Chapitre 31

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Musique : Agar agar- I that guy.


PDV Octobre.

À la sortie des cours, je rejoins Aaron à sa voiture. Au fond, j'ai envie de prendre mes jambes à mon cou pour me faufiler dans le bus, mais si je ne lui fais pas face maintenant, il reviendra à la charge le jour suivant.

— Octobre ! M'interpelle-t-il.

Je roule des yeux, accélère le pas et monte dans sa voiture. Une fois qu'il a pris place derrière le volant, il allume le contact, fait une manœuvre pour sortir du parking.

— Bon, je suis pas du genre à tourner autour du pot : je t'ai vue avec Owen.

Mon cœur danse la samba quand j'entends ce prénom dans sa bouche, les baisers furtifs que nous avons pu échanger la semaine dernière viennent me saturer l'esprit.

— Donc, étant donné que nous avons un marché auquel je suis obligé de me tenir pour que tu gardes notre secret au chaud, je me suis dit qu'ajouter une nouvelle consigne serait chouette. Tu suis l'idée jusque-là ?
  
Son ton est si léger que je ne sais pas vraiment où me mettre.

— Heu... ouais ?

— Cool. Parce que si tu te rappelles bien, je crois que tu me dois un baiser. Et ça, quand je veux.

— Je sais tout ça, alors accouche et dis-moi ce que c'est ce fameux «extra» auquel je vais avoir droit.

Je le foudroie du regard, il m'agace.

— Je vais garder pour moi le fait que je t'ai vue rouler des galoches à Owen si en échange, t'acceptes qu'on puisse flirter ensemble n'importe quand et n'importe où.

Au moment même où il énonce cette condition, je ris faussement.

— Tu te fous de ma gueule ? Ça t'amène quoi qu'on flirte ensemble au juste ?

— Ça m'amène plus que tu le penses figure-toi. Au cas où tu l'aurais oublié Octobre, tu n'es pas libre de faire ce que bon te semble. En ajoutant cette petite règle, peut-être que tu te prêteras un peu plus au jeu en faisant mine d'être, en quelque sorte, toujours mon pion.

Il est beaucoup trop sérieux quand il s'agit de fixer des règles ou de rappeler qui contrôle la situation. Un rire s'échappe de ma gorge, Aaron me coule un regard noir, visiblement il n'apprécie pas qu'on se moque de lui.

— Écoute, je suppose que j'ai pas vraiment le choix donc je vais accepter.

— Bien, comme quoi t'es pas vouée qu'à faire des mauvais choix.

Un silence s'ensuit, je le regarde en douce, des questions me viennent, je n'en pose aucune. Aaron se tourne vers moi, son expression a changé.

— C'est drôle, mais je pensais pas que t'étais si facile à manipuler. T'avais l'air différente des autres quand t'as fait le choix de devenir mon pion. Je pensais que ce serait vraiment intéressant de te voir à l'œuvre, mais en fait, t'es aussi faible et crédule que la plupart pour t'être laissée faire par Owen.

— Attend Aaron, t'es très mal placé pour porter ne serait-ce qu'un jugement sur moi. Arrête-toi tout de suite, sinon les termes du marché tu peux te les foutre où je pense.

Si je me suis pliée facilement à son idée de flirt c'est parce que je ne vois pas d'autres alternatives pour le moment, mais je ne vais pas pour autant le laisser me pisser dessus verbalement.

— Si, justement, je suis très bien placé parce que je suis un joueur et le meilleur pote d'Owen. Crois-moi, t'as intérêt à te ressaisir si tu veux pas te faire bouffer par tes conneries de soi-disant «sentiments». Pour nous, faut que tu captes, c'est du vent ok ?!

Je ne sais pas pourquoi il s'emporte si brusquement, mais avec ses petits discours minables, Aaron est très sérieusement en train de m'user.

— Non mais tu t'entends parler ? Pourquoi je devrais écouter tes conneries d'ailleurs ?

— Parce que c'est pas des conneries. Quitte à savoir que mes chances sont grillées avec toi, je préfère être honnête. On dirait une gamine prise dans la gueule du loup ! C'est pas la première fois qu'il se passe un truc entre un joueur et un pion qui n'est pas le sien. C'est le hobby d'Owen ça, empiéter sur le territoire des autres.

La vérité qu'il énonce me trouble, sa soi-disant honnêteté suffit à me faire sortir de mes gonds.

— Bordel, mais c'est quoi votre problème ? T'as vu comment tu parles ? Je suis pas une gamine, ni un pion, ni un territoire, putain ! Et tes morales garde-les pour toi, Owen c'est pas un problème, j'ai déjà tiré une croix dessus.

— Ouais bah tant mieux, au moins t'es prête pour la réalité qui t'attend ce week-end.

— Quoi ? Il se passe quoi ce week-end encore ?

Je me redresse, ma colère s'estompe, c'est incroyable la vitesse à laquelle je passe d'une émotion à l'autre avec un joueur.

— C'est l'anniversaire d'Owen, il compte bien se taper Lissa.

Aaron me regarde, analyse ma réaction, le sourire aux lèvres. Quelle torture de ne pas pouvoir hurler. Je me coupe des sentiments qui émergent en moi, le fixe durement, puis rebondis sur le sujet pour obtenir plus d'informations.

— Vous vous concertez à l'avance sur qui va se taper qui et quand ? Ça me dégoûte. Même pour Théo et Mathilde tu savais déjà ?

— Ouais, enfin à peu près. Il comptait se la faire dans la semaine de toute façon, il est plutôt doué pour ça Théo.
  
L'ordure à côté de moi sourit encore, je suis à deux doigts de gerber sur la jolie moquette beige de sa voiture.

— Est-ce que tu percutes ce que tu dis ? Théo est le pire des connards et toi tu dis qu'il est doué ? Sérieusement ?

Aaron reste détendu, il ressemble à un enfant, un enfant qui ne saisit pas le sens ni l'importance des mots qu'il emploie.

— C'est une question de point de vue Octobre, pour toi c'est un connard, pour moi ce gars est un génie. Je sais pas comment il s'y prend, mais il a réussi à détourner sa nature en atout pour le jeu, tu peux pas nier que c'est un coup de maître quand même ?

Alors que je me fais violence pour ne pas péter un plomb, je comprends soudain son stratagème. Exactement comme le fait Owen, il cherche à me pousser à bout.

— Putain mais t'es complètement fêlé en fait.

— Appelle ça comme tu veux, en attendant c'est pas moi qui patauge dans la boue de mes sentiments.

Je veux que cette conversation s'arrête. Aaron tourne en rond, ses propos raniment des émotions en moi qui n'ont même plus lieu d'être.

— En même temps, avec ton jeu à la con, tu dois pas vraiment savoir ce que c'est, alors porte pas de jugement là-dessus non plus.

— Oh si je sais ce que c'est; une belle merde.

Presque aussitôt, Aaron n'est plus guidé par la même assurance, les sentiments dansent dans ses yeux.

— Ah ouais, c'est pour ça que t'endosses le rôle d'un joueur alors ?

— Rien à voir.

— T'es sûr ? Tu serais pas en train de te cacher par hasard ? Non parce que t'as moins l'air de faire le malin là.

À cet instant, c'est plus fort que moi, cette envie de le chercher comme il l'a fait plus tôt, de prendre le contrôle de la situation, pour me sentir maître de quelque chose.

— T'es surtout en train de me soûler.

— On dirait plutôt que je m'aventure sur un terrain miné. Tu crois que je suis si conne que ça ? Faut être aveugle pour pas capter que des mecs qui s'adonnent à un jeu aussi malsain ont forcément un pet de travers avec la nature de leurs sentiments.

Aaron grimace, touché coulé. Je suis plutôt satisfaite du tournant que prend notre conversation, mais au regard qu'il me jette, ça ne semble pas réciproque.

— Oh, excuse-moi tu fais un essai en psychologie maintenant ?

Il se montre sarcastique, je le perçois davantage comme une défense.

— Anh anh très drôle, en attendant c'est pas moi qui me voile la face.

Étrangement, je prends plaisir à découvrir de nouvelles facettes de lui. Si nous avions une relation basée uniquement sur le jeu, je ne pense pas que nous aurions ce type de conversation.

— Ouais bah tu sais quoi ?

— Non mais je suis tout ouïe.

Son regard dévie dans ma direction deux fois de suite avant de rester fixé sur la route.

— Non rien.

— Quelle belle répartie.

— Ta gueule Octobre.

Aaron fait mine d'être irrité, mais dans le fond, je sens que la situation l'amuse.

— De mieux en mieux.

— Je vais finir par te faire la peau avant qu'on descende de cette voiture si tu continues.

Enfin un sourire apparaît sur ses lèvres. Je le contemple, puis en repensant à tout ce qu'on s'est dit, je réalise que je ne suis pas à l'abri d'un retournement de situation, alors je ravive un peu le sujet pour tâter ses limites.

— Moi je crois plutôt que j'ai touché un point sensible, ça te fait rager de pas pouvoir répliquer. Tu vois, c'est pas si simple quand on joue sur un terrain qu'on connaît pas.

— Et c'est bon ? T'es fière de toi ?

— Autant que tu peux l'être quand tu dépucelles une fille qui n'a rien demandé.

Cette réplique me pique la langue au moment où je l'emploie. Aaron ricane tout en secouant la tête, il ralentit, nous sommes déjà devant chez moi, je ne suis plus si pressée de partir.

— Tu sais quoi ? Je retire ce que j'ai dit. T'es pas comme les autres en fait.

Il esquisse ce petit sourire en coin qui me ferait craquer s'il n'était pas ce qu'il est. Je souris, soutiens son regard dorénavant braqué sur le mien. C'est incroyable qu'un tel changement se soit opéré. Où est passé mon manque de confiance habituel quand ses yeux océan sondent mes prunelles sans une once de gêne ?

— Je rêve où t'insinues que je te donne du fil à retordre ?

— Je dis juste que finalement ça fait de toi quelqu'un d'intéressant comme je le pensais au début, rien de plus. Et tant mieux vu que je vais devoir te supporter jusqu'à la fin de l'année sans rien tenter.

Je pousse un bref soupir de soulagement. Maintenant qu'il ne me reste plus qu'à sortir de sa voiture pour être chez moi, je prends le temps d'évaluer tout ce qu'il m'a confié. Et là, comme un véritable miracle, une solution infaillible pour le Virginity Game me vient. Mon illumination doit se refléter sur mon visage, car Aaron me fixe, les sourcils froncés. Si je veux sauver ma peau et éviter qu'il pose une question, il vaut mieux pour moi que je retrouve l'usage de la parole.

— Mmh, tu sais quoi ? Je crois qu'on va bien s'entendre.

Je lui lance un sourire, heureuse qu'il n'ait pas accès aux coins les plus reculés de mon cerveau qui transpire la réflexion.

— Ah ouais ? T'envisagerais de coucher avec moi, du coup ?

— Dans tes rêves oui.

Je soupire, cette fois amusée, puis ouvre la portière.

— Bon je vais rentrer, merci pour la course et à demain.

— Oui, à demain, et Octobre ? T'oublies pas notre marché hein ?

— Rah, t'en fais pas pour ça.

Je fais mine de râler, mais à présent sa condition a perdu l'importance que je lui donnais à la base. J'ai bien mieux à faire que de me focaliser sur des détails de ce style. 

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Hihi coucou ! 

Alors c'est quoi vos avis sur ce ptit moment entre Aaron et Octobre ?

Virginity Game (Deuxieme Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant