Chapitre 13, Mia.

926 64 3
                                    

Vendredi 31 octobre 2016, vingt-trois heures quarante.

Garrett et moi dansions. La tête me tournait. L'alcool ne me réussissait vraiment pas et ne m'avait jamais réussit. La musique était entraînante. J'aimais danser mais je ne m'étais jamais laissée entraîner. Je n'avais à ce moment précis plus aucun contrôle. La raison voulait que je m'arrête mais la folie me soufflait de continuer. Je titubais, je le sentais. Heureusement que Garrett ne m'avait pas donné de second punch parce que je soupçonnais qu'on y ai ajouté un alcool fort à notre insu. 

- Ça ne vas pas ? Cria Garrett dans mes oreilles

Je ricanais, les nerfs certainement.

- On va s'asseoir viens, essaya de m'entraîner mon cavalier.

- Non, je suis bien ! Continuai-je en riant de plus belle. Et je l'empêchai de m'emmener avec une force que j'avais oubliée.

Idiote ! Ne bois plus jamais ! Hurlait la raison T'as raison ! Susurrait la folie

La musique changea du tout au tout. Plus de musique entraînante donc plus besoin de danser. C'était un slow qui commençait. La raison prit le dessus. Et puis, j'avais toujours eu horreur des slows.

- Allons nous asseoir, articulai-je avec difficulté

J'allais tomber mais Garrett me rattrapa au dernier instant. Il me cala ma tête sur son épaule droite, à l'aide de sa main gauche me soutint le bas du dos pour me maintenir et sa main droite avait trouvé ma main gauche le long de mon corps. Je ne sentais plus mes pieds et sa force me soutenait. Mes pieds suivirent la lente cadence du slow. Bien que je détestais les slows, j'étais bien.

- T'as prit quoi bon sang ? Le punch ne retourne pas la tête comme ça , murmura-t-il dans mon oreille avec un ton de reproche.

- J'ai bu avant de partir et je pense qu'on a ajouté de l'alcool dans le punch, avouai-je

- Quoi ? s'étrangla Garrett stupéfait

- Ouais, vodka et whisky, ajoutai-je

- Mais t'es cinglée ? Pourquoi t'as fait une chose pareille ?

- Je voulais me donner du courage. Sortir à une soirée avec un gars comme toi je n'y aurais jamais pensé. Pas à mon arrivée dans cette ville de merde en tout cas. Je suis pas celle que tu crois connaître Garrett. Tu ne sais rien de moi et si tu savais tout, tu ne me parlerais pas, crois-moi.

Je lui lâchai ça comme ça. L'alcool m'avait fait comme un sérum de vérité bien que mon cœur se serrait au fur et à mesure de mes paroles et la boule au ventre se formait petit à petit. Je regrettais sans doute mes paroles. J'en avais trop dit, beaucoup trop. Et le manque allait apparaître.

Je restais muette et profitais de cet instant. Moi, Mia dansant avec le garçon le plus populaire du lycée. Mes yeux se fermèrent et je respirais doucement pour que ma tête arrête de me faire mal. Je me sentis porter. Je ne bougeais pas et me laissais faire. La musique douce continuait d'être jouée mais pas pour longtemps certainement.

- Tiens bois ça, dit Garrett.

J'entrouvris les yeux et constatai que j'étais assise sur une chaise. Il me tendait un verre d'eau bien frais. Je lui pris des mains et bus d'une traite. J'avais repris contenance. Et Genna arriva toute excitée.

- On vous trouve enfin ! Enfin non, on vous a vu danser ! Enfin, je savais que c'était toi avec ta robe ! Mais on a décidé de vous laisser tranquille. Elle me fit un clin d'œil qui sous-entendais un milliard de choses. Mes joues passèrent au cramoisi.

- On va faire un jeu dehors, avec les copains, ça vous dit de venir ? Proposa Dan qui arriva peu après.

- Très bonne idée ! Dis-je en me levant d'un bon. Genna me regarda bizarrement ainsi que Garrett, ben quoi, ajoutai-je, on passe une super soirée non ?

Genna me regarda encore plus bizarrement mais je l'ignorai.

- On va faire une chasse à l'Homme, décréta Romuald une fois que nous étions tous dehors, comme il y a autant de filles que de garçons, ça sera filles contre garçons. Dans le parc faîtes gaffe au cimetière. Les mecs on commence à compter, les filles partez !

Je pris Genna par la main et l'entraînai avec moi à travers le parc. Il faisait noir, on n' y voyait rien mais c'était drôle. L'alcool réussissait au moins une chose : voir le bon côté des choses. Une fois bien enfoncée dans la forêt, Genna m'arrêta.

- Tu as quoi ? C'est quoi cette nouvelle Mia ? T'es cinglée ? Tu as bu ou quoi ? M'agressa-t-elle

- J'ai bu effectivement, répondis-je calmement

Elle ne répondit rien.

- Les filles... on sait que vous êtes là... C'était la voix de l'un des garçons du groupe.

- Merde, j'ai une robe rose clair ! Ils vont me voir mais fonce toi ! Chuchota Genna

Je partis en courant et pris une direction inconnue. Je tombais sur un petit portail... Le cimetière ! Je poussais le portillon et m'enfonçais dedans toujours en courant. J'entendais des cris de filles et des rires de garçons, je ne m'arrêtais pas.

Je repris mon souffle n'arrivant plus à respirer. Ma vue était trouble qu'elle idiote de m'enfoncer toute seule dans un endroit que je ne reconnaissais pas la nuit. Tu n'aurais pas du prendre cette vodka ni ce whisky me répétait ma raison. Je marchais dans le noir à tâtons. J'avais mal aux pieds. Je n'en pouvais plus et je ne trouvais plus la sortie. Je distinguais une lumière en hauteur, un lampadaire, enfin. Je m'y précipitais sans réfléchir mais je trébuchai et tombai contre une tombe.

Je ressentis une douleur atroce dans la cheville. Je poussais un juron. Note à moi-même : même dans un cas extrême ne jamais courir en talon dans un cimetière remplis de gravier ! J'essayais de me relever mais la douleur fut encore plus horrible. Je m'écroulai à nouveau. Les larmes montaient. J'étais seule dans la nuit sans téléphone avec une cheville sûrement cassée et avec trois grammes d'alcool dans le sang. J'avais mal et je me sentais horriblement conne.

Mia tentai-je de me rassurer, tu as vécu plus dur que ça. Résonnes-toi on va venir te récupérer comme le faisaient Arnaud et... Je ne pus me rassurer plus car les larmes coulèrent malgré moi.

Nos différentes faces cachéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant