Chapitre 42

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Point de vue Isaac :

Après cet épisode je suis resté alité chez moi près d'une semaine. Les médecins ont été très clairs: si une crise de ce genre se reproduit, mon cœur pourrait être affecté.  Aussi, il m'a été fortement recommandé d'éviter le stress au maximum afin de me ménager. Me voilà donc assis dans mon lit en train de dévorer un nouveau livre en attendant que les heures passent. Depuis que je suis rentré, mes parents surveillent bien l'heure à laquelle je prend mon traitement et prennent soin de moi sans pour autant être envahissants. Ce sont de formidables parents. Plusieurs nuits je me suis réveillé en sursauts et transpirant à flots et a chaque fois mon père se réveillait et m'apportait un verre d'eau bien fraîche avec un tee shirt propre. Il s'asseyait sur mon fauteuil et attendait que ma crise passe, que je respire correctement.Mes parents sont adorables et durant ces quelques jours de repos j'ai en quelque sort ré-apprit à les connaître. Avec mon père, je cuisinais et souvent je m'asseyais avec ma mère dans le salon et discutais avec elles des heure durant pendant qu'elle écrivait. Ma mère adore écrire mais jamais personne n'a lu les milliers de mots qu'elle à inscrit dans ses carnets. Peut être qu'elle n'ose simplement pas se lancer. 

Une fois, Al et Chris sont venus me rendre visite et je les ai invité à rester la nuit. J'ai du insister un bon moment avant que mes parents daignent sortir s'amuser, je sais aussi bien qu'eux qu'après avoir passé tant de jour enfermé on a besoin de sortir. Ils ont donc fini par accepter. Enfin je pouvais me relâcher, j'ai pu pleurer encore et encore en relatant inlassablement et douloureusement mes visions. Je n'en pouvais juste plus de rester des heures entières enfermé dans ma chambre en prétendant aller bien, je n'en pouvais plus de rester le jeune homme modèle et tranquille que mes parents s'imaginent. Ce soir là je n'avais pas peur, je me sentais juste terriblement seul. Depuis ma sortie de l'hôpital Caleb n'était pas venu me voir une seule fois. Tout le temps ou Alfred et Christian sont en ma compagnie je parviens à oublier son absence et prétend encore une fois que tout va bien. Nous avons tous les trois passé la soirée à parler, rigoler et rêvasser sur des projets d'avenir: improviser un petit voyage pour partir quelques jours dans la forêt ou ailleurs pour s'amuser. N'importe ou en fait, juste assez loin de chez nous pour redécouvrir le monde et ses secrets; nous rendre compte de l'immensité de ce qui nous entoure et notre insignifiance. Comprendre que nous ne sommes rien dans ce monde, mais tout les uns pour les autres. J'ai toujours rêvé de faire ça, partir à l'aventure et ne penser qu'à moi. Etre libre dans cet infini qui m'entourerait et être indépendant. Etre seul et être qui je suis, être à la fois tout et rien sans que jamais personne ne se soucie de moi. Aujourd'hui je ne peux plus rien faire de tout cela car maintenant il y a une personne dont je me soucie et qui compte plus que tout pour moi, une personne pour qui je ferai tout et sans laquelle je redeviens la personne insignifiante que j'étais. Mais aujourd'hui cette personne n'est pas là. Aujourd'hui et comme avant, je suis seul.

                                                                                               ***

 I don't believe in no devil 
'Cause I done raised this hell

I've been the last one standing  When all the giants fell

I won't shiver
I won't shake

I'm made of stone   
I don't break

Seuls dans ma chambre je décide de faire un genre de nettoyage de printemps et de me débarrasser des choses dont je ne me sers plus ou dont je me suis lassé. Je classe mes habits, mes cours mes livres et albums musicaux puis m'attaque à mon plus gros défaut: la boite cachée sous mon lit. Elle je ne compte surtout pas la jeter, je crois que j'en mourrais presque! Il s'agit de ma boîte à souvenir. A la fin de son couvercle qui ne se ferme presque plus, l'idée de m'en procurer une autre me vient à l'esprit. Je me décide finalement à l'ouvrir. Tout en haut des papiers et objets que j'ai rangé dedans, un papier qui m'est inconnu attire mon attention. Je l'ouvre sans hésiter et lis ce simple mot: ''Nous''. Je reconnais l'écriture de Caleb. Quand à-t-il fait ça ? Et...Comment est-ce qu'il à trouvé ma boîte?

