Chapitre 21, Mia.

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Lundi 2 février 2017, douze heures cinq.

Genna et moi nous installâmes face à face à la table de la cantine. On commençait à manger nos repas et je voyais qu'elle triturait son plat avec une pointe de dégoût en même temps légumes surgelés fades au possible et des pâtes qui avaient sûrement passées la matinée à baigner dans un bassin d'huile ce n'était pas très alléchant donc je comprenais son écœurement. Elle avait encore sa petite mine du fait qu'elle aie été malade toute la semaine. Elle, ainsi qu'une bonne partie du lycée avaient attrapé le virus de la grippe.

- Je t'ai pas raconté du coup ! M'exclamai-je

Elle me sourit dans la simplicité. C'était rare de la voir sans maquillage, les cheveux attachés, en jean, sweat et tennis.

- Garrett et moi on est allé se balader tu sais dans la clairière et ce week-end on est allé voir une exposition sur Gandi c'était vraiment bien, il a les mêmes goûts que moi ! Dis-je heureuse rien qu'en y pensant. Elle s'arrêta de manger et me regarda.

- Je suis contente pour toi. Tu arrives à te lâcher Mia mais..

- Genna tu te rends pas compte ! Moi avec lui ! la coupai-je

- Si justement, continua-t-elle

Je la regardais attentivement. Ses yeux bleus ne pétillaient plus. Elle était cernée. Son teint était pâle. Sa voix n'était pas enjouée mais pas non plus froide. Et aujourd'hui je vis la fille banale qui était ma meilleure amie. Tout son côté bling-bling avait complètement disparu.

- Genna, je suis amoureuse de lui ! Cela fait tellement longtemps que je n'ai plus ressentis ça ! Certes officiellement ça ne fait que depuis avant Noël mais je l'aime depuis plus longtemps que ça. Et c'est même toi qui m'a fait réaliser que je l'aimais. C'est une sensation tellement bizarre que je ressens au creux de mon ventre. Et je ne connais pas tout ça mais en même temps je ne veux pas tout arrêter.

- Je sais bien et j'espère qu'il est sincère.

- Vous n'en parlez pas avec Dan ? Demandai-je excitée à l'idée que ce couple parle de leur meilleur ami respectif.

- On ne parle pas de votre couple, comme je t'ai déjà dit Dan et moi sommes d'accord pour dire que notre couple doit rester à l'écart du votre, tu comprends ? On ne veut pas nuire le notre par rapport à votre situation, m'expliqua-t-elle

- Pourquoi Garrett et moi nuirions à votre couple ?

Je ne comprenais pas sa réaction et sa justification.

- Parce que tu es ma meilleure amie et lui son meilleur ami. Voilà pourquoi, on ne veut pas à avoir à prendre position si il y a rupture ou embrouille ou quoi que ce soit d'autres.

Je comprenais mais ça ne tenait pas la route. Pour moi, cela ressemblait plus à de l'égoïsme mal placé. Quoi qu'il se passait de mal elle prendrait position et en ma faveur.

* * *

Plusieurs semaines passaient et Garrett et moi nous voyions toujours en cachette le vendredi soir ou le samedi soir. Et parfois il arrivait que l'on se faisait un bisou à l'arrachée dans la bibliothèque. Plus on avançait dans notre relation et plus je m'attachais. En clair, je tombais chaque jour un peu plus amoureuse de lui.

Toute la journée on s'envoyait des messages.

Tous les soirs on s'appelait.

Tous les jours je pensais à lui.

Toutes les nuits je rêvais de nous.

Chaque matin j'essayais de me mettre un peu mieux.

Chaque fois que je sortais de chez moi pour le voir je me demandais si j'allais lui plaire.

Chaque fois que je le regardais je me disais que c'était lui.

Chaque instant que je passais je m'ouvrais un peu plus à lui.

Chaque fois que je m'ouvrais à lui j'avais l'impression de le trahir.

- Tu penses à quoi ? Me demanda-t-il

Nous étions allongés sur son lit et je regardais le plafond. Ce soir là, il m'avait invité chez lui pour que je passe l'après-midi. Il n'y avait personne et c'était le premier jour du printemps. Il ne fallait plus que je pense à lui et que je profite de Garrett. 

- A nous, répondis-je

Il se releva et se pencha au dessus de moi pour m'observer.

- Et que penses-tu de nous ? Dit-il en posant ses lèvres sur les miennes

- Je suis bien avec toi.

Je n'osais pas lui parler de mes sentiments par peur de l'effrayer. C'était horrible car je n'avais qu'une envie : lui dire que j'étais amoureuse de lui et que j'étais prête. Je me sentais prête à passer le cap. Il y avait tellement longtemps que je ne me sentais pas aussi bien avec quelqu'un. Je voulais le faire. J'en avais vraiment envie. 

- Moi aussi je le suis, répondit-il en souriant

Il m'embrassa et je laissai ma bouche un peu ouverte pour qu'il puisse y faire passer sa langue. Nos langues semblaient être en osmose et je me surpris à lui mordiller la lèvre. Il s'arrêta.

- Qu'est-ce que j'ai fait ? Demandai-je surprise

- C'était...

- T'as pas aimé c'est ça ? Terminai-je vexée en me reculant

- Non non au contraire ! Il s'approcha de moi. J'étais coincée contre la tête de son lit. Je relevai la tête.

- C'est moi qui ai été maladroit. Excuse-moi.

Il me prit le menton et m'embrassa à nouveau. Et son baiser fut un peu plus intense. Mon bas ventre hurlait. Il descendit plus bas et m'embrassait à présent le cou. Je sentais qu'il m'aspirait la peau.

- Garrett non...

Trop tard. Il releva la tête et parut satisfait de lui. Je me levai précipitamment et courus devant son miroir. Une grosse trace violette trônait sur la partie gauche de mon cou. Je me retournai et fronçai les sourcils.

- Mais qu'est-ce que tu as fait ?

- On appelle ça un suçon chérie, répondit-il en jubilant en se passant sa main droite dans ses cheveux.

Je me retournai à nouveau vers le miroir et questionnai :

- Au bout de combien de temps il va partir ?

Il s'était levé entre temps et passait ses bras autour de ma taille.

- Vu l'aspiration que je t'ai faite et vu la taille, avant qu'il commence à s'estomper t'en a pour une bonne grosse semaine.

- T'as de la chance que j'ai des foulards, rétorquai-je

- J'ai laissé ma marque. Au moins les gens sauront que tu es avec quelqu'un puisque tu ne veux pas le dire, expliqua-t-il

Je savais qu'il voulait me faire passer un message mais j'ai toujours été comme ça, je n'aime pas m'afficher. Je ne répondis rien pour ne pas créer une dispute. Ses yeux d'un marron vraiment très clairs et anodins me regardaient avec malice. Je rougis instantanément.

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