Ch24

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A chaque fois que je terminais un cours et que je changeais de salle, je ne pouvais m'empêcher de regarder derrière moi. Eloïse raconte n'importe quoi! Personne ne me suit. Et encore heureux! La cloche indiquant la fin des cours vient de sonner. Maintenant, il faut que je parle à Gabriel. J'ai promis à Jessica de lui donner un coup de main et je tiens la plupart du temps mes promesses. Ça y est, je le vois. Je le rejoins.
-Je peux te parler une minute?
- Biensûr. Je t'écoute,dit-il tout en s'arrêtant au milieu d'un flot d'élèves.
- En privé.
Je le tire par le bras vers la sortie et l'emmène à mon pommier préféré.
- Je suis de toute ouille..?
- Tu la trouves comment Jessica?je lâche de tout go.
Il hausse les épaules.
- Pourquoi?
- Oh.., je ne sais pas, comme ça!
- Elle ne me plaît pas du tout. Je me méfie d'elle...
- Pourquoi?je demande, choquée par cette révélation.
- J'ai l'impression de l'avoir déjà vue...
- Et alors? Ça ne fait pas d'elle quelqu'un de mauvais!je dis.
Je prends clairement sa défense. Elle est si gentille. Je trouve presque méchant que Gabriel se méfie d'elle. Mais bon...comme il veut.
- Non, je sais.
- Elle t'avait fait du mal?
- Non.
- Alors quoi? Je ne te comprends vraiment pas! Elle est super!
- Super bizarre oui!
- Pourquoi dis-tu ça?
- On ne la voiture jamais, à part à l'école. Pour toi ce n'est pas un peu bizarre?
- Oui mais c'est pas grave.
- Je sais.
- Pourquoi tu te méfies d'elle alors?
- Je ne sais pas. Je me sens mal à l'aise avec elle. Comme si dans le fond elle était négative.
Je roule des yeux. Mince! Je viens seulement d'y penser! Que vais-je dire à Jess maintenant? Je ne vais quand même pas lui dire: "Il ne t'aime pas et te trouve bizarre. Il est très méfiant."
- Tu ne peux pas l'aimer?je marmonne.
- Hein?
- Laisse tomber. Et si elle sortait plus? Qu'en dirais-tu?
Il hausse les épaules.
- Perso, c'est pas méchant mais je ne préfère pas faire des sorties avec elle. Même si on est vingt.
C'est peut être mieux comme ça pour toi,murmure une petite voix dans ma tête. Au fond tu sais tu l'aimes bien, peut être même plus qu'un ami...
- Dis-donc je t'ai adressé la parole toi!?
- Euh...oui, me répond Gabriel, confus.
- Pas toi!je le rembare.
- Alors qui?
Je pointe de l'index mon front. Il écarquille yeux.
- Mon Dieu, souffle-t-il horrifié. Cette voix était-elle négative, comme extraite du mal?
- Hein? Non. Pourquoi?
- Qu'a-t-elle dit?
- Oh ça,je dis en rougissant. Rien qui puisse t'être utile. Pourquoi?
- Par moment, le bijou, enfin plus précisément le créateur, peut nous parler. Sa voix est souvent désagréable et... ça peut paraître bizarre à entendre mais : négative.
- T'a-t-il déjà parlé?
- Non. Mais à Augustin oui.
- Et qu'avait il dit?
- Je ne m'en rappelle plus,me répond-il tout en se rembrunissant.
Quelque chose me dit qu'il s'en rappelle très bien. Je demanderai à Augustin.
- Bon salut!
-Bye!
Je rentre chez moi. Je prends mes écouteurs, sort mon téléphone et met de la musique. J'avance tranquillement quand on m'attrape par le bras. Je me tends. Mais dès que je me retourne je soupire de soulagement.
- Alors??
- Oh Jessica! Tu m'as fait peur!je lance pour gagner du temps.
- Alors???
- Alors quoi?dis-je en feignant l'innocence.
- Qu'a dit Gabriel? Pas la peine de nier je vous ai vus parler ensemble et je crois même avoir entendu mon prénom.
- Eh bien...
Je décide de lui dire une semi-vérité.
- Il a dit qu'il ne te connaissait pas assez pour se faire un point de vue.
- Je m'en doutais,dit-elle, la déception visible dans ces yeux.
- T'inquiète, je suis sûre qu'il va t'adorer une fois qu'il te connaîtra, comme tout le monde.
- Merci c'est gentil.... A demain!
- Ouais!
Elle s'éloigne. Je ne bouge pas. Je repense au propos de Gabriel. Cache-t-elle vraiment quelque chose. Je décide de la suivre. Je la vois entrer dans la cambrousse. Mes pauvres chaussures deviennent complètement sale et je n'arrête pas de me griffer aux branchages. Puis elle s'arrête d'avant une maison abandonnée. Je ne savais même pas qu'il y avait une maison là. Je l'entends prononcer des mots dans une langue qui m'est étrangère. Puis elle pénètre la maison. Je reste cachée derrière mon buisson. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai peur. Très peur.
- Viens Nathan! Sors! Il n'y a personne.
Elle sort accompagné d'un garçon un peu plus âgé qu'elle. Sa peau foncé et ces cheveux frisés montre clairement qu'il vient d'Afrique.
- J'ai toujours peur d'être découvert! Tu es sûre qu'il n'y a personne?
- À 100%! De toute façon, il n'y a pas de policiers dans les parages donc aucun risque qu'on te demande tes papiers, dit-elle en riant.
- Je suis très sérieux.
Oh! C'est donc ça qu'elle cache et ça que Gabriel. Enfin ça..., plutôt cette personne. Elle cache un clandestin. Je m'en vais à reculons, discrètement. Malheureusement la nature n'est pas de mon côté et une brindille se brise à mes pieds.
- Tu as entendu?
- Va te cacher! Vite!
Le jeune homme se cache dans la maison et Jessica avance dans la nature.
- Qui est là?crie-t-elle.
J'ai deux options;
1. Me montrer, m'excuser et lui jurer de ne rien dire
2. Partir en courant et me cacher plus loin.
Je prends la deuxième option et commence à courir. Je ne suis pas une bonne coureuse mais je dois dire que je me suis améliorée. Je me cache derrière un autre arbre et reprends mon souffle.
- Qui êtes-vous et que faites-vous là!?me demande une voix menaçante.
Je me retourne. Je l'observe choquée. Elle aussi m'observe étonnée.
- Jessica... Mais que...comment... tu cours vite!
- Je... Mais qu'est-ce que tu fais là?
- Je t'ai suivie,je lui avoue.
- Tu m'as... Mais pourquoi?
Je prends une grande inspiration.
- Ne m'en veux pas!
Elle renifle l'air.
- Tu es méfiante. Tu me crois malhonnête.
- Non. Enfin.., je ne suis pas méfiante. Si je te dis quelque chose promets-tu de ne pas le répéter?
- D'accord.
- Il ne le pensait pas méchamment. Je voulais être sympa en mentant.
- Quoi?
- C'est Gabriel. Il m'a dit qu'il ressentait quelque chose de négatif en toi. De très négatif.
Je baisse le regard.
- Tu m'avais menti? Mais ton coeur ne mentait pas.
- Tu sais quand je mens!??
- J'ai une ouille supersonique.
Ok d'accord. Ça faisait beaucoup d'un coup.
- Si tu mens ton coeur bat plus vite. Tiens maintenant que j'y pense, ton coeur a un peu accéléré.
- Qu'es-tu?
- Toi qu'es-tu?
- Je ne... suis rien.
- Menteuse!
Bon... lui dire la vérité ou pas? De toute façon si je mens elle le saura.
- Je t'ai demandé d'abord.
- C'est vrai, concède-t-elle. Je ne suis rien.
- Mais...
- J'ai juste des dons. Je ne sais pas d'où il me vienne.
- Ah, je dis déçue.
- Toi?
- À peu près la même chose que toi. Sauf qu'il vienne de ce bijou que je ne peux enlever.
Ses yeux s'agrandissent.
- Tu es l'une des quatre?
- Je... oui c'est ça.
- Il faut que j'y aille maintenant. S'il te plaît ne révélé à personne que j'ai des dons.
- Attends! Sais-tu quelque chose?
Ses yeux sont teintés de tristesse.
- Rien.
Et sur ce, elle disparaît. Toute déboussolée, je rentre chez moi.
- Ta journée?me demande Brandon.
- Super! Toi le travail?
- Mmmhhh...super...
Je prends une plaque de chocolat au lait et monte dans ma chambre. Je finis, comme d'habitude, mes devoirs et puis surfe sur le net. J'essaie de rechercher des infos sur les gens qui possèdent des dons mais biensûr, je tombe sur n'importe quoi. J'aurais dû m'y attendre... Qu'est-ce que c'est exaspérant internet!
- Salut!dit ma mère en passant la tête par la porte de ma chambre. Ça va?
- Bien.
- Tu as envie de sortir ce soir!? Ou inviter une amie?me demande-t-elle toute enthousiaste, en se dandinant sur place.
- Mum, il se passe quoi?
- Je... Brandon et moi sortons dîner. Je... eh bien ça me fend le coeur que tu sois ici seule.
Je roule des yeux.
- Ça ira maman. Je n'ai plus quatre ans,je sais très bien prendre soin de moi.
- Bon moi, je dois y aller. Ne te gêne pas d'inviter quelqu'un et de vous commander quelque chose.
- Passe une bonne soirée!
Elle me fait un clin d'oeil et s'en va. Je prends mon téléphone et comme par hasard, il sonne.
- Salut Eloïse!
- Hello! Tu veux sortir ce soir?
- Où?
- Juste se promener, acheter à manger,rire et s'amuser quoi!
- Qui sera là?
- Que toi et moi. Si jamais tu me prends pour une grosse méchante sorcière, j'ai demandé à Jessica si elle voulait venir. Elle a refusé.
Je fronce les sourcils.
- Je ne te prends pas pour une méchante sorcière ou je ne sais quoi.
- Je plaisantais.
Menteuse!
- Ah.
- Alors?? Tu dis oui?
- D'accord ça marche!
- Retrouve-moi en ville, au rond-point Burnett, à 19h15.
- D'acc! A toute.
- Ouais, à plus!
Je regarde ma montre. Dans quinze minutes je dois y être. Je me dépêche de me préparer et j'y vais. Bien évidemment elle est toujours en retard. Je m'assieds sur un banc pas loin et observe un peu tous les côtés, histoire de savoir si elle vient. Puis je l'aperçois. Elle... Elle fume? Oui, c'est bien ça, elle fume. En me voyant, elle se dépêche de jeter sa cigarette.
- Coucou!
- Salut...
- Ne fais pas cette tête, je fais ce que je veux! Et puis regarde, je l'ai jetée exprès des que je t'ai vue juste parce-que je sais que tu n'aimes pas ça!
Je roule des yeux.
- Et si on oublie?
- Ça me va ,répond-elle en souriant.
On passe notre temps à arpenter les rues, à parler de tout et n'importe quoi et à manger des chips par-ci et par-là. Puis un silence s'installe. Nous continuons de marcher quand Eloïse se retourne d'un coup vers moi et lance, comme si elle y avait bien réfléchi:
- Toi?
- Oui?
- Tu as un kiffe sur quelqu'un?
Je roule des yeux et froncé les sourcils. Pourrait-on appeler ça un kiffe?
- Je ne sais pas, disje honnêtement.
- Comment ça, je ne sais pas?me demande-t-elle tout en fonçant les sourcils à son tour.
- Je ne sais pas c'est tout.
- On ne peut pas pas savoir. C'est soit oui soit non.
Qu'elle est curieuse!
- Alors je suppose que c'est non.
Elle roule des yeux.
- T'es insupportable tu sais?
Je ris.
- Je ne plaisante qu'à moitié, me fait remarquer Eloïse.
- Je crois que j'avais compris.
On marche en silence. Je réfléchis à sa question. Ça peut paraître débile mais, je ne le sais vraiment pas. Certes il y a quelqu'un que j'aime beaucoup, mais je ne sais pas si c'est affectueux, genre ami ou plus... Personnellement, j'espère que c'est ami mais au fond de moi je n'ai pas l'impression que c'est ami. Finalement on rentre chez moi et on regarde un film. Je lui propose de rester dormir et elle accepte avec plaisir. On parle encore un peu et on s'endort.
Je ne sais pas vers quelle heure on s'est couchées mais ça a dû être tard. Je regarde mon réveil: 11h. Je me lève en veillant à ne pas réveiller Eloïse. Je descends dans la cuisine et me prends une pomme. Tiens j'avais complètement oublié! Ma mère. Je monte voir dans sa chambre. Elle n'y est pas. Je lui envoie un message:
"T'es où?".
En même temps que je mange je prépare le petit-déjeuner d'Eloïse. Je lui prends ses céréales préférées, un bol, du lait et aussi un chocolat chaud. Je ne sais pas depuis combien de temps on a ces céréales. On les a achetés juste pour Eloïse vu qu'elle vient souvent dormir chez moi. Ma mère et moi, on n'en mange pas; trop chimique. Je monte avec le plateau dans ma chambre.
- Eloïse, je la réveille. Eloïse!
Je la secoue un peu par l'épaule.
- Mmmhhhh. Laisse-moi dormir, je ne suis pas le genre à me réveiller à 6h30.
- Il est 11h09.
- Ah bon..?
- Eh ouais!
- Bah laisse-moi dormir jusqu'à 11h30, d'accord?
- Pas d'accord.
Je lui retire la couverture.
- Mmmhhh, t'es vraiment chiante, tu sais, me dit-elle tout en se redressant.
- Tiens ton petit dèj'!
- Bon peut être que t'es pas si chiante que ça après tout... Merci.
- Avec plaisir.
Je la regarde manger. Puis elle se lève et descend avec le plateau. Je la suis. Elle met son bol, sa cuillère et la tasse dans la machine à laver et repose le plateau à sa place. Elle est venue tant de fois chez moi, qu'elle se repère très bien maintenant dans la cuisine.
Elle se jette littéralement sur le canapé et je m'installe à côté d'elle. On parle un peu et après une heure elle rentre chez elle.

Les Quatre [EN PAUSE ET RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant