Madame

Hypocrisie (Corrigé)

Un mariage non consenti qui s'en est ressenti par toute la cour de Versailles dès les premiers jours de notre union. Le duc d'Orléans, mon époux non sollicité, m'a complètement ignoré et délaissé jusqu'à présent. En toute honnêteté, cela pourrait me convenir au vu de nos sentiments non partagés l'un envers l'autre, néanmoins, malgré qu'il ne me porte pas dans son cœur, j'aurais apprécié qu'il tente au moins de communiquer ne serait-ce qu'un minimum.

Si quelqu'un peut comprendre ce que ça fait d'être un choix par défaut, être un pion remplaçant pour faire bonne figure, c'est bien lui. Après tout, il est né juste pour assurer un Bourbon à la tête de la France, au cas où Louis, ne survivrait pas. Le seul mot que j'entends de sa part lorsque nous nous croisons au moment des repas devant la cour, c'est Madame. Simplement Madame, pas un bonjour. Aucune phrase ne m'est adressée, serait-ce trop demandé de chercher à savoir comment je me porte ?

Par défaut, je passe les jours suivants à parcourir le château et ses jardins somptueux lorsque je suis obligée de quitter mes appartements. A chaque fois, je m'arrête à la lisière de la forêt qui contourne le château de Versailles, qu'autrefois je parcourais à longueur de journée, quand j'étais enfant. Maman étant la dame de compagnie de la mère du roi, j'ai grandi mes premières années, ici avec les servants.

Comment pourrais-je me plaire, ici ? Comment maman a cru que je puisse être heureuse un jour à Versailles ? Les femmes de la cour sont tout ce que je déteste, orgueilleuse, prétentieuse, prête à tout pour plaire au Roi. Quelle bande de cruches faciles qui ne connaissent rien à la vraie vie. Néanmoins, une est plutôt intelligente et très perverse dans ses actions. Sa froideur, sa méchanceté n'est plus à prouver. La Montespan est la pire de toutes. Le nombril de Versailles, si on l'écoute. Cette femme se sent supérieure pour être la préférée du roi. Sans aucune pudeur, ni honte, elle se pavane avec Louis devant la reine.

Lorsque je dis tout, j'exagère légèrement. Au fond, il doit bien y avoir des personnes intéressantes et gentilles près de nous. Par exemple, ma dame de compagnie : Sophie. Son rôle est de s'occuper de mon bien être et mes caprices, puis de me suivre partout, néanmoins, jamais elle se prête aux Jeux de langues de vipères avec les autres femmes. Elle semble même un peu seule, isolée des autres femmes. Un peu comme moi.

Une demoiselle si différente. Son cœur semble pur et torturé. Sa beauté est indiscutable, des cheveux noirs geai, une peau de pêche. Sa timidité n'est pas comparable à la mienne toutefois, nous sommes assez proches sur ce point également, ce qui m'arrange bien, je n'aime pas trop parler. Serait-elle, elle aussi à Versailles à contre-coeur ?

Nous descendons les grands escaliers tournant en marbre du château pour nous rendre dans les jardins de Versailles pour notre balade quotidienne, lorsque nous croisons un bel homme blond aux boucles magnifiques. Cet homme prend soin de son apparence, son physique est souligné par une belle taille. Pour la première fois depuis mon arrivée, je me surprends à regarder un homme. Celui-ci me dévisage quelques secondes de bas en haut visiblement blasé, puis son regard va vers ma dame de compagnie. Un sourire charmeur s'étend sur son visage, suivi d'un petit clin d'œil le tout sans jamais s'être arrêté pour nous saluer. Un nouveau noble qui ne doit pas savoir qui je suis, sinon il aurait été plus poli.

- Qui est cet homme, Sophie ?

- Mon cousin, Madame. répond-elle mal à l'aise.

Comme à chaque fois, je prends un temps d'arrêt afin d'admirer cette magnifique fontaine avec un cheval. Je ne pourrais jamais me lasser de la regarder. Tout est tellement beau ici. Sincèrement, je n'aime pas les gens d'ici, mais le domaine est époustouflant. Le frère de mon époux, le roi Louis XIV à élaborer lui-même les plans de cette ancienne bâtisse de chasse de son père autrefois pour en faire la fierté de la France. Autant le château que ces somptueux jardins sont reconnus pour être la beauté à l'état pur.