Chapitre 7

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J'avoue être rentré chez moi avec quelques difficultés, mes côtes me font mal, ma respiration est irrégulière et j'ai la tête qui tourne. J'avoue, ils ne m'ont pas raté. Arrivé chez moi je remarque que mes parents sont absents et j'en conclu donc qu'ils sont encore au travail. Tant mieux. Je n'ai pas envie de leur expliquer que leur fils vient de se faire tabasser et est victime de harcèlement depuis un bon bout de temps. Je rentre en silence dans ma maison et dévisage mon reflet dans le miroir. Pâle, creusé par la fatigue; pour résumer monstrueux comme à mon habitude.

Je me dirige donc vers ma chambre et y dépose mes affaires sans douceur et me dirige d'un pas nonchalant vers la salle de bain afin de désinfecter mes plaies. Je remarque vite qu'il ne reste quasiment plus de quoi me soigner et retourne dans ma chambre en bougonnant. Je ne vais pas non plus sortir pour acheter des compresses, je veux bien être gentil mais il faut pas rêver.

Je m'affale sur mon lit -ce qui fût une très mauvaise idée après mures réflexions- et balade mon bras sur le lit dans l'espoir de trouver mon téléphone. La seule question qui restera à jamais dans mon esprit est la suivante: comment ce fait-il qu'en chargeant mon téléphone pendant des heures il ne réussisse pas à tenir la journée? Juste au moment ou j'aurai besoin d'un peu de musique...

Je décide donc de laisser tomber l'idée de trouver un chargeur. Tout mon corps est douloureux, je décide de me reposer en méditant sur ma journée. Le plafond de ma chambre me semble passionnant et je décide donc de le fixer pendant que je m'interroge sur le sens de la vie.

Au fond il est inoffensif, Caleb. Quand on y repense, il ne vient jamais me pourrir la vie de lui-même et, quand on y repense, il ne me fait pas réellement peur. Il à l'air d'une espèce de grosse brute , mais il est en fait un garçon tout ce qu'il y a de plus banal.

Le pauvre, alors qu'il est persuadé du contraire.

En fait, je me demande qui est le pire des deux: lui, parce qu'il se sert des autres pour m'atteindre ou moi parce que malgré tout ce qu'il m'inflige, je reste de marbre? Le pire dans tout ça, c'est que je ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine sympathie envers lui. Non, je suis pas masochiste non. Au fond c'est peut être de la pitié?

Je ne sais pas, je ne sais plus. Au fond je m'en fiche, ma situation me convient très bien.

-Ma situation me convient.

Je m'adosse au mur.

-J'ai l'habitude.

Ma voix tremble.

-J'ai l'habitude.

Une larme.

-Je vais bien.

Je m'effondre.

-Je veux mourir...

J'avoue que même en créant l'illusion d'une vie parfaite autour de moi ne suffit parfois pas à me garder assez fort quelques fois. Je déteste ces moments de remise en question. Oui je suis un déchet, oui je suis une erreur, oui je devrais mourir . Ce n'est qu'une perte de temps. Je ne suis qu'une perte de temps. Pourquoi ne pas mettre fin à mes jours? Ah oui...Même pour ça je suis trop lâche, mourir me fait atrocement peur. Mais malgré tout, je reste persuadé que la mort ne reste pas la pire des douleurs.


                                                                                  ***

Point de vue Caleb :

Il est plus de trois heures et demi du matin quand je remarque  que j'ai besoin de nouveaux vêtements pour la fête que j'organise vendredi soir. Je prend alors mon PC et visite plusieurs sites connus afin de trouver une tenue adéquate et assez chic, histoire de garder bonne réputation. Je ne suis pas n'importe qui quand même, après avoir dépensé une belle somme d'argent je remarque qu'il reste encore le buffet à commander et contacter un DJ. Après avoir fini, je descend à la cuisine en silence étant donné que mes parents dorment et rechauffe le plat que Hyun Ae m'a laissé sur le comptoir. Comme chaque soir, elle me prépare un plat de son pays, un plat Coréen comme je les aime. Hyun Ae est notre femme de ménage et cuisinière; c'est quelqu'un de très important pour moi, c'est elle qui s'occupe de moi depuis mon plus jeune âge et se comporte avec moi comme une mère le ferait...Je lui dois beaucoup...Sans elle j'aurais sans doute été perdu et au bord du suicide , avec les parents que j'ai, rien d'étonnant: je suis la plupart du temps seul chez moi et je dois dire qu'elle est souvent là pour moi, je ne sais pas ce que je serai sans elle...rien sans doute, déjà que je suis une pourriture à la base, j'avoue que des fois je me dégoûte.

Une fois mon repas fini je met les couverts dans le lave-vaisselle, remonte dans ma chambre puis pars me coucher.

                                                                                       ***

Il  est là, juste devant moi, je me sens bien, on est assis au bord d'un cours d'eau au milieu de nulle part, personne ne parle mais je sais ce qu'il veut et moi aussi je le veux, Isaac pose sa main gauche sur ma joue, je rapproche mon visage jusqu'à coller mes lèvres sur les siennes...

Je me réveille en sursaut, c'était quoi ce putain de rêve? Ou ce cauchemar devrais-je dire, en voulant me lever -afin de prendre une douche bien froide pour oublier ce rêve atroce- je me rend compte que j'ai une érection, une putain d'érection! C'est une blague?! Comment ça ce fait que je bande pour ce rêve dégueulasse?!

-Putain de merde!! Enculé! Criais-je de rage.

Je déboule dans ma salle de bain, je me jette sous l'eau glacée après avoir fini et m'être calmé, je me regarde dans la glace et me dis que malgré que cela me dégoûte au plus haut point, ce rêve n'était pas tout à fait désagréable...Sérieusement je me dégoûte, ce pédé me dégoûte, tout me dégoûte. De peur de refaire un rêve similaire à celui-ci, je décide de retourner sur mon ordinateur en cherchant n'importe quoi qui puisse me tenir éveillé en attendant d'aller en cour.


Il et LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant