Ch20: Philippe Brown

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Je suis punie. Vivement mes 18 ans! Quand je n'ai pu expliquer à ma mère ce qui s'est passé elle s'est bien évidemment énervée. D'un côté je la comprends mais d'un côté je lui en veux. Elle pourrait comprendre que je ne puisse pas lui dire..,non? En gros, je ne peux plus sortir les jours d'école jusqu'à mes 18 ans je crois. Mais bon peut être Brandon va réussir à alléger ma peine. Il m'a promis d'essayer en tout cas. Tout ce que j'espère c'est qu'il réussira. Aujourd'hui, ma mère n'aura pas besoin de me réveiller. Il est 5h15 du matin, et je n'arrive pas à dormir. Je descends en bas et m'assieds sur notre unique fauteuil. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire d'Augustin. Il a 18ans. Je lui envoie un message pour le lui souhaiter. Je réfléchis quand une idée bizarre me vient en tête et je n'arrive malheureusement pas à m'en défaire. Je monte discrètement dans ma chambre et m'habille. Ma mère se réveille à 6h45 et il est 5h21. J'ai 1h24 précisément. Je descends,prends ma veste et mes clés et je sors. Le temps est frais mais ça me fait quand même du bien de prendre l'air. Je marche tranquillement. Il y a quelques personnes dehors qui fument dans leur jardin mais personne n'est aussi bête que moi pour se balader. Je ne sais pas pourquoi, mais j'en avais envie. Je continue de marcher un bon bout de temps quand je rencontre une silhouette familière. Plus je me rapproche plus elle me dit quelque chose. Mais c'est Augustin! Je me jette littéralement sur lui.
- Joyeux anniversaire!je hurle pratiquement dans les rues silencieuses.
Il n'a pas tout à faitement la réaction que j'attendais.
- Aie! Augustin la vache! C'est moi, Claire.
Il abandonne finalement sa prise sur ma nuque.
- Euh... Je ne t'avais pas reconnue, s'excuse-t-il. Et merci!
Je me masse la nuque tout en lui jetant un regard de "killer".
- Tu es vachement sur la défensive!
- On n'est jamais assez prudent, dit-il.
- Ouais, mais qui veux-tu que ce soit! Je veux dire; j'ai quand même dit joyeux anniversaire! Et puis il y avait mes pensées!
- Je n'étais pas concentrée! Tu ne veux tout de même pas que je lise les pensées de tout le monde.
- Tu peux arrêter de lire mes pensées???
- Non mais je peux le mettre en mode bruits de fond. J'entends que tu penses mais vu que je ne me concentre pas je n'entends pas vraiment ce que tu dis. Si j'entendais mon cerveau exploserait! Imagine les foire, fêtes, marchés, rien que l'école en fait!
En effet maintenant que j'y pense c'est logique.
- Bref t'as l'intention de fêter ton anniversaire?je lui demande joyeusement.
Il hausse les épaules.
- Ch'ai pas...
- Arrête! Tu plaisantes j'espère! 18ans .., c'est un âge.... magnifique,je dis tout en m'imaginant moi quand j'aurai 18.
Il re-hausse les épaules.
- Je ne sais pas ce que tu t'imagines ou plutôt je sais, mais ce n'est pas du tout ça. Tu vieillis juste d'un an, ce n'est pas exceptionnel...
Je roule des yeux.
- Pourquoi tu te promènes dans les rues toute seule dans les environs de 5h30?
- Je peux te retourner la question!
- Oh moi..,dit-il l'air embarrassé.
- Oui..?
- Je suis sorti pour...
Je ne m'étais pas rendu compte jusque-là mais en fait il sentait la cigarette!
- Tu es sorti fumé...Tu fumes!? Depuis quand!??
- C'est pas important! Et toi,ta raison est..?
- Franchement tu me déçois. Moi qui croyais que t'avais une once d'intelligence en toi! Fumer tue! C'est écrit sur le paquet! Tu ne sais pas lire??
- "Moi qui croyais que t'avais une once d'intelligence" ... sympa! Et pour information: Oui je sais lire.
- Si tu sais lire pourquoi est-ce qu...
- Je suis désespéré, j'en ai marre. Si tu savais toutes les autres choses que je faisais à part fumer, tu ne me parlerai plus.
- Désespéré?je répète hésitante.
- OUI! Trois ans, ça fait TROIS ans que ma vie est devenue de la merde!
