Ch34

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(Point de vue Claire)
J'étais chez Augustin et Gabriel. J'avais des tonnes d'appels manqués de ma mère, mais ça m'était presque égal. Je lui avais écrit un message comme quoi j'allais dormir chez Eloïse pendant plusieurs jours et depuis je n'ai plus touché mon téléphone. J'étais plus qu'épuisée mais à la place d'aller me coucher comme l'avait suggéré Augustin, je suis assise à côté de ce dernier face à Gabriel. Au fond de moi, il y avait toujours cette partie qui espérait que Gabriel ne soit pas derrière tous ces crimes.
- Dis-nous exactement ce que tu as fait après avoir tenté de tuer Claire,lui ordonne Augustin.
- Je n'ai jamais tenté de la tuer.
Des larmes me montent aux yeux.
" - Honnêtement?
- Vas-y dis-le, je ne m'énerverai pas, ce n'est pas mon genre, m'avait-il dit en souriant tendrement.
- J'ai peur que tu me... fasses du mal, beaucoup de mal, inconsciemment. Autant que je n'arriverai peut être pas à me relever ensuite, et je ne parle pas physiquement.
Il avait gardé le silence. J'avais fermé les yeux, tentant de trouver une formule plus adéquate, peut être moins blessante, mais rien ne me venait. Mais je n'en avais pas eu besoin.
- Claire, je sais que je fais... du mal inconsciemment aux gens, parfois même aux gens que j'aime,dit-il en souriant tristement. Il m'est déjà arrivé d'être méchant avec toi, de dire des paroles désagréables, mais jamais encore je ne t'ai fait du mal au point que tu perdes confiance en moi et que ça te brise, n'est-ce pas?
J'avais hoché timidement la tête.
- Et sache que jamais je ne le ferai.
Je lève les yeux et le regarde.
- Mais tu n'as pas de contrôle, c'est impossible...
- Rien n'est impossible. Jamais je ne te ferai autant de mal.
- Promis?
- Promis. J'aimerais que là-dessus tu aies une confiance absolue en moi. Jamais de la vie, autant mourir. Et je ne le ferai jamais non plus à Jacob ou à Augustin.
- Je te fais confiance.
- Merci, sache que j'en ai plus besoin que tu le penses."
Bien que c'est égoïste de penser cela, il m'a trahi. Il n'a pas tenu sa promesse. Il a détruit une partie de moi qui ne guérira probablement jamais. Refouler mes larmes devient trop difficile. Alors au milieu de son récit, je me lève et vais dans la chambre d'Augustin et comme il me l'a suggéré plus tôt je me couche en pleurant.
~
- Ça va?me demande Augustin, voyant que je ne dors pas.
- Vraiment?
Il soupire et s'installe sur le bord de son lit.
- Je lui ai dit ce qu'il a fait.
Silence.
- Et?je demande au bout de 2 minutes.
- Il ne sait plus où il en est. Il ne sait même plus ce qu'il a fait. Il est fou, brisé, dit-il une grande peine perceptible dans sa voix.
Sa voix chevrote. Puis finalement il craque et pleure.

Point de vue Gabriel
Je les écoute pleurer. Mais qu'ai-je donc fait? Qu'est-ce qu'il me prend? Je glisse doucement contre la porte et pleure doucement. Le monde serait meilleur sans moi, bien meilleur. Mais je ne peux pas les abandonner. Ce serait trop égoïste. J'entends quelqu'un frapper discrètement à la porte. Je m'arrête de pleurer et vais ouvrir.

Point de vue Jacob
La porte s'ouvre sur Gabriel. Il a les yeux rougis mais secs. Je me mordille la lèvre inférieure, partagé entre le désir de le prendre dans mes bras et lui dire que tout irait bien ou juste le saluer et rentrer. Finalement je me contente d'entrer de mettre ma main d'un geste maladroit sur son épaule en signe de réconfort. Il me sourit tristement et se dégage assez rapidement.
- Entre seulement. Tu ne vas pas rester infiniment dans le corridor.
Je m'avance dans l'appartement silencieux.
- Ils t'ont laissé seul?je demande.
- Si on veut. Il ne vaudrait mieux pas les déranger.
Je hoche la tête. Je les sens pleurer. Ils sont finalement arrivés à bout. C'est trop pour eux.
- Ils seront dorénavant vulnérables, j'énonce. C'est à nous de nous occuper d'eux.
Gabriel hoche la tête d'un air grave. Silence.
- J'ai des mauvaises nouvelles,dis-je finalement.
- Ah bon.
- Mais je dois les annoncer devant tout le monde.
- Ah.
Silence.
- Il vaudrait mieux que tu les appelles. Je ne suis pas... Vaut mieux que ce soit toi.
- On se rejoint dans la cuisine?
- Mh-mh.
Pas besoin de lui demander où les trouver. Leurs émotions me guidaient. Je frappe doucement à la porte d'Augustin et entre. Claire est endormie, les joues encore baignées de larmes. Augustin, lui, est assis à côté d'elle et l'observe. Il a pleuré, mais ces yeux à lui aussi sont secs maintenant. A mon entrée, il n'a même pas réagi. Il s'est contenté de fermer les yeux.
- Augustin, je l'interpelle en chuchotant.
Il se tourne vers moi. Son regard est vide. Je m'interroge. Est-ce une bonne idée de leur annoncer une mauvaise nouvelle? De plus Claire dort. Mais d'un autre côté, c'est très important qu'ils le sachent. J'inspire un bon coup.
- Il faut que je vous parle, dis-je toujours en chuchotant. C'est important.
Il hoche la tête. Je sors, sachant très bien qu'il la va réveiller lui-même et m'installe dans la cuisine. Gabriel n'est pas encore là. Il est probablement en haut. Quelques instants plus tard, ce dernier me rejoint.

Les Quatre [EN PAUSE ET RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant