Ch27: deuil

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Je vais arriver en retard. Non mais sérieusement je vais arriver en retard. Je ne me rappelle même pas de la dernière fois que je suis venue en retard! Mince, je crois la cloche a déjà sonné. Je commence à courir, mais quand j'arrive dans la cour, tout le monde est là.
- Que se passe-t-il?je demande.
- Quelqu'un est mort, répond Gabriel pâle comme un linge.
Jacob!!!!
- Qui? Comment?
- Je ne sais pas.
Augustin arrive.
- C'est pas Jacob.
- Oh mon Dieu, dis-je en me jetant dans les bras de Jacob, derrière Augustin.
- Quoi? T'avais une vision?me demande-t-il.
- Oui et tu n'étais pas dedans.
- Mais si c'est pas toi, qui est-ce?demande Gabriel.
- On ne le connais peut être pas,je dis.
- On ne le/la connais peut être pas, me corrige Augustin.
- Oh mon Dieu! Eloïse!!
- Je l'ai croisée il y a 5 secondes. Tiens en parlant du loup.
Eloïse s'approche de nous les larmes aux yeux.
- Claire...
- Quoi? Qui est-ce Eloïse!?
- C'est... c'est Jess-ica.
- Quoi!!??
Je suis secouée. Je commence à pleurer. Eloïse me prend dans ses bras et on sanglote ensemble.
- Mais comment est-ce..?
- Elle a été assassinée. C'est horrible!
- Par qui?
- On-on ne sait pas. La police l'a retrouvée ce matin. Elle a été poignardée quatre fois de suite.
- Qu-quatre?
- Oui.
Je regarde Gabriel, Jacob et Augustin à la suite. Ils sont tous choqués. Puis Augustin demande une question curieuse:
- Où a-t-elle été poignardée?
- À des endroits improbables et très durs à atteindre.
- C'est à dire?
- Une fois à l'oreille, l'autre au poignet, sur le... doigt et enfin, le coup fatal, au cou.
Augustin semble horrifié. C'est horrible! Pourquoi..? Augustin répète:
- À l'oreille.
- Au poignet, dit Jacob.
- Au doigt, dit Gabriel.
- Au cou, je dis horrifiée, tout en touchant mon collier.
Elle a été punie par Will.... C'était à nous qu'elle était censée faire du mal. C'est son refus qui l'a tuée...
- Comment sais-tu tout ça?demande Jacob.
- C'est-C'est moi qui ai trouvé son corps...
- Je croyais que la police...
- Oui, oui, c'est la police.
Eloïse se balance à l'avant et à l'arrière, en marmonant des choses incompréhensibles. Augustin l'a prend dans ses bras et elle ré-éclate en sanglots. Ça a dû être un choc terrible pour elle. Je regarde autour de moi. Tout le monde semble triste, même ce qui ne la connaissait pas. Gabriel, même semble extrêmement triste mais le plus triste de tous est Jacob. Il tremble presque. Je ne le savais pas si proche. Je me rapproche de lui.
- C'est vraiment horrible...,je dis.
Il ne me répond pas et continue de trembler.
- Jacob? Ça va?
Gabriel se tourne vers moi.
- Il faut l'éloigner.
Et sur ce, il le prend par les épaules loin de la cour. Je les suis. Puis Jacob commence à respirer bruyamment et ses tremblements cessent petit à petit.
- Qu'est-ce qu'il a ou avait?
- Trop d'émotions, me répond Jacob entre deux souffles.
- Quand il y a trop de personnes qui ont les mêmes émotions Jacob commence à se sentir mal. Il s'est déjà évanoui une fois parce-qu'il avait du mal à respirer.
Jacob jette un regard assassin à Gabriel comme pour lui signifier qu'il le rabaissait. Gabriel hausse les épaules.
- Je lui dis comme ça elle sait quoi faire si elle est un jour seule avec toi.
- Et c'est aussi pour ça, rajoute Jacob, que j'évite le plus possible les enterrements.
- Et trop de joie, ça te fait quoi?
Gabriel grimace comme si un souvenir lui revenait.
- Je deviens hyper joyeux mais d'une manière abusive et si c'est très grave,je peux même paraître saoule.
A ce point?
- Mais c'est vraiment en cas extrême, s'empresse de rajouter Jacob en voyant ma tête.
- Les cours sont annulés?je demande.
- Aujourd'hui oui, me répond Gabriel. Les gens sont secoués. Ça doit faire extrêmement longtemps qu'il n'y ait pas eu de meurtre et surtout à ce point bizarre.
- Je confirme.
Je repense à la dernière fois que j'ai vue Jessica. Elle est morte juste parce-qu'elle ne voulait pas nous faire du mal. Je me sens tellement coupable, elle qui voulait vivre une vie normale...
- C'est bizarre ,dit Jacob en se tournant vers moi.
- Quoi?
- Tu culpabilises...
- Tu culpabilises?demande Gabriel étonné. Ce n'est pourtant pas ta faute. A moins que... que sais-tu?
Une larme s'échappe de mon oeil gauche.
- Elle m'a dit qu'elle voulait partir, avoir une vie normale.
Ma voix tremble. Je fonds en larme et m'assieds par terre le front sur les genoux. Jacob se penche sur moi.
- Tu veux que je t'enlève la peine? Tu es si triste que je crains que tu ne puisses terminer une phrase correctement.
- D'accord. Mais laisse-moi en! Je ne veux pas me sentir bien aujourd'hui.
Jacob fait une drôle de tête.
- Euh d'accord. Si c'est ce que tu souhaites.
Il pose la main sur mon dos. J'ai comme l'impression qu'elle se refroidit puis ma peine se dissipe peu à peu jusqu'à devenir minime.
- Voilà. Ça va mieux?
- Oui merci.
Il n'enlève pas sa main. Visiblement il a besoin de garder le contact pour éloigné quelques minutes ma peine ou bien il veut juste laisser sa main,je ne sais pas.
- Elle n'était pas normale. Elle avait des dons. Rapidité, force et ouille supersonique. Alors je lui ai dit que j'étais une des quatre puis elle a réagi super bizarrement. Elle avait l'air peinée. La dernière fois que...que je l'ai vue, elle m'a dit au revoir. Elle m'a dit qu'elle partait parce-qu'elle devait faire du mal à quelqu'un, qu'on le lui avait demandé. Au début, elle s'était dit qu'elle le ferait comme ça on la lâche. Puis elle a réalisé qu'elle aimait cette personne. Du coup elle a dit qu'elle voulait partir pour s'échapper en quelque sorte de son emprise.
- L'emprise à qui?demande Jacob.
- Je ne savais pas qui. Elle ne pouvait me le dire, mais après ce meurtre ça me paraît plutôt évidemment de qui il s'agit.
- Elle devait s'en prendre à toi, dit Gabriel le regard protecteur.
- Non, l'un de nous.
- Non toi. Elle était peinée parce-qu'elle à réalisé qu'elle devait te faire du mal.
- Non! Réfléchis, si Will aurait voulu qu'elle me fasse du mal, il lui aurait dit mon prénom et elle n'aurait pas attendu si longtemps avant de se décider de partir
- Vrai, concède Gabriel.
- Pas forcément...Peut-être qu'il nous appelle par nos bijoux... Il lui aurait peu être dit de faire du mal au "collier" et quand tu lui as dit que tu étais l'une des quatre elle a éventuellement aperçu ton collier...
- C'est possible...
- Bon vaudrait mieux que l'on se sente tous concernés et qu'on reste attentifs, je tranche.
- Tu as raison, dit Jacob. Je... j'enlève ma main.
J'hoche la tête. Il enlevé tout doucement sa main évitant de me faire une surcharge émotionnelle. Malgré sa "lenteur", la douleur est fulgurante. Heureusement que j'étais assise ou sinon je me serais écroulée. Je regarde ma montre. Ça ne sert à rien d'appeler ma mère, elle travaille et son téléphone est toujours éteint. Je lui envois quand même un message comme quoi les cours sont annulés aujourd'hui. Je me relève.
- Tu rentres chez toi?me demande Jacob.
- Oui.
- Reste!m'intime Gabriel. Il ne faut pas rester seule. C'est... juste horrible d'être seul quand on est triste.
- Je... d'accord.
- Claire?
- Oui Jacob?
- J'ai enregistré ce que tu nous a dits, histoire qu'on puisse facilement mettre Augustin au courant.
- Jacob?l'interpelle Gabriel.
- Oui?
- Tu viens avec nous à l'appart'?
Il grimace.
- En sachant que ma mère a entendu les nouvelles, ça m'étonnerait qu'elle me laisse aller autre pars que chez moi.
Son téléphone sonne.
- Tiens quand on parle du loup. A toute!
Et il décroche.
- Viens, me dit Gabriel en me prenant par les épaules. Augustin nous rejoins tout de suite.
On commence à marcher quand Jacob tire sur la manche de Gabriel.
- Oui je rentre. T'inquiète pas de détour. Tiens l'enregistrement, dit-il à Gabriel. Oh rien! Tu as dû te tromper...
Et il s'éloigne. Gabriel le range dans sa poche et on s'éloigne pour de bon.
Après 10 minutes on arrive chez lui. Il ouvre la porte et m'installe directement sur le canapé moelleux.
- Tu veux un chocolat chaud? Un jus?
- Tu n'es pas obligé....
- Ça sera chocolat chaud, alors. Ça vient tout de suite.
Et il va dans la cuisine. Avant d'y entrer il me demande:
- Tu aimes le chocolat chaud, n'est-ce pas?
Je lui souris et hoche la tête.
- D'accord.
Il s'en va quelques secondes.
- Voilà! Le lait chauffe.
Il s'installe à côté de moi. Silence. J'essaie en vain de trouver un sujet de discution mais rien. Puis:
- Une des premières fois que je suis venue chez toi j'y avais vu beaucoup de dessin.
- Oh ça.., dit-il en rougissant.
- Ils étaient trop beaux!
- Vraiment?
Je lui donne une tape sur l'épaule.
- Bien sûr!
- Tu as vu quoi exactement?
- Les dragons.
- En dragons, je ne suis pas très doué.
- Ha-ha-ha!
- Non sérieusement. Mon point fort c'est les portraits.
- Montre!
Je le suis dans son étage.
- Tiens voilà ma mère.
J'en ai le souffle coupé.
- C'est... magnifique.
- Merci...
- Tu en as d'autres?
- Oui.
Il me montre un dessin de Jacob.
- Tu sais ce qui est incroyable, à part que tu as dessiné exactement tous ses traits parfaitement bien? Tu as réussi à donner une âme à ses yeux. C'en est presque flippant. J'ai l'impression qu'il me regarde...
Je regarde un peu la pile de portrait.
- Tu as réussi à te dessiner toi-même?
- C'est ce que l'on appelle un autoportrait, dit-il.
- Je sais. Mais c'est magnifique. Je ne sais pas comment tu as réussi à te dessiner si bien.
Il hausse les épaules.
- Oh... c'est moi.
- Désolé, je l'ai bien raté. Je dessine mieux quand la personne est sous mes yeux.
- Au contraire! Tu m'as embellie! En réalité je suis beaucoup plus pâle, mes cheveux n'ont pas de volume, mes cils sont...
- Eh, me coupe Gabriel. Tu es très bien comme tu es.
- Merci,je dis en rougissant.
- Mince! Le lait!
Gabriel descend en courant. Je descends à sa suite.
- C'est bon! Pas trop de dégâts!
J'entends sonner. Je me dépêche d'aller voir qui c'est. C'est Augustin. Je lui ouvre.
- Heureusement que vous êtes là, j'avais oublié mes clés!
- Eloïse?
- Je l'ai raccompagnée chez elle. La pauvre ne se sent pas bien du tout.
- Comment ça se fait que je ne ressens plus autant de peine?
- Peut être le fait que tu ais accepté sa mort?
- Peut être. Mais si vite? C'est bizarre...
- Bon, il est fort possible que Jacob t'en ait enlevé une bonne part.
- Je croyais qu'il ne pouvait pas...
- Si il le peut. C'est peut être pas si mal que ça après tout.
Peut être...
- Tu ne ressens rien toi?je lui demande.
- Écoute, je ne la connaissais pas vraiment et puis je t'ai dit, je sais très bien gérer mes émotions. Je dis pas que je suis heureux mais je n'en suis pas abattu pour autant. Je crois que c'est ce que nous ressentons tous.
- Tous?
- Gabriel, Jacob et moi. Quoique vu que Jacob ressent la peine d'autres...
- Et étonné?
- Que Will est osé tuer quelqu'un?
- Oui.
- Non, me répond-il.
Voyant ma tête il ajoute:
- Il est mauvais Claire. Il est temps que tu le graves dans ta mémoire.
Je hoche la tête.
- Voilà, me dit Gabriel, me tendant la tasse de chocolat chaud. Salut.
- Merci.
Je lui prends la tasse des mains.
- Hello. Je peux te parler en privé?demande-t-il à Gabriel.
- Bien sûr.
- On va dans la salle d'isolement, histoire que tu ne nous entende pas, dit Augustin me faisant un clin d'oeil.
Ils montent. Je les suis par curiosité. Augustin ferme la porte. Le silence règne. Je n'arrive pas à entendre ce qu'ils malgré mon oreille qui est collée à la porte. Puis soudainement, je les entends. Ça m'était déjà arrivé d'entendre des choses que je n'étais censée entendre. C'était quand Jacob était chez moi et que je cherchais des serviettes.
- Parce-qu'elle est en deuil et que je ne veux pas la choquer plus que ça.
Ça s'est la voix d'Augustin. C'était certainement la raison de mon exclusion en cet entretien.
- Bref je te disais qu'après avoir accompagné Eloïse chez elle je suis allé voir la police pour des infos.
- Ils t'en ont donné? Mais ils n'ont pas le droit!
- Attends, j'y viens. Ils ont refusé alors je suis allé voir le flic principal qui est sur l'affaire. Il a refusé bien évidemment de me dire quoi que ce soit. Alors je lui ai posé une grâce somme d'argent sur la table qui l'a vite fait changé d'avis. Il m'a montré tout ce qu'ils savaient jusque maintenant. Déjà des photos du cadavre. Ensuite l'arme avec laquelle elle a été attaquée.... C'était un poignard extrêmement vieux qu'on utilisait pour les sacrifices, à l'époque des Mayas... Il a visiblement réussir à l'entretenir.
- Quoi? Tu crois que c'est l'arme qu'elle était censée utilisée pour faire du mal à l'un de nous?demande Gabriel.
- C'est fort possible. Mais j'y ai réfléchi. Pourquoi sacrifier ces jouets, son divertissement?dit Augustin avec dégoût. De toute façon s'il nous tue il distribuera les bijoux à d'autres. Donc ma conclusion est qui ne voulait pas nous faire du mal à nous.
- Mais ça n'a pas de sens... A moins que...
- Oui, je crois qu'il voulait faire du mal à l'un de nos proches. Ce sacrifice lui aurait donné plus de pouvoirs et de divertissements. En sachant que mes parents et tes parents ne vivent pas ici, on n'a plus que deux choix. Il n'aurait pas envoyé Jessica dans un autre pays alors que les nôtres ne sont pas là, donc il reste plus que la mère de Jacob, la mère de Claire et Brandon...
- Il faut le lui dire!dit Gabriel.
- Pas maintenant. Ça ne ferait que plus la bouleverser. Il faut qu'on essaie, nous deux, vu que Jacob est perturbé par les émotions d'autrui, de protéger tout le monde. Et aussi, il faut que l'on découvre qui Will va envoyer cette fois-ci, vu que Jessica est morte.
- Ça fait beaucoup de choses pour que deux personnes.
- Je sais mais on n'a pas le choix.
Ils sortent et me voient.
- Tu as essayé d'écouter, me reproche presque Augustin.
- Non, j'ai entendu...

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