- Il doit bien avoir une solution...
- Crois-moi on a cherché! Rien ne peut nous aider.
- Mais c'est impossible il doit y avoir quelque chose qu'on peut faire! Vous en avez parlé avec des gens?
- Que veux-tu qu'on dise aux gens! Bonjour j'ai une une boucle d'oreille cheloue et j'aimerai que quelqu'un m'aide à l'enlever sans que je meurs!?
- Peut être que... Ces bijoux appartenaient à des gens avant nous, non?
- Oui..?
- Il suffit de... De trouver quelqu'un qui connaît une personne morte qui est bizarre.... Je ne sais pas si tu me comprends...
- Je comprends. Mais ça prendrait un temps fou! On ne peut pas aller voir toutes les familles qui avaient un proche bizarre et mort! Et en plein rien ne dit qu'ils vont répondre à nos questions...
- Moi j'ai une idée de qui pourrait avoir été touché par cette malédiction...
- Qui?ne demande Augustin, visiblement curieux.
- C'est un pressentiment fort. Je ne veux pas le dire maintenant. Je te le dirai quand je suis sûre qu'il avait un bijou. Et puis je ne suis pas sûre qu'il est mort... Je vais mener mon enquête.
Je regarde ma montre.
- Seigneur! Il est déjà 6h23! Je dois y aller! A plus!
- Ouais on se revoit en cours.
Et je m'éloigne.
Après 15 minutes de course, j'arrive chez moi. Je referme discrètement la porte et monte dans ma chambre. En passant je regarde dans la chambre de ma mère. C'est bon, elle dort paisiblement. J'entre dans ma chambre et me trouve face à Brandon.
- Tu étais où?il me demande inquiet.
- Je...
- Je me suis fait du souci! Heureusement que je n'ai pas dit à ta mère que tu n'étais pas là! Ta punition serait devenue pire.
- Je suis désolée... Je me suis réveillée tôt et je ne sais pas pourquoi j'ai eu cette envie de sortir... Je ne pouvais pas m'empêcher, j'avais besoin d'air.
Brandon me regarde longtemps, comme s'il essayait de me comprendre, de me déchiffrer.
- S'il te plaît, n'en parle pas à ma mère! Elle va péter les plombs et croire toutes sortes de choses bizarres!
Il pousse un énorme soupir et passe sa main sur son visage.
- Ça marche,mais à une condition.
- Laquelle?je demande en espérant que ce ne soit pas un truc impossible.
- Tu ne recommences plus. Ce n'est pas bien pour une jeune demoiselle telle que toi de sortir si tôt. Il pourrait y avoir des gens mal intentionnés et si quelqu'un te fait du mal je ne me le pardonnerai pas...
- C'est promis.
Il me prend dans ses bras et me fait un bisou sur le front.
- Je vais bientôt partir travailler, mais toi maintenant que tu es debout tu peux faire le petit-déjeuner à ta mère! Allez salut!
- Bye!
Et il est sorti de ma chambre. C'est vrai qu'il est déjà habillé pour aller à la banque. Je n'avais même pas réalisé! Quand je descends il n'est déjà plus là. Je commence à préparer le petit-déjeuner.
                                       ~~~
- Déjà debout et en plus le petit-déjeuner fait? Impressionnant, me dit ma mère tout en s'asseyant à sa place.
- Merci, merci!je plaisante.
- Et pourquoi t'es-tu levée si tôt?
- Je n'arrivais pas à dormir.
Ça y est, il fallait que je mette mon plan à exécution.
- Maman? Je peux te poser une question?
- Mmhh mmh, vas-y.
- Est-ce-que mon père biologique, euh... va bien?
Ma mère me regarde, les yeux ronds. Je crois déceler de la tristesse dans son regard.
- Pourquoi ce soudain intérêt pour ton père?
- Ça fait longtemps qu'il n'a pas envoyé de l'argent.
C'est l'excuse la plus débile au monde mais ma mère m'a prise au dépourvu avec cette question.
- Je...
Une larme s'échappe d'un œil de ma mère.
- Maman ça va?
- Oh Claire! Je suis tellement désolée, sanglote-t-elle. Je ne voulais pas te perturber alors que tu avais des examens à l'école...
Je la prends dans mes bras.
- Ça fait combien de temps qu'il est..?
Un nœud se forme dans ma gorge. Je ne me savais pas capable d'être triste pour quelqu'un qui ne m'aimait même pas.
- Un peu avant qu'on est partis en vacances, à Noël.
- Ça a dû être horrible pour toi, de ne rien laisser paraître.
- Oh je le laissais paraître. Mais pendant la nuit...
- Tu aurais dû me le dire.
- Je sais... Mais je ne pouvais pas m'y résoudre.
- J'aurais pu te réconforter.
- Oh ne te soucie pas de ça... Brandon était là pour moi.
- Maman, tu aurais des affaires personnelles de lui? Je...
- Tu aimerais mieux le connaître c'est ça?
- Oui, je souffle.
Ma mère sourit à travers ses larmes.
- Eh bien, tu as de la chance. C'est peut être un des seuls hommes au monde qui tenait un journal.
- Vraiment?je demande très étonnée.
- Oui.
- Tu l'as ici?
- Oui.
- Tu l'as déjà lu?
- Non, je crois pas que j'en aurai la force. Viens suis-moi.
Je la suite jusque dans sa chambre.
- Tiens!
Elle me tend un journal de couleur bleu roi.
- Merci.
Elle me prend dans ses bras.
- Bon je vais me préparer,je lui dis.
Quand j'arrive dans ma chambre, je m'affale sur le lit et observe le plafond. J'ai l'impression que ça devient une activité quotidienne. Je me redresse et vais vite m'habiller et me doucher. Je cache le journal de mon père dans ma grande boîte à bijoux que je ferme à clé. Je dévale les escaliers.
- J'y vais maman. Salut!
- Bye!
                                        ~~~
- Salut.
- Salut,me répond Jacob. Qu'est-ce qui ne va pas?
- Rien laisse tomber.
- Bon je présume que tu me le diras quand tu le voudras.
J'aimais bien les manières de Jacob. Il ne m'oppressait jamais pour que je lui dise quelque chose. Aujourd'hui, j'étais d'humeur triste et je voulais qu'on me laisse seule. J'avais comme l'impression d'être en deuil.
- Salut! Ça va?? Moi tout va bien. Hier j'ai reçu le dernier iPhone je suis tellement contente.
- Bonjour Eloïse. C'est cool pour toi.
Mon sourire est tellement faux que j'ai l'impression d'entendre mes dents grincer.
- Oui je sais! Et tu savais que...
Je ne l'écoutait déjà plus. Eloïse avait cette petite tendance à se focaliser sur soi. Ça n'a me dérangeait pas vraiment mais aujourd'hui j'aurai bien voulu qu'elle s'abstienne de me raconter sa vie. Mais comme d'habitude je ne dis rien. Puis je bois Augustin arriver. Dieu merci! Qu'il la fasse taire!
- Salut,dit-il en enlaçant la taille d'Eloïse.
Et ils s'embrassent. Gênée j'observe mes pieds. Je ne sais jamais que faire à ce moment là. Mais heureusement ils ne sont jamais trop longs.
- Salut Claire, ça va?
- Super!
A part que mon père biologique est décédé et que je viens de e l'apprendre aujourd'hui toit baigne! Mince! Je n'ai pas réussi à contrôler mes pensées. Augustin me regarde d'un air désolé. Bien évidemment il ne pouvait pas me dire    "toutes mes condoléances" ou "j'en suis navré" car Eloïse le prendrait pour un fou, elle qui ne savait rien. "Ne le dis à personne, je pense exprès". Il hoche la tête et je pousse un soupir de soulagement. Le matin est un supplice, mais bizarrement passe très vite; un supplice rapide.
- Tu manges à la cafétéria?me demande Eloïse.
- Non je mange chez moi et en plus j'ai mal à la tête, j'ajoute pour être sûre qu'elle me laisse tranquille.
- Bon dommage! A plus!
- Ouais!
                                         ~~~
Après m'être battue avec ma clé pour ouvrir la porte, je rentre finalement. Silence. Ma mère m'avait prévenue qu'elle ne sera pas là à midi. Je referme derrière moi, prends un barre de céréales et monte dans ma chambre. J'ouvre ma boîte à bijoux et en sort le journal. Après m'être confortablement installée sur mon lit et avoir croqué ma barre de céréale, je l'ouvre. Il y a une petite inscription au tout début;
"Pour ceux qui seront un jour dans la même situation que moi, P.B."
"Philippe Brown, ai-je pensé". Puis je commence à lire

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