Saint Cloud

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- Donc ce que tu nous dis, c’est que personne ne viendra à notre petite fête mon amour ? demande le blondin.

- Ils sont tous à Versailles, ou quasiment. Dit mon mari d'un air songeur.

Je finis mon verre de jus d’orange en les écoutants potasser sur une fête en notre honneur à tous les trois. Le chevalier s'obstine à vouloir en organiser une pour célébrer une nouvelle vie. Philippe est persuadé que leurs amis ne viendront pas, soit Louis va les interdire soit le fait que Versailles soit beaucoup plus chaleureux que Saint-Cloud.

- Bla bla bla, dis-je, en imitant le blondin.

Philippe et Philippe numéro 2 me regardent si l’un à un sourire moqueur, le deuxième se lève et vient à ma rencontre.

- C’est moi ou ta femme se moque de moi mon chéri? Elle manque d’éducation! Son exilation improvisée ne lui a pas été bénéfique, il est temps de lui montrer les bonnes manières a cette duchesse. Vu que tu es aussi mou que la peau qui pendouille sous les bras de la Maintenon, il est de mon devoir que je la reprenne moi-même en main cette petite.

- Bla bla bla! dis-je de nouveau avec plus d’exclamation.

- Je sens qu'il y en a un autre qui manque d’éducation ici. Tu vas voir si je suis aussi mou qu'une vieille peau de bras qui pendouille, tu feras moins le malin une fois en toi.

- Ton éducation passera après la sienne mon amour. Dit notre amant en lui faisant une révérence.

Il fait un clin d’œil à mon époux et se rapproche doucement vers moi, il me contourne et pose ses mains sur mes épaules, les massant rapidement, non pour me relaxer, mais plus pour me faire comprendre que je vais passer à la casserole. Je lève ma tête en arrière, et plonge mes yeux dans ceux du chevalier de Lorraine, il baisse sa tête et vient m’embrasser à pleine bouche devant les yeux du duc d’Orléans. Une de ses mains empoigne mes cheveux et l’autre se pose sur ma gorge, ses baisers s’intensifient. 

- Tu parles d’une éducation, tu es aussi flasque que le derrière de la Maintenon! S'exclame mon mari.

J’éclate de rire dans la bouche de mon amant, celui-ci se redresse en regardant le coupable de cette effronterie tout en enlevant ses mains de ma peau. Il claque la langue sur son palais en mettant ses mains sur ses hanches, afin de l’intimider, ce qui est raté de toute évidence. 

Les deux hommes s’envoient des piques à tour de rôle me faisant rire. Lorsque notre amant revient vers moi et essaye de kidnapper à nouveau mes lèvres, je le repousse de mon index et le regarde avec envie, juste pour le rendre fou de désir.

- Tant que mes enfants ne sont pas chez nous, ici même, vous n’obtiendrez rien de moi.

je les regarde à tour de rôle dans les yeux et me dirige vers la sortie de la pièce  en l’ajoutant sans me retourner : « tous les deux ! »

- Les bonnes femmes ! je comprends mieux pourquoi j’aime les hommes, C’est moins compliqué ! dit mon amant plus fort qu’il soit certain que je l’entends.

- Toi tu n’as pas été obligé d’en épouser une…

- Bon on les retrouve comment vos enfants ? j’envoie un courrier à Versailles avec un post-scriptum : pouvez-vous nous rendre les enfants du duc et la duchesse, sinon je n’ai pas le droit à de câlin et de votre cher et tendre fantasme, Votre Majesté ?

Je rigole en écoutant le chevalier faire son monologue et en imitant la réaction de Louis en recevant la lettre.

- Pas d’enfants, pas de chambre en commun ! dis-je

MadameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant