Madame

Un mariage non consenti ( corrigé)

   

Le roi Louis XIV, convoquant de bonne heure dans ses appartements son frère cadet de deux ans, Philippe, le duc d'Orléans, dit Monsieur afin de lui faire part de ses projet concernant le futur mariage de celui-ci. Le concerné refuse toute idée d'union, souhaitant qu'une chose au monde : le retour de son amant, l'amour de sa vie, le chevalier de Lorraine.

- Pourquoi suis-je convoqué de si bonnes heures dans tes appartements mon frère.

- Tu ne dis pas bonjour à ton roi ? dit Louis, concentré par son reflet dans le miroir, alors que ces valets de chambre l'habillent.

- Passons les détails, venons-en directement au fait mon frère !

- Je t'ai trouvé une épouse, tu vas la rencontrer demain.

 Les yeux bleus de Philippe se transforma en un regard noir. Les traits de son doux visage, changèrent et devint sévère. C'était incontestable, une colère naissait dans les entrailles du duc.

- Ce n'est pas vrai, tu ne peux pas t'en empêcher de t'immiscer dans ma vie privée. J'ai déjà servi les intérêts de l'État en épousant une Anglaise une fois, on ne m'y reprendra plus.

Voyant son frère apprêter un sourire jaune sur son visage, Philippe comprend qu'il n'a pas son mot à dire, une fois de plus.

- Je suppose que c'est la princesse de Palatine, celle dont tu n'arrêtes pas de me parler ces dernières semaines. dit Philippe, exaspéré.

- Non, dit-il prônant un sourire vainqueur que Philippe connaît si bien. Le même qu'il avait en compagnie de sa défunte épouse, Henriette, qui fut pendant un temps sa maîtresse. C'est une femme pure, dit-il fièrement. Une jeune fille de notre pays, elle sera bien plus facile à modeler et à se faire aimer de la cour et des partisans.

La réputation du roi Soleil n'est plus à prouver. Toute la cour est au courant que cet homme a le diable entre ses jambes. Un coureur de jupons qui a besoin de posséder les plus belles femmes de Versailles, tout en faisant son devoir conjugal chaque soir à la reine. Plus la femme est jeune, meilleure est la proie. Le duc s'emporte, rentrant dans une colère noire tout en agitant ses bras dans tous les sens.

- Oh, bien sûr ! s'emporte le duc. Avoue plutôt que tes critères de prédilection étaient sa beauté et son jeune âge, dans le simple but de pouvoir la rejoindre la nuit dans ses appartements ! C'est toujours ainsi avec toi, il faut toujours que tu fasses tout dans le but de satisfaire tes envies ! Ton frère t'importe peu, tu te fiches de ce que je désire réellement !

- Quand vas-tu grandir un peu Philippe ? C'est justement parce que ton sort me préoccupe, que je fais tout ceci. Tu dois avoir une femme, une descendance. dit Louis, en restant impassible devant l'image que reflète le grand miroir en face de lui.

- Une descendance de qui, au juste ? De vous, votre Majesté ? dit calmement le duc en perdant patience.

Le roi soleil, a engendré tant d'enfants hors mariage que même sa mère Anne d'Autriche a eu honte de ses agissements. Philippe en est même venu à douter certaines fois sur le sang de ses héritiers qu'il a eus avec Henriette d'Angleterre. Une forme d'inceste était née dans la royauté lorsque Louis et Henriette décidèrent d'être des amants.

Comprenant que peu importe sa décision, il devra épouser à nouveau une femme, Philippe impose une condition à un mariage non consenti.

- Ordonne la libération du chevalier de Lorraine, et je l'épouserais sur-le-champ.

Pour la première fois depuis l'arrivée du Duc d'Orléans dans ses appartements, Louis se retourne pour toiser son cadet et sourit sarcastiquement. Le marché était conclu. Chacun était gagnant... ou presque.