentiments et de faire taire le chaos en toi. Souffle-t-il avec cet agacement perceptible qui manque de me faire complètement dérailler.

— Attends, je te signale que si je suis autant embrouillée c'est en partie de ta faute. Tu me cherches depuis la rentrée, tu me fais tourner en bourrique pour après foutre le doute en moi avec des énigmes que tu sèmes comme des bouts de pain et quand je capte quelque chose tu me relaisses en plan ? Je suis désolée mais c'est pas comme ça que ça se passe.

C'est marrant, enfin marrant sans l'être, mais contrairement à ma dispute avec Nils, je n'arrive pas à me mettre en colère comme je le voudrais. Une part de moi est touchée, attristée, et si l'un de nous deux finit brisé à la fin de cette conversation, je sais qui ce sera. Avec Owen, je ne m'attends plus à avoir le dessus, néanmoins, je veux aller jusqu'au bout pour voir ce qu'il y a à en tirer.

— Si, justement, c'est comme ça que ça se passe. Si je me suis rapproché de toi, c'était pour que tu te souviennes, maintenant que c'est le cas, y a rien de plus à dire.

Je cherche à m'accrocher à son regard, mais quand ses yeux rencontrent les miens, je n'ai aucune prise, je suis juste pendue dans le vide qui se creuse au fond de ses pupilles noires.

— Tu comprends pas, c'est justement maintenant qu'il y a beaucoup à dire. Je peux savoir quel rapport ont eu les baisers avec le passé ? Parce que vois-tu, je suis plus que troublée par ce qui se passe.

— Mais t'as pas à l'être Octobre ! Tu te prends trop la tête ! Je t'ai embrassée parce que j'en avais envie, t'as pas besoin de chercher plus loin !

Cette fois, c'est à mon tour de répliquer avec colère. Même si je ne peux pas le détester, je ne vais pas le laisser piétiner mes sentiments ainsi.

— Bah si justement ! Ça veut dire quoi ce que tu me sors ? Est-ce que je te plais au final ?

Merde, c'est sorti tout seul et même si je connais très certainement la réponse, la grimace qui déforme son visage me déchire de l'intérieur.

— Quoi ? Mais non, ça n'a rien à voir, je voudrais juste qu'on soit potes, Octobre ! Enfin, je veux dire, on se connaît pas d'hier, alors je vais pas faire comme si t'étais une étrangère parce que je me souviens très bien de toi à l'époque.

Il a l'air désemparé, comme si j'étais un problème qu'il ne parvenait pas à gérer, or je suis pire qu'un problème, je suis un véritable casse-tête.

— Non, mais t'entends ce que tu dis ? D'où t'as vu que des potes ça se roulait des pelles ? Si tu voulais qu'on soit potes fallait t'y prendre autrement et puis quitte à parler du passé tu veux qu'on en parle du dessin que t'as fait de moi à la plage ? Je balance, avec un inconscient décidément prêt à se jeter d'une falaise.

Owen se redresse, me fusille du regard. J'ai du mal à tenir debout, mes jambes se transforment en guimauve au fur et à mesure que les choses empirent.

— Attends. Quel dessin ? Comment tu sais ça au juste ?

— Owen, réfléchis trente secondes, je me suis pas souvenue de toi sur un coup de tête en mode ça y est j'ai une illumination !

J'esquisse un bref sourire, il reste tendu.

— J'ai... J'ai vu Estelle hier soir qui m'a montré des photos et après j'ai trouvé mon portrait dans une pochette à dessins.

— Tu veux dire que vous êtes allées fouiller dans ma chambre avec ma sœur ? Putain mais de quel droit tu fais ça ?!

— Commence pas à parler de droit s'il te plaît, avec ton rôle dans le Virginity Game t'es très mal placé pour me reprocher quoi que ce soit. Et puis c'est pas le sujet, merde !

Ça commence à m'irriter de le voir tourner autour du pot pour des broutilles.

— Alors c'est quoi le sujet, tu m'expliques au juste ?! Parce qu'à part me prendre la tête pour de la merde on avance que dalle.

— Mais parce que t'es trop borné ! Owen, tu m'as limite harcelée, collée, depuis le début de l'année, pour après m'embrasser et me sortir soudainement que non c'était juste pour que je me souvienne de cet été et qu'en fait tu veux qu'on soit potes, mais y a aucune putain de logique ! En plus c'est quoi ce portrait de moi ? Tu peux comprendre que je me pose des questions. Je veux dire pourquoi tu fais tout ça, pourquoi t'as fait tout ça...

Soudain ma voix se brise quand je réalise ce que je m'apprête à dire. La tension retombe, je reporte mon attention sur le silence, les tourments qui valsent dans mon esprit s'apaisent. Peut-être que Sarah avait raison en soulevant cette hypothèse.

— Owen. Est-ce que... Est-ce que tu m'aimes ?

Pour avoir les réponses que j'attends, mieux vaut aller droit au but, quitte à tomber de haut et avec l'expression qu'Owen arbore, je vais m'écraser plus vite que je ne le pense.

— Bordel... Octobre, c'est... Je suis désolé, mais c'est pas ce que tu crois. Je te trouve sympa c'est vrai, t'es mignonne et tout mais...

Il souffle, passe ses mains sur son visage, évite mon regard. J'ignore la cause exacte de la douleur qui se manifeste dans ma poitrine, mais une chose est sûre, j'ai hâte qu'il abrège mes souffrances.

— J'ai peut-être un peu dérapé en t'embrassant. J'ai paniqué, je pensais que tu chercherais pas plus loin si tu te mettais à me détester, sauf que j'ai jamais voulu que tu croies ce genre de connerie. Je veux dire... cet été-là, enfin, le jour à la plage plus précisément, tu m'as beaucoup apporté, même si tu le réalises pas, tu... Enfin tu me rappelais quelqu'un à ce moment-là. C'est tout.

Un blanc s'installe entre nous, je prends le temps de digérer ses paroles, mais ça ne me suffit pas. Pourquoi faut-il qu'il me sorte des bouts de phrases complètement hachées ? C'est pas si compliqué de se montrer clair et honnête une fois dans sa vie ! Bon. Je respire un grand coup, le regarde, me fais violence pour ne pas hurler ce que je m'apprête à dire.

— Je te rappelais quelqu'un ? C'est tout ? Donc en fait, le fait que j'aie des sentiments pour toi ou peu importe d'ailleurs, tu t'en branles, que ce soit moi ou une autre. C'est juste que je t'ai rappelé quelqu'un.

— Oui, enfin y a pas que ça. Je te trouve géniale Octobre, vraiment, mais ces sentiments que t'as, c'est un malentendu, je voudrais juste que... Je voudrais juste qu'on arrive à être potes, même avec le jeu, je veux dire, ça sert à rien qu'avec tout ce qu'on a partagé on choisisse de pas se parler, voire de se détester.

Je hoche doucement la tête devant son regard trop doux de chien battu. À cet instant, la rancœur qui me pèse est si forte que je voudrais lui cracher dessus au sens propre du terme. J'ai l'impression d'avoir perdu mon temps.

— Je crois que c'est là qu'il est le malentendu. On n'a rien partagé Owen. Parce que toi tu pensais à une autre, et moi je pensais qu'à toi comme la conne que je suis, alors ton amitié franchement, tu peux te la foutre où je pense.

Je tourne les talons, mais avant même que j'atteigne la porte, cette dernière s'ouvre en grand sous la volonté d'Aaron. Quand il nous voit, moi très certainement avec des larmes de rage au coin des yeux et Owen assis sur le lit comme un pantin désarticulé, il laisse sa main glisser de la poignée.

— Je vous dérange, peut-être ?

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Vous en pensez quoi de Nils alors ?

La conversation entre Owen et Octobre ?

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Virginity Game (Deuxieme Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant