Chapitre 14, Garrett.

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Samedi 1er novembre 2016, deux heures quinze.

Tout le monde était partit. Romuald avait eu la brillante idée de proposer d'aller en boîte. J'avais bien été tenté mais elle n'était pas là. On ne l'avait pas trouvé.

- Tu l'as vu où pour la dernière fois ? Demandais-je encore une fois à Genna qui était blottie contre Dan.

- J'en sais rien, on s'est enfoncé dans la forêt, quelqu'un nous suivait et je lui ai dit de partir, répétait-elle.

Les nerfs me montaient, peut-être que c'était la plus belle fille du lycée, peut-être que c'était la meuf de mon meilleur ami mais en tout cas elle n'était pas très maligne voire complètement conne.

- Genna c'est pas ta faute, lui répéta Dan en lui caressant les cheveux.

- Bien sûr que si ! Elle l'a laissé partir seule dans le parc ! Explosai-je, Mia est seule on ne sait où en pleine nuit et il est plus de deux heures du mat' !

Un cri strident retentit à travers l'ombre.

- C'est elle ! Gémit Genna

- Allons-y, décidai-je

- Tu restes là, ordonna Dan à Genna mais elle fit non de la tête.

- Si, appuyai-je en lui lançant un regard noir qu'elle ne dût sûrement pas voir à cause de l'ombre.

Elle s'assit par terre et nous entamions notre course. Heureusement que je n'avais que très peu bu et que Dan et moi avions une bonne endurance. Combien de fois notre coach nous avait fait lever à cinq heures pour qu'on court à l'aube. On était à l'affût du moindre bruit. On s'enfonçait de plus en plus, où était-elle bon sang !

- Stop, m'ordonna Dan, je me statufiai et écoutai.

On distinguait des pleurs.

- A droite, m'indiqua Dan. On tomba sur une petite barrière. Le cimetière, mais qu'est-ce qu'elle y foutait ? Elle a bu, elle est en talon et elle porte une robe, il fait nuit et l'autre se pointe dans un cimetière. Quelle idée !

- Mia ? Chuchotai-je

Rien.

- Mia ? Dis-je plus fort

- Garrett ? Demanda sa voix étouffée.

On se dépêcha de la rejoindre. Son corps frêle était au pied de l'unique lampadaire étendu de tout son long. Elle était immobile. Son corps se relevait et s'affaissait à l'allure de sa respiration mais le bruit qu'elle faisait signifiait qu'elle pleurait.

- Tu as mal quelque part ? Questionna Dan en s'approchant et posant sa main sur son dos.

- Ma cheville... souffla-t-elle

- Tu peux te lever ?

- Non, j'ai essayé pourtant.

Dan et moi la prîmes par les bras.

- Ok, à trois, dis-je, un, deux, trois.

On la souleva et Dan m'aida à la porter. On cala ses bras autour de nos épaules. Elle était petite et très légère ce qui nous facilita la tâche. Le trajet se fit en silence. Elle avait mal mais elle ne disait rien. On retrouva Genna folle de joie de nous voir.

- Où t'étais ?

- Elle se recueillait sur une tombe, ironisa Dan

- Je préviens ta mère, tu as besoin de soin, décréta Genna en constatant les dégâts.

J'arrivai à l'hôpital le lendemain matin. Un endroit que je préfère éviter. C'était toujours remplis de personnes malades. En fait depuis que mon grand-père y avait terminé ses jours, je préférais éviter les hôpitaux. Les odeurs d'anti-sceptiques, les infirmières qui couraient partout, les personnes allongées sur les civières. Mais le pire je crois que c'était la famille qui attendait des heures pour connaître les résultats.

Genna m'avait donné les coordonnées de la chambre car je comptais prendre des nouvelles de Mia. Il était quinze heures de l'après-midi. Sa mère lui avait mit un sacré savon quelques heures plus tôt d'après ce que la petite copine de mon meilleur ami m'avait raconté. Je frappai à la porte et se fut sa mère qui m'ouvrit. Merde.

- Bonjour Garrett, la prochaine fois que vous prendrez ma fille en rendez-vous, prévenez-moi à l'avance qu'elle se retrouvera à l'hôpital.

- Maman, s'il te plaît...

Elle sortit de la pièce énervée. En même temps, c'était compréhensible. Sa fille se retrouvait à l'hosto bourrée avec la cheville cassée.

- Sympas la chambre, constatai-je en balayant des yeux la pièce. Une pièce blanche dépourvue de tout signe de vie ce qui était un paradoxe pour un édifice qui en sauvaient.

Elle rit.

- T'as quoi alors ?

- Une grosse entorse. J'ai droit à trois voir quatre semaines de béquilles mais j'ai connu bien pire et je crois que ma mère va me punir, répondit-elle.

- Je suis désolé, dis-je en m'asseyant près d'elle

Ses joues passèrent au rouge, elle baissa la tête puis dit :

- Tu vas rire mais je ne me souviens plus de rien. Plus aucun souvenirs de ce que j'ai dit ni de ce que j'ai fait. Si tu savais.

- Tu te souviens de quoi exactement ?

Elle réfléchit puis dit finalement :

- Je suis allée au bal avec toi... on a voulu aller jouer... et après plus rien.

Me voyant sourire, elle demanda ce qu'elle avait fait et ce qui c'était passé. Je lui fis alors le récit de la veille. Notre danse, la chasse à l'Homme et sa chute. Je n'évoquai pas ses paroles car elles manquaient de sens mais en y réfléchissant bien elle avait tout balancé comme si elle devait vider son sac mais je préférais ne pas le lui rappeler pour ne pas qu'elle prenne peur de ses paroles. Qui es-tu Mia ?

- C'était une bonne soirée ! Conclut-elle en souriant

On se regarda un instant puis elle ajouta :

- Et devine quoi, ma mère m'a puni ! Privée de sorties pendant toutes les vacances, aucun droit de visite et j'aurais sûrement droit à des prolongations !


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