Ch35

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Anna m'a raccompagnée chez moi, bien que je lui avais dit que ce n'était pas nécessaire. Durant tout le trajet, elle n'a pas demandé ce que je faisais dehors comme ça et à cette heure. Elle n'a même rien dit. Au fond je lui en suis reconnaissante de ça aussi, car je ne voulais vraiment pas parler et je crois qu'elle l'a compris. Elle est maintenant partie, probablement chez elle. J'attends un peu avant de sonner finalement. J'attends un bon bout de temps avant que la porte s'ouvre sur ma mère. Je ravale les larmes qui menacent de sortir et articulé avec peine:
- Salut.
- Claire, s'exclame-t-elle doucement me prenant délicatement dans ses bras. Ça va?
- Oui.
- Entre seulement!
Elle m'installe dans la cuisine et me prépare un chocolat chaud en même temps qu'elle se prépare un café. Nous restons silencieuses pour le moment. Puis finalement, tout en me glissant la tasse dans la main elle s'assied à côté de moi.
- Qu'est-ce qui se passe?me demande-t-elle, sans hausser la voix.
- Je peux pas te le dire.
Silence.
- Désolée. Brandon est là?
- Non, il est parti à Manchester pour le boulot.
Je hoche la tête.
- Je suppose que je suis exclue pour un petit moment au collège, je dis.
Ma voix est toute petite et chevrotante.
- Non. Tu ne l'es pas. J'ai écrit au doyen et au directeur. Je leur ai dit que tu étais assez malade et que tu ne pourrais pas venir en cours pendant un bon bout de temps.
Des larmes m'échappent et quelque chose me chauffe le coeur. Ma mère sera toujours là pour moi. Je souris à travers mes larmes.
- Pourquoi?
- Parce-que j'estime que si tu ne vas pas à l'école et ne rentre pas à la maison c'est pour une bonne raison.
Elle pose sa main sur la mienne.
- Je te fais confiance. Je sais que tu ne partirais pas de la maison et n'irais pas à l'école, si ce n'était pas grave. Je sais aussi que tu sais te débrouiller. Je me bien sûr inquiétée et tout ce qui va avec, mais voilà.
- Merci, je murmure. Merci de me faire confiance. Merci d'être là.
- Il n'y a pas de quoi.
Je me lève et vais faire un câlin à ma mère.
- Je suppose que tu n'as pas dormi de la nuit.
- Un peu si.
- Va te coucher.
- Je... Je pensais reprendre l'école aujourd'hui.
- C'est une bonne idée. Mais pas pour aujourd'hui. L'école attendra demain. Tu vas te coucher et tout de suite.
- D'accord.
Je monte me mettre en pyjama. Peu de temps après, ma mère me rejoint en haut.
- Claire, j'aimerais que tu me dises ce qu'il se passe. Tu peux me faire confiance.
- Je sais que je peux te faire confiance. Mais crois-moi, il vaut mieux être ignorante à ce sujet.
- Bon... juste une question.
Je hoche la tête. Elle semble hésiter, se mordille la lèvre, avant de demander de but en blanc:
- Tu n'es pas enceinte ou quoique ce soit de ce genre, n'est-ce pas??
- Non, ne t'inquiète pas maman.
Elle pousse un soupire de soulagement.
- Ce n'est pas mon genre: de mentir au directeur d'école, te laisser partir et quand tu reviens ne rien te demander en détails, mais là... Je ne sais pas. Mon instinct m'a dit que je faisais probablement la bonne chose. Pour toi, tout comme pour moi.
- Alors suis ton instinct, je souffle, avant de m'endormir à point fermé.
~
Je me réveille. Le soleil brille encore très fort. Je me lève et descends en bas. J'y vois ma mère installée dans le salon, plongée dans ses papiers.
- Je prépare le petit-déjeuner ou tu le fais?je demande en marmonant.
- Aucune de nous deux.
Je la regarde perturbée.
- Il est 13h30.
Je me passe la main sur le visage.
- Désolée, je suis complètement déboussolée.
- Ce n'est pas grave. Il y a un reste du repas que j'ai préparé ce midi, si tu veux en manger.
Elle se repêché sur ses documents. Puis se redresse après petite réflexion et me déclare:
- Quoique ça m'étonnerait que juste après ton réveil tu veuilles manger du poulet au curry. Il doit rester un peu de tes céréales habituels.
- D'accord. J'y vais merci.
- Ah oui! Claire hier quand tu t'es changée, tu étais tellement fatiguée que tu as laissé tes vêtements par terre.
- Ah désolée.
- Non ce n'était pas pour te réprimander. C'est juste que je ne crois pas que ça fasse parti de ta garde robe.
- Ah oui! C'est à Anna.
- Et qui est Anna?
- Euh... Je ne sais pas.
Ma mère fronce les sourcils perplexe.
- Tu ne sais pas?
- Je les lui rendrai d'une façon ou d'une autre. Où sont-ils? Je dois les mettre à laver.
- Je l'ai déjà fait. Lavés et repassés.
- Merci, il ne fallait pas, je lui dis, tout en lui faisant un bisou sur la joue.
- Bon, va manger.
Tandis que je me dirige dans la cuisine, ma mère m'informe:
- Ta grand mère s'est beaucoup inquiétée.
Tout en sortant des céréales d'un placard, je lui demande:
- Tu lui as dit quoi? Que j'étais malade?
- Euh... oui. Je l'ai interdit de venir à la maison, car ta maladie, entre guillemets, était très contagieuse. Mais je lui ai rendu visite moi.
- Elle ouvre toujours que rarement les fenêtres?
- Non, elle a finalement oublié Gérard et le reste. Je peux te dire que ça donne plus envie de venir chez elle maintenant, dit-elle en pouffant légèrement.
- Je peux te le croire.
Le silence règne à nouveau, tandis que je me mets à manger.
- Il faudrait que tu ailles la voir. Elle s'est vraiment beaucoup inquiétée.
- J'irai. Je peux même y aller après mon repas, si ça ne te dérange pas.
- Oh! Tant que tu reviens, tu sais...
~
Après avoir bien mangé et marché, je suis finalement arrivée chez ma grand mère. Je sonne à la porte. Pour une fois, je n'ai pas besoin d'attendre longtemps avant qu'elle ne m'ouvre.
- Claire!s'exclame-t-elle tout en me prenant dans ses bras. Comment ça va?
- Bien et toi?
- Ça va, ça va... entre!
Elle m'installe sur son confortable canapé blanc et s'en va dans la cuisine.
- Que veux-tu boire? Un thé, un café, un jus..?
- Rien c'est gentil.
- N'importe quoi! Je te sers un jus de pomme alors.
Elle revint quelques instants après, armée de deux verres de jus de pomme dans les mains qu'elle pose doucement sur la table basse.
- Alors comment vas-tu?
- Je vais bien.
- Ne me mens pas.
Silence.
- Que s'est-il passé?
- Maman ne te l'a pas dit? J'étais...
- Sottises!me coupe-t-elle. Je veux savoir ce qu'il s'est vraiment passé.
J'en reste sans voix.
- Mais...
- Bon... Vous avez retrouvé Gabriel?
Mon coeur loupe un battement.
- Comment... comment ça Gab-Gabriel?je bafouille.
- Oui ou non?
- Euh oui.
- Ça fait longtemps que tu n'as pas eu de visions hein?
- Mais...
- Réponds!
- Oui, ça fait longtemps.
- Bien. Peut être se lasse-t-il finalement.
- Mais comment sais-tu tout ça?
- J'ai beaucoup parlé avec ton père, Brandon.
- Mais..? Pourquoi ne m'as-tu rien dit? Et maman sait-elle des choses? Et..
Elle lève la main, pour me couper dans mon débit de paroles.
- Non, ta mère n'en sait rien. Et la raison pour laquelle je ne t'ai rien dit est la même raison pour laquelle tu ne dis rien à ta mère. C'était pour ta protection.
- Mais.... Quand j'ai eu mon bijou! Tu aurais pu m'en parler!
- Il fallait d'abord que je sois sûre de ce qu'il t'est arrivé. Je n'allais pas t'en parler au risque que tu ne le savais pas. Il fallait être sûre, j'en suis navrée.
Je garde le silence, toujours choquée.
- Connaissais-tu quelqu'un d'autre que papa, qui était dans la même situation?
- Oui. Ma meilleure amie d'enfance.
- Oh, mamie, je suis tellement désolée.
- Pourquoi désolée?
- Ça a dû être terrible, eh bien, d'endurer sa mort...
- Oh! Elle n'est pas morte.
- Ah bon?? Mais comment a-t-elle fait!? C'est une excellente nouvelle!
- Pas tant que ça. Elle est tombée en dépression et ensuite elle est se venue folle, complètement détraquée et brisée.
- Mais comment a-t-elle fait pour enlever son bijou? Si elle a pu l'enlever sans mourir c'est qu'il y a de l'espoir pour nous!
Les yeux marrons de ma grand mère se voile de tristesse.
- Elle n'a pas pu l'enlever. Il le lui a enlevé.
- Qui ça? Will?
- Mais qui est Will?
- Oh! Excuse-moi. C'est ainsi que nous appelons le créateur de bijou, le démon, enfin tu vois quoi!
- Bon d'accord. Oui c'est Will qui le lui a enlevé.
- Mais pourquoi? C'est ridicule!
- Il arrive un moment quand le corps ne peut plus encaisser des choses et à ce moment là, tu deviens rien. Tu n'es plus que masse vivante. Ton corps ne répond plus à tes appels, tu es quasi inconscient.
- Tu es comme mort, je complète en un souffle.
- Exact. Et c'est ce que ton Will veut atteindre. Il te veut au final, mort ou comme mort.
- Y a-t-il des cas où il n'a pas poussé des victimes tellement à bout?
- Oui. Mais c'est seulement car il n'avait plus de technique assez cruelles pour les rendre ainsi.
- Je ne suis pas sûre d'avoir compris.
- Il s'arrête seulement lorsque ses victimes sont détruites ou s'il n'a plus de moyen assez cruel pour les briser.
- Mais on peut toujours trouver quelque chose!
- Oui, mais il n'aimerait pas se rabaisser à quelque méthode moins cruelle.
- Je ne suis toujours pas sûre d'avoir compris, mais ce n'est pas grave, au moins nous avons qu'il y a un moyen pour y survivre.
- Chérie, je ne voulais pas te donner de faux espoirs. Cette situation est très rare, de plus elle requiert un mental de fer.
- Grand mère?
- Oui?
- J'aurai encore une question?
- Je t'en prie.
- Pourquoi ne fait-il pas plus de quatre bijoux? Je veux dire, il est méchant. Rien ne l'empêcherait d'en faire des milliards et de dominer le monde!
- Contrairement à ce qu'il veut faire penser, son pouvoir est limité. Il faut quand même qu'il y ait un équilibre dans la nature. La balance ne doit jamais pencher plus d'un côté que de l'autre.
- Qui contrôle cette balance?
- Ça, je ne le sais point. Peut être pour les croyants c'est Dieu.
- Et pour toi?
- À mon avis, elle se maintient seule. Il y a beaucoup de gens méchants sur terre qui font des choses horribles, mon enfant. Mais il ne faut jamais oublier les gens de la partie gentille qui sont, certes plus discrets, mais autant nombreux, jamais. Le monde peut paraître sombre à plusieurs égards, mais il y a toujours de la bonté, de l'espoir, de la lumière dans ces ténèbres. Il en faut peu pour être bon, tout comme il en faut peu pour être mauvais.
- Quand on y pense, la barrière entre le bon et le mauvais est quasi inexistante.
- C'est clair qu'elle est très floue. Personne ne peut vraiment la définir. De nos jours, de nombreuses personnes confondent le bien et le mal.
- J'ai l'impression que tout était mieux avant.
- Ce n'est qu'une impression. Le monde a toujours autant de problème qu'auparavant.
Le silence règne tandis que nous buvons chacune de notre gobelet respectif le jus de pomme.
- Raconte-moi tout, m'ordonne ma grand mère au bout d'un moment. Sans ne rien oublié.
Alors je lui raconte tout, depuis le commencement.
~
- Tu en as pris du temps.
- Il est seulement 17h. Je suis restée chez elle seulement environ trois heures.
- Je sais. Mais d'habitude, grand mère nous chasse après une heure et demie.
- Visiblement pas aujourd'hui, je me contente de répondre. Maman?
- Oui?
- Je peux rendre les vêtements d'Anna à Anna.
- Je suppose que oui.
- Peut être que je prendrai du temps pour me promener aussi, donc ne t'inquiète pas.
- Ça ne risque pas.
Je lui souris.
~
Je sonne à sa porte espérant qu'elle est là. Heureusement pour moi, c'est elle qui m'ouvre.
- Salut Claire!
- Bonjour Anna. Je suis venue te rendre tes vêtements, lui dis-je tout en lui tendant le sac les contenant. Ils sont propres.
- Oh merci! Il ne fallait pas.
Un silence s'installe.
- Tu veux entrer?me propose-t-elle.
- Non merci, je ne veux certainement pas déranger.
- Mais qu'est-ce que tu dis! Déranger, non mais n'importe quoi!s'exclame-t-elle, me tirant à l'intérieur par le bras.
- Y a-t-il quelqu'un?
- Non. Il n'y a jamais quelqu'un dans cette maison à part moi. Mon père est quasi tout le temps en voyage et ma mère commence très tôt au travail et finit très tard. Ou du moins c'est ce qu'elle veut faire croire.
Elle semble attristée.
- Désolée, je ne veux pas t'ennuyer avec mes problèmes. Suis-moi.
- J'enlève mes chaussures?
- Pas la peine.
Elle me conduit jusqu'au salon et m'installe sur un fauteuil en face du sien.
- Alors comment te sens-tu aujourd'hui?
- Étonnement, bien.
"Merci mamie, je pense fort intérieurement."
- Tant mieux.
- Et toi?
- Moi tout va bien comme d'habitude. Dis... l'autre jour, enfin, ce matin, je ne voulais pas trop de poser de questions ni t'embêter, car tu semblais très perturbée. Mais maintenant que ça va mieux, je peux t'en poser?
- Bien sûr. Mais je ne garantis pas que je vais y répondre.
- D'accord. Qu'est-ce qui t'a rendu triste?
- Les actions d'un... ami qui m'était très précieux et ma relation froide avec mon cercle d'amis proches. Je peux te poser une question à toi aussi?
- Disons que chacune notre tour, nous pouvons nous poser des questions d'accord?
Je hoche la tête
- Tu faisais quoi dehors à cette heure?je demande.
- Du jogging. L'athlétisme, c'est ma passion et je vais courir chaque jour. T'avais fugué de chez toi?
- Pas vraiment, non. Disons que je devais me rendre quelque part pour un certain temps. Es-tu nouvelle ici, dans le quartier?
- Ça se voit autant?
- Une question une réponse, tu t'en rappelles?je demande lui faisant un clin d'oeil.
Elle rit.
- Oui. Je vais au collège St-François.
- Oh mais c'est mon collège aussi! Depuis quand y vas-tu?
- C'est pas toi qui viens de me rappeler les règles de ces questions réponses. C'est à moi maintenant, dit-elle malicieuse. Qui est le garçon qui t'a fait du mal? Je pourrais lui botter les fesses!
- Tu ne le connais pas.
- C'est pas une réponse.
- Tu t'es rappelles du moment où je t'ai dit que je ne répondrai pas à tout?
Elle soupire.
- C'est une histoire entre ex c'est ça?
- Non.
En fait, tout bien réfléchi...
- Si. Enfin c'est pas ça le problème, mais oui c'est en quelque sorte mon ex.
- En quelque sorte?
Je garde le silence.
- Oui. Enfin, on l'était normalement. Mais après ses actions n'étaient pas forcément...
- Celles d'un gars en couple?
- Si on veut. Il ne m'a pas trompé ou quoique ce soit dans ce genre, mais... oublie, je ne veux pas en parler.
- T'inquiète pas, je ne veux surtout pas te forcer. Moi aussi j'ai eu des problèmes de couple récemment.
- Ah bon? Que s'est-il passé?
- Oh! Je sortais avec un mec canon, Chris, mais il m'a trompé. Moi qui croyais que... Je suis beaucoup trop naïve. Je ne suis pas au courant des choses, je suis toujours là dernière informée ou celle qui n'est pas informée.
- Crois-moi, il y a des moments où il ne vaut mieux rien savoir.
Elle hausse les épaules.
- Je sens que quelque chose te tracasse particulièrement. Si tu ne veux pas en parler je respecte, mais ça te travaille vraiment on dirait, lui dis-je, posant ma main sur son épaule en signe de réconfort.
- Ça faisait un an et demi qu'on était ensemble et il m'a...
Elle inspire un bon coup.
- Ne te force pas à en parler! Vraiment ce n'est pas grave...
- Non, j'ai besoin de le dire.
- Il m'a toujours mis la pression par rapport... au sexe.
- Oh... Et tu...
- Ouais. Je t'ai dit je suis trop bête. Après 5 mois on l'avait fait. Et je viens d'apprendre récemment, qu'il me trompait depuis le tout début. Il couchait avec une autre fille, Nadia.
- Merde.
- Ouais merde, c'est ça.
Nous restons silencieuses. Au bout d'un moment je m'égare dans mes pensées. Qu'est-ce qu'il me prenait de parler de mes soucis avec Anna, comme ça? Je la connais à peine. Et elle aussi d'ailleurs... Curieux.
- Je dois retourner chez moi, désolée.
- Bien sûr, je t'en prie je te raccompagne.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 21, 2018 ⏰

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