-Je suis passé un soir après les cours mais tu dormais. 

Je sursaute et me retourne, catastrophé. Caleb se trouve à l'entrée de ma chambre et affiche un sourire niais.

-Je me demandais quand est ce que tu allais le découvrir.

Je me lève, les larmes aux yeux.

-Je me demandais quand est ce que tu allais venir. Répondis-je

Il me regarde maintenant d'un air grave.

-Tu l'avais juré. Tu avais promis que tu ne me laisserai plus jamais seul...T'étais ou bon sang...Les larmes coulent timidement sur mes joues tandis qu'il me serre doucement dans ses bras. Je m'accroche à lui et sanglote doucement, mes nerfs lâchent un peu et je m'autorise à pleurer quelques instants devant lui.

-Je sais bien que c'est pas une excuse mais disons que je préparais quelque chose. Isaac, est ce que tu veux bien me suivre aveuglement une nouvelle fois sans savoir ce qu'il va t'arriver? 

Je relève la tête vers lui et l'embrasse amoureusement.

-Je te suivrai jusqu'au bout du monde s'il le faut.

                                                                                            ***

Après avoir roulé un bon moment, nous nous retrouvons à nouveau à l'endroit ou nous avions passé une après midi il y à de cela quelques mois. Le temps est resplendissant:  le ciel est d'un bleu magnifique, les oiseaux chantent et une légère brise vient nous porter leur mélodie.

-Tu veux bien me dire ce qu'on fait là? Demandais-je en prenant la main de Caleb

-Tu le saura d'ici quelques secondes alors patiente!

Nous arrivons sous l'arbre ou nous nous étions reposés et j'y découvre un hamac suspendu entre deux branches, à coté se trouve un coffre en acier qui contient plusieurs couvertures et bouteilles d'eau. 

-On prépare une invasion contre les zombies ? Dis-je en rigolant.

-Et il se croit drôle...Bien tenté mais non. Disons que j'essayais de transformer notre petit coin en petit coin de paradis mais visiblement c'est raté.

-C'est merveilleux Caleb, tu sais bien que j'en pensais pas un mot.

-Je suis triste, je sais pas si je m'en remettrai un jour...Il mime les pleurs d'un enfant et me prend dans ses bras. C'est pas vraiment ça la vraie surprise...

Sans prendre le temps de m'expliquer il se dirige vers le hamac et prend un objet qui se trouvait à l'intérieur. Une boîte ?

-Aller, ouvre.

Je prend la boîte et m'exécute. A l'intérieur se trouve plusieurs morceaux de papiers protégés par un film protecteur. Sur ce papiers des dates et leur signification: notre première ''rencontre'', notre premier rendez vous, des endroit ou nous sommes partis nous balader, quelques moments bien particuliers...J'y retrouve aussi quelques photos dont je ne soupçonnais pas l'existence dont une de moi en train de dormir dans les bras de Caleb.

-Quand est ce que tu as fait tout ça ?

-Pendant que tu étais chez toi. Pour le reste, dès que l'occasion se présentait. 

-Tu es fou...ça à du te prendre des heures!!

-Ca valait largement le coup non ? C'est une capsule temporelle, on la remplit de choses qu'on aime ou qu'on ne veut pas oublier et on l'enfouit sous terre. Qu'est ce que tu en dit ?

Je prend un papier, un stylo en écris de simples mots mais qui résonnent plus que n'importe quels autres mots dans ce bas monde. Je glisse le papier dans la boîte avant de la refermer et me met face à Caleb.

-Je t'aime. 

Il et LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant