Chapitre 29, Mia.

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Jeudi 30 avril 2017, sept heures cinq.

C'était le jour. Je devais retourner en cours et affronter le regard des autres. Qu'allaient-ils penser de moi ? Sûrement que je ne suis qu'une pauvre fille qui c'était fait berner par les mecs les plus populaires. Ce qui était le cas. J'allais sûrement subir les moqueries, les insultes et les conséquences de tous ce qui c'était passé. Mais j'avais vécu pire. Vraiment pire. J'allais devoir faire la fille triste et apeuré alors qu'en réalité je m'en fichais royalement. Mais c'était le plan.

Je contemplais le plafond de ma chambre. Le sourire d'Arnaud s'infiltra dans ma mémoire puis ressortit. Je lui souris en retour. Ses mots « Courage Mimi » résonnaient dans ma tête. Oui tu as raison, courage.

Je me levai d'un bond et allai m'habiller. Première partie du plan : trouver la tenue parfaite de la victime. Un gros pull gris foncé avec un jean noir et les cheveux attachés. Il faut que je face comme si je voulais me cacher. Pas de maquillage et pas de sourire. Je descendais prendre mon habituel petit déjeuner où ma mère m'attendait. Elle se trouvait dos à moi lorsque je pénétrais dans la cuisine. Elle regardait une photo d'elle et papa à Paris.

- Ton petit déjeuner est prêt, déclara ma mère en français.

Cela faisait des mois que je ne l'avais pas entendu parler français. Sa voix était belle dans cette langue. Je m'assis et observai ce qu'elle m'avait préparé. Un croissant et un café fumant. Je n'avais pas mangé de croissant depuis notre arrivée aux États-Unis.

- Merci, murmurai-je en français également

Elle se retourna et s'assit face à moi. On n'avait pas eu le temps de reparler de la veille mais je sentais qu'elle voulait me dire quelque chose.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? M'enquis-je pour en savoir plus et toujours en français.

- J'ai quitté Frantz hier soir. C'était une révélation. Je ne peux pas oublier ton père et essayer de jouer à la petite famille parfaite ce n'est pas possible. Alors j'ai préféré mettre un terme à notre relation. De toute façon, il n'y a que ton père qui n'aie jamais compté et que je n'ai jamais aimé , m'expliqua-t-elle à nouveau en français.

Je lui souris. C'était la seule chose que j'avais envie d'entendre depuis des mois. Je remontais chercher mes affaires après mon petit-déjeuner puis partis au lycée. J'allais devoir faire la faible. J'allais devoir jouer la victime chose qui dans les faits est bien réel mais qui dans ma personne ne l'est absolument pas. J'allais devoir faire celle qui veut se cacher.

Elle était là. Elle m'attendait. Elle n'attendit pas que j'arrive. Elle accourut vers moi et me prit dans ses bras. Comme si j'étais une enfant, une chose fragile.

- Je suis là ne t'en fais pas. Mais avant toute chose il faut que je te dise quelque chose. Samantha est morte.

Samantha pion de Romuald si je me souviens bien. Elle continua :

- Elle s'est suicidée. Ses parents l'ont retrouvé pendue dans sa chambre. Ils n'ont rien pu faire.

Ce jeu avait causé la mort d'une fille. Ce jeu avait causé la mort d'une innocente. Ce jeu avait détruit des vies. Je ne sais pas si à cet instant j'éprouvais plus de la haine ou de la tristesse pour cette fille, pour ses parents, pour ce jeu. La vengeance serait pour toutes les victimes qui sont mortes ou qui ont eu leur vie bousillée.

- Avançons Mia.

Elle me prit le bras et avança la tête haute avec moi qui traînait à côté. Dès nos premiers pas, tout le monde nous regardait. Tous me jaugeaient. Tous me scrutaient. Certains riaient d'autres murmuraient quand on passait devant eux. Tous remarquaient le fait que je me sois faite avoir comme une débutante. Et en regardant leur visage je me demandais lesquels parmi eux étaient les détenteurs du jeu cette année.

Nos différentes faces cachéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant