Chapitre 16

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Point de vue Caleb :

7 heures du matin, enfin je suppose qu'il est 7 heures car c'est l'heure où sonne ma deuxième alarme, la première était à 5 heures. Putain de merde c'est trop tôt!! J'ouvre les yeux et constate qu'Isaac est toujours là et dort encore paisiblement. J'éteins cette satanée alarme et repense à la soirée que j'ai passée avec lui, ça faisait longtemps que je n'avais pas autant ris sincèrement avec quelqu'un, ça m'a fait énormément de bien et je ne regrette absolument pas. Nous nous sommes couché vers 4 heures du matin,nous n'avions pas vu le temps passer tellement nous avons parlé . Et dire qu'il faut qu'on aille en cours là...J'en ai vraiment pas envie, pas envie de voir toute ces têtes de culs, j'ai juste envie de rester avec lui...je ne me reconnais vraiment pas c'est dingue.
J'aperçois Isaac ouvrir les yeux et sursauter.

-Il est quelle heure?! Panique-t-il.
-7 heures 10.
-Mais on commence à 8 heures, non? On va être en retard!

Il se lève telle une pile électrique.

-Viens on sèche? Dis -je tranquillement.

Il me regarde avec de grands yeux, ce qui me fait rire.

-Sécher ? Mais...pourquoi? Il se calme un peu.
-On pourrait passer la journée ensemble? Qu'est-ce que t'en dis? Je souris assez gêné.

Il s'assoit et me regarde dans les yeux.

-Tu veux sécher pour passer une journée...avec moi?

Je hoche la tête.

-Mais pourquoi?
-Écoute, je le regarde droit dans les yeux, je sais qu'après tout ce que...je t'ai fait, tu doutes de moi mais...je...j'ai vraiment envie de me racheter, je suis conscient que quoi que je fasse ça réparera pas le mal que j'ai fait mais j'ai vraiment envie de changer parce que...putain t'es quelqu'un de bien et je m'en veux énormément.

Il me regarde un long moment puis se met à sourire. Un joli sourire.

-Je veux bien passer la journée avec toi.
-Cool. Je souris, ravi qu'il accepte .
-Cool.

Une heure plus tard nous sommes sur la route, j'ai passé d'autres vêtements propres à Isaac, qui lui vont très bien d'ailleurs. Même si je n'ai plus de points je m'en bat royalement les couilles, je veux partir!! Au feu rouge, je m'arrête et le regarde, il me regarde à son tour, je rougis, putain n'importe quoi, je ne me comprend plus.

-Alors? Il rompt le silence, où allons nous?

Le feu passe à présent au vert, je redémarre donc et roule.

-Je ne sais pas, loin, loin du quotidien, on verra bien où on atterrit.
-C'est cool mais si on se perd?
-T'inquiète j'ai le GPS et puis tout les chemins mènent à Rome comme on dit, non? Je lui souris.
-J'aime beaucoup cette idée.

Cela doit faire 2 ou 3 heures que nous sommes sur la route à parler et à rire, je pensais jamais dire ça mais j'aime beaucoup sa présence, elle est apaisante et rassurante. On arrive dans un coin de campagne magnifique et désert, on décide alors de s'arrêter et de se caler au pied d'un arbre, il y a des nuages et pourtant il fait super bon, tellement qu'on est en t-shirt. C'est étrange, cet endroit me rappelle mon rêve...aarrgh je ne veux plus y penser!!
On parle encore de nos vies, de nos moments les plus durs, je me surprend à lui dire des trucs que je n'aurai jamais osé raconter à quelqu'un, même pas mes amis, même pas mes parents, je lui fait confiance. Je prend mon courage à deux mains et lui pose la question qui me tracasse le plus.

-Isaac? Il se tourne vers moi, c'est...vraiment à cause de moi que tu...te blesses? Je lui dit en montrant ses poignets.

Il fuit le regard et tente de cacher ses poignets.

-Non. Enfin oui ça en fait partie mais j'ai commencé bien avant, il a la voix qui tremble.
-Pourquoi?! Je veux absolument savoir, le fait qu'il se mutile me détruit.
-Écoute Caleb, je vais te dire quelque chose mais personne n'est au courant, alors je vais te demander de me promettre de garder ça pour toi, est-ce que je peux te faire confiance?

Woaw maintenant j'ai peur de ce qu'il va me dire, je le regarde dans les yeux en lui disant que son...secret? Restera entre nous, alors il commence à me raconter sa terrible histoire...

-Quand...quand j'avais 6 ans j'habitais dans un quartier normal, sympa et j'avais un voisin, qui à l'époque avait 36 ans, je l'aimais beaucoup, je disais même que c'était mon meilleur ami .Il avait vite sympathisé avec mes parents quand il avait emménagé à côté de chez moi. Le week end , mes parents devaient me faire garder parce qu'ils travaillaient mais ils n'avaient plus les moyens pour payer des baby-sitters alors Franck, le voisin, leur a proposé de me garder.

Il prit une grande inspiration et il semblait stressé, j'ai peur de la suite, je l'encourageais à continuer, il poursuit donc.

-Mes parents étaient ravis et moi aussi d'ailleurs, les deux premiers week end ce sont super bien passé, j'étais heureux...puis le troisième week-end...il...il a commencé à être plus... tactile avec moi...

Je fais les gros yeux, non, s'il vous plaît...pas ça...tout mais pas ça...

-Et là...il a commencé à me toucher...là...j'avais peut être 6 ans mais je savais que si on me touchait à cet endroit ce n'était pas normal, je lui ai dit d'arrêter, j'ai menacé de le dire à mes parents. Ca l'a rendu fou, il m'a étranglé et m'a dit que si je disais quoi que ce soit il tuerait ma mère et mon père devant moi...alors par peur je me suis laissé faire. Pendant 4 ans je l'ai laissé faire sans rien dire.
-Quel gros fils de pute. Je l'ai coupé sans m'en rendre compte.

Je suis furieux. Comment peut-on faire ça à un gosse?! Il mérite de crever ce gros bâtards.

-J'ai donc commencé à me mutiler à 7 ans, cela m'aidait à fermer ma gueule. Mais un jour mon père a découvert mes cicatrices et j'ai craqué... je lui ai tout dit, je ne l'avais jamais vu aussi furieux...
-J'espère qu'il a été enfermé cet enculé.
-Oui bien sûr, après qu'on ait porté plainte et tout ça on a vite déménagé, changé de ville pour essayer de passer à autre chose.

Je suis sur le cul, je suis énervé et à la fois triste pour Isaac. Il me regarde, les larmes pleins les yeux et respire fort.

-Je...me sens pas bien...
-Qu'est-ce qu'il y a ?! Je demande paniqué.
-Je fais une...crise d'angoisse et...je n'ai pas mes médicaments...

Dieu merci je sais comment il faut faire en cas de crise.

-Isaac, j'essaie de parler avec la voix la plus apaisante, regarde moi dans les yeux, ne pense pas au reste, n'ai pas peur, ce n'est rien, c'est fini, concentres toi sur moi, sur ma voix, calme toi, respire à fond.

Ça marche, il se calme peu à peu et souffle pour reprendre une respiration normale. Pris d'un élan, je le prend dans mes bras.

-Je suis désolé, tellement désolé.

Il met ses bras autour de mon corps.Je peux sentir quelques unes de ses larmes couler sur mes vêtements. 

-Ne t'excuse pas, tu n'y es pour rien et c'est du passé, il faut que j'arrive à tourner la page.

Je n'ai qu'une seule envie là maintenant c'est de retrouver ce fils de pute pour le tuer. Je n'en reviens toujours pas. Et moi en plus de ça qui en rajoute en le martyrisant...moi aussi je suis un enculé , jamais je m'en suis voulut autant...
Maintenant je vais tout faire pour le protéger quoi qu'il arrive, être là pour lui, il le mérite, je dois le faire et j'en ai envie.

Il et LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant