Ch21: semi-obscure

11 4 1
                                    

- Tu es sûr que ça va?me demande Gabriel pour la millième fois cette après-midi.
Heureusement  que c'est la dernière heure d'école, je n'en pouvais plus de cette question.
-Déjà ce matin tu n'avais pas l'air bien, mais maintenant c'est pire, sans vouloir t'offencer..,ajoute-t-il.
Gabriel était toujours très sympa et soucieux quand il n'était pas possédé mais là je crois que j'aurai préféré qu'il se taise. Je n'avais, ce midi, pas découvert grand chose dans le journal de mon père. Bon cela se comprenait, je n'étais qu'au début.
- Oui je vais bien, merci, je lui réponds sèchement.
- Pourquoi est-ce que tu me mens?
J'ignore sa question et dis:
- Je crois que j'ai trouvé un moyen de nous aider pour nos, euh.., problèmes.
Les yeux de Gabriel s'agrandissent.
- Mais ce n'est pas sûr, je m'empresse d'ajouter.
- Tu l'as dit aux autres?
- Non, pas encore. J'en ai vaguement parlé  à Augustin mais il ne sait pas de quoi il s'agit. Mais ne leur dis pas!
Je ne sais pas pourquoi je le raconte à Gabriel et pas aux autres. Mais pour l'instant pour une raison absurde j'ai envie que ça reste entre lui et moi.
- Quel est ce moyen?demande Gabriel curieux.
- Le journal de mon père.
- Ton père connaissait ses bijoux?
- Il en avait un oui.
- Mais c'est impossible, il n'y en a que quatre et ils sont "occupés".
Après une seconde de réflexion Gabriel lève les yeux et les posent sur moi. Ils sont pleins de compassion.
- Je suis vraiment désolé.
Un nœud se forme dans ma gorge.
- C'est pas grave, ne t'inquiète pas, je dis malheureuse tout de même. Je ne le connaissais pas vraiment.
Nous écoutons le prof d'anglais parler quand Gabriel me demande soudainement:
- Pourquoi moi?
- Hein?
- Pourquoi tu le dis à moi et pas aux autres?
- Je... ne sais pas.
Il faudrait peut être que je me pose la question. Il reporte son attention au cours et je profite pour l'observer. Il est très beau et sombre. Il se retourne vers moi et me sourit. Je baisse les yeux et rougis. Qu'est-ce qu'il me prenait? Je ferais mieux d'écouter le prof ou sinon j'aurai une mauvaise note à la prochaine éval'. La cloche sonne et nous sortons de la classe. Demain c'est le week-end; j'aurai donc bien le temps de lire le journal qu'écrivait mon père. Je vais vite déposer des livres dans mon casier. Gabriel va parler à Jacob qui a son casier pas très loin de moi. Ce dernier sourit comme à son habitude et c'est la que je remarque la différence la plus frappante entre les deux. Jacob est clair, ouvert d'esprit et Gabriel est sombre et renfermé. La lumière amie avec l'obscurité, qui l'aurait cru? Puis Gabriel lui dit au revoir et s'en va. Jacob, après avoir refermé son casier, se dirige vers moi.
- Viens je t'accompagne chez toi,me dit-il simplement. On rentre silencieusement ensemble. On arrive finalement devant chez moi. Je me tourne vers lui.
- C'est là...
- Que me caches-tu?demande-t-il pensif.
- Je...
- C'est bon, me dit-il tout en levant les mains en signe d'abandon. Tu ne dois pas me le dire. Allez salut!
Et il s'en va très rapidement sans même attendre ma réponse. J'entre chez moi et remarqué directement le petit mot qui m'est adressé.
"Coucou ma puce, j'espère que tu as passé une bonne journéeAujourd'hui je ne serai que la dans les environs de 20h10 et Brandon rentrera tard comme d'habitude. Tu es donc seule. Bisou♡
Maman"
Seule.., voilà qui est parfait pour un peu de lecture. Je monte et sors le journal de mon père de sa cachette. J'ai déjà lu de nombreuses pages où il parlait de ma mère. Ça me faisait plaisir de voir qu'il l'aimait à ce point. Il y avait aussi d'autres pages que j'avais déjà lu où il parlait de ses colères noires et de tout le mal que lui faisait sa bague. Au début j'avais trouvé bizarre qu'il ait une bague et que moi maintenant j'ai un collier mais au final ce n'est pas aussi bizarre que ça. Après tout c'est le créateur qui fait les règles et décide. C'était trop simple! Je continuais ma lecture quand j'entends sonner. Je descends en bas et ouvre.
- Salut, me dit Gabriel visiblement gêné et mal à l'aise.
- Salut..?
- Je voulais venir voir le journal...
- Oui biensûr entre. Tu veux quelque chose à boire ou à manger?
- Ça ira merci.
- Bon alors attends moi sur la canapé, je vais le chercher.
Je l'aurai invité dans ma chambre s'il n'y avait pas  trop de risques qu'il voie quelque chose qu'il n'était pas censé voir. Mais le fait est que je n'ai pas pu ranger à la va-vite ma chambre avant qu'il ne vienne. Je redescends avec le journal à la main et  m'installe à côté de lui.
- Alors..? Qu'as-tu découvert?
- Pour l'instant rien. Il parle de ses crises et de ma mère...
Nous continuons à lire les deux en silence. Enfin on parcourt plutôt les pages à la recherche de quelque chose qui pourrait nous aider. On continue comme ça pendant au moins une demi heure avant que je ne remarque quelque chose d'intéressant.
- Regarde, je m'exclame. Ici c'est écrit; "Je crois savoir comment faire pour enlever cette bague sans mourir et arrêter cette malédiction. Il faut tuer le créateur, le démon.".
On se regarde les deux. Même si c'est pratiquement impossible, on gagne de l'espoir.
- "D'après plusieurs sources il se trouve actuellement en Pologne. Je ne sais pas exactement le nom de la ville mais je vais chercher.", continue de lire Gabriel.
- Mon père vivait en Pologne. C'est ce que ma mère m'a dit...
- Donc pendant tout ce temps il le cherchait,en déduit Gabriel.
Je referme le journal de mon père.
- Bon on a trouvé ce qu'on cherchait, ça ne sert à rien de continuer de lire, je dis en fermant le journal.
Au fond de moi je savais très bien qu'on pourrait trouver d'autres informations mais je refusais que Gabriel lise tout mais vraiment tout ce qu'il se passait dans la vie de mon père. C'est privé.
- On pourrait maintenant le dire aux autres, me propose-t-il.
- Non, vaut mieux pas.
- Mais pourquoi?
- Imagine que ces informations sont fausses... Je ne voudrais pas les décevoir...
- Parce-que tu crois qu'on n'a jamais été déçu. On a essayé pleins de trucs pour les enlever et jusque maintenant ça a échoué. Mais on réessaie. On ferait tout pour y arriver. Et crois-moi on ne pourra pas chercher ou essayer de comprendre des choses sans eux.
- Bon ça marche.
- Je le dis à Jacob et toi à Augustin ok?
- OK. Salut!
- À toute!
Et il s'en va. A toute? Mais on ne se verra que le lundi. Bon tant pis. Je continue la lecture du journal de mon père. Quand il est rentré de Pologne rien que pour elle, il a fait souffrir ma mère de nombreuses fois en lui disant d'horribles choses. Bien évidemment ce n'était pas sa faute, mais celle de sa bague. Mais ma mère ne le savait pas. Mais malgré tout cela elle l'aimait et elle ne le laissait jamais tomber. Puis elle lui a annoncé ma venue. Je lis les tourments de mon père qui ne se croit pas assez prêt et qui a peur de me faire du mal inconsciemment mais il m'aimait. Il a dit que s'il n'avait pas cette bague il ça aurait été là meilleure nouvelle de sa vie. Mais malheureusement il avait sa bague. Il avait peur de me frapper à son insu. Alors il a quitté ma mère sous prétexte qu'il ne voulait pas d'enfant et qu'il savait très bien qu'elle n'avorterait jamais. J'arrête de lire un instant. Mon père voulait de moi mais avait peur de lui-même... Et c'est là que je le pleure. Je pleure sans m'arrêter. J'aurais voulu le connaître, le voir, l'aimer mais tout ce temps je nourrissait envers lui que de la haine sans même comprendre ses raisons. Puis j'entends sonner. Encore!? Je sèche mes larmes et vais ouvrir.
- Bonjour,dit Augustin tout en se faufilant à l'intérieur.
- Salut.
Gabriel et Jacob entrent en inclinant la tête en guise de salut.
- Alors comme ça on nous cache des choses?demande Augustin en s'affallant sur le canapé.
Je regarde Gabriel qui roule des yeux.
- Je leur ai déjà dit, m'apprend Gabriel.
- Je ne vous cache rien.
Augustin racle sa gorge et tout en arquant sourcil demande:
- Vraiment?
- Bon... pas dans le sens où vous le croyez. J'avais l'intention de vous le dire mais j'avais peur d'avoir tort et de vous décevoir...
- Et lui? Tu n'as pas peur de le décevoir?
C'était la première fois que Jacob prenait la parole depuis son entrée.
- Je...
Je ne sais que répondre. Je ne sais même pas pourquoi je lui ai dit à lui.
- J'avais besoin de me confier à quelqu'un.
- Tu aurais pu nous le dire à tous, râle Jacob.
- Il se trouve que quand j'avais besoin de parler j'étais à côté de Gabriel.
- Bref, nous coupe Augustin. On s'en fiche de ça! Tu nous l'as pas dit tant pis, maintenant pourrais-tu nous parler de tes découvertes?
- Mon père a trouvé une solution pour qu'on puisse se débarrasser de nos bijoux.
- Attends ton père?demande Jacob incrédule.
- Tu ne leur as pas raconté tout pas vrai?
- Je leur ai dit que t'avais une solution qui pourrais marcher mais après je voulais te laisser gérer, savoir ce que tu veux dire ou pas.
- Bref on s'en fiche, nous refait remarquer Augustin. C'est quoi la solution?
Il est vraiment désespéré. Ça me rappelle notre conversation ce matin même. Augustin me jette un regard de killer,certainement pour mes pensées.
- Il pense que si on tue le créateur des bijoux, on y parviendrait, à enlever nos bijoux sans conséquences.
Un silence s'installe.
- Bon et où est-il? Est-ce qu'il y a quelque chose écrit sur le lieu où il pourrait être?
- Il pensait le trouver en Pologne, répond Gabriel à la question d'Augustin.
- Vachement précis, rétorque ce dernier. Est-ce-qu'il y est écrit comment le tuer?
Je secoue la tête.
- Bien nous voilà bien avancé,dit-il ironique.
- Ne dis pas ça!dit Jacob. Nous savons que faire et aussi à peu près où le chercher. C'est déjà ça! Avant nous n'avions rien.
- Il a rai...
Gabriel se fige avant même avoir terminé sa phrase.
- Gabriel?l'appelle Jacob.
- Trahison et mort... TRAHISON ET MORT, hurle-t-il. TRAHISON ET MORT.
Gabriel continuait de crier tandis qu'Augustin se lève et va le gifler. Je suis choquée par la violence de sa gifle mais apparemment ça marche et Gabriel arrête de crier. Il est juste figé. Je m'approche de lui. Ses yeux sont tous noirs. Je recule d'effroi. Plus de blancs et noirs justes tous noirs. Puis ses yeux redeviennent normaux et il lève la tête vers Jacob.
- Il a raison.
Visiblement il n'a même pas remarqué son petit épisode anormal parce-qu'il a terminé sa phrase comme s'il ne s'était jamais arrêté.
- Qu'est-ce qu'il y a?demande-t-il en remarquant la stupeur de tout le monde.
- Gabriel,dit doucement Jacob, tu ne te souviens de rien?
- J'ai fait quoi?
Il commence à nous regarder tour à tour comme pour voir si on était blessés et regarde les meubles.
- Les gens vous me faites peur là! Vous ne m'avez pas l'air blessés et tout semble en ordre.
On garde le silence un instant. Gabriel soupire.
- Bon qu'ai-je fait...
- Je crois que tu as développer un nouveau, euh... don.
Il me regarde droit dans les yeux, une ride soucieuse entre ses sourcils.

Les Quatre [EN PAUSE ET RